Farniente

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Mai 2014
Ana
Je somnole sur la terrasse, la main sur le ventre.
— Alors, qu’en pensez-vous, Ana ? C’est un garçon ou une fille cette fois ?
Je n’ai pas entendu arriver Gail, sa voix me fait sursauter. Je lève les yeux avec un sourire.
— C’est une fille. Je le savais avant que l’échographie le confirme, Pour Teddy, j’aurais aimé ne
pas savoir, mais Christian y tenait. Il un garçon et une fille. C’est parfait !
— Le choix du roi.
— Pardon ?
— C’est une formule que ma mère utilisait autrefois. Le choix du roi. Pour indiquer un garçon et
une fille comme deux premiers enfants ; ensuite, on s’inquiète moins pour le troisième.
Je me mets à rire.
— C’est une façon de voir les choses.
— J’aurais aimé être en âge de donner un autre enfant à Jason, chuchote Gail, assombrie.
Malheureusement, c’est impossible.
— Gail ! Je vous en prie, ne vous torturez pas avec des regrets. Taylor a déjà sa fille, il est heureux
avec vous, telle que vous êtes.
Gail ne reste jamais longtemps morose, c’est une de ses grandes qualités.
— Vous avez raison, Ana, je ne sais pas ce qui m’a prise de me plaindre. J’ai beaucoup de chance…
Elle change délibérément de sujet :
— Vous savez, Jason veut apprendre à Sophie à se défendre. Je me demande comment Lucy le
prendra. Elle a inscrit sa fille à des cours de ballet, j’imagine qu’elle ne tient pas à la transformer en
garçon manqué.
— Mon père m’avait enseigné quelques trucs d’autodéfense, ils m’ont bien servie. Franchement,
dans le monde actuel, une fille court toujours le risque d’être agressée par une brute.
Je me souviens de Jake Hyde, la fois où il a tenté de m’embrasser de force, dans la cuisine de SIP,
j’ai pu lui balancer un bon coup de genou entre les jambes. Ça l’a mis au carreau pour le compte. Et
c’est grâce à papa, qui m’a appris à tirer, que j’ai pu aider à délivrer Mia après son kidnapping. Bien sûr,
Christian critique toujours cette décision impulsive, mais quand même… Je ne l’ai jamais regrettée.
— Avec le père qu’a Sophie, je plains le malheureux garçon qui s’aviserait d’être insolent envers
elle.
Gail se met à rire.
— Vous avez raison.
En silence – et avec le même sourire ému –, Gail et moi regardons Christian jouer avec son fils. J’ai
toujours trouvé qu’elle était très maternelle envers mon mari. À mon avis, une femme sans enfant
s’attache plus facilement aux êtres fragilisés qu’elle rencontre…
— Mrs Grey, qu’aimeriez-vous ce soir pour le dîner ?
Elle a changé de ton, comme elle fait souvent quand elle reprend son rôle de gouvernante. Je
réfléchis… je n’ai pas envie d’un véritable repas ce soir, pourquoi ne pas continuer dans l’insouciance ?
— Gail, prenez votre soirée. Ce soir, Christian et moi commanderons des pizzas. Je suis certaine
que Teddy les appréciera également. Je vais aller marcher un peu. Où est Sophie ?
— Avec son père. Dehors, je ne sais où…
***
Dans notre prairie, allongée sur le plaid que nous avons ramené d’Angleterre – durant notre voyage
de noces –, je contemple le ciel d’été, si bleu, si pur, à travers les fleurs des champs et les herbes folles
qui me bloquent la vue. C’est la fin d’après-midi et la chaleur du soleil me réchauffe le corps, le ventre…
elle traverse ma peau, jusqu’aux os. Je suis tellement alanguie que je me sens presque liquéfiée. Que
c’est agréable ! Non, bien mieux : c’est divin. Je savoure ce moment de sérénité, de plénitude à l’état
pur. Il est d’une telle perfection que je devrais me sentir coupable d’en ressentir une telle joie, une telle
satisfaction sensuelle, mais non. Actuellement, la vie est belle. J’ai appris à apprécier de tels moments
et à vivre dans le présent – tout comme mon mari. Je souris et mon corps se crispe délicieusement tandis
que me revient en mémoire notre session à l’Escala… la veille.
*
Les lanières du martinet effleurent mon ventre arrondi avec une langueur presque douloureuse.
— Tu en veux encore, Ana ? chuchote Christian à mon oreille.
— Oui ! S’il te plaît.
Debout, les yeux bandés, les mains attachées au-dessus de ma tête je le supplie en tirant sur mes
liens, attachés à la grille du plafond de la salle de jeu.
Le martinet me mord les fesses.
— S’il te plaît, qui ?
Je tressaille.
— S’il te plaît, monsieur.
Il pose une main caressante sur ma peau rougie qu’il frotte doucement.
— Là… là… là.
Ses mots sont doux. Sa main descend plus bas et se faufile, ses doigts glissent en moi. Je gémis. Il
saisit le lobe de mon oreille avec ses dents et le mordille.
— Mrs Grey, tu es merveilleuse.
Ses doigts entament un va-et-vient en moi, électrisant cet endroit secret qui se met à vibrer. Le
martinet abandonné tombe par terre avec fracas. Christian, de son autre main, remonte de mon ventre
à mes seins. Je me raidis. Ils sont si sensibles ces derniers temps.
— Chut, dit Christian.
Il effleure doucement mon mamelon de son pouce.
— Aaah !
Ses doigts sont délicats et habiles, et le plaisir descend, en un lent tourbillon, de la pointe de mon
sein jusqu’en bas… au plus profond de moi. Je renverse la tête en arrière en poussant ma poitrine contre
sa paume. Je gémis encore.
— J’aime t’entendre, chuchote Christian.
Je sens son érection contre ma hanche. Les boutons de sa braguette s’enfoncent dans ma chair
pendant que ses doigts poursuivent leur assaut impitoyable. Dedans dehors. Un rythme régulier.
— Tu veux que je te fasse jouir comme ça ? demande-t-il.
— Non.
Sa main droite arrête de remuer en moi.
— Vraiment, Mrs Grey ? Est-ce à toi d’en décider ?
Les doigts de sa main gauche se resserrent autour de mon mamelon.
— Non… non, monsieur.
— J’aime mieux ça.
— Argh… S’il te plaît, dis-je d’une voix mourante.
— Qu’est-ce que tu veux, Anastasia ?
— Toi. Toujours toi.
Il inspire brusquement. J’ajoute en haletant :
— Je te veux tout entier.
Il retire ses doigts, me fait pivoter vers lui et me retire mon bandeau. Je cligne des yeux. Les siens
sont assombris de désir, d’un gris fumé, incandescent. De l’index. Il me caresse la lèvre inférieure avant
de le fourrer dans ma bouche pour que je puisse goûter la saveur salée de mon excitation.
— Suce, chuchote-t-il.
Je fais tournoyer ma langue autour de ses doigts. Mmm… j’aime mon goût sur ses doigts.
Je sens ses mains m’effleurer les bras, Christian remonte jusqu’aux bracelets au-dessus de ma tête,
qu’il détache pour me libérer. Il me retourne, me place face au mur et tire sur ma tresse pour m’attirer
dans ses bras. Il me force ensuite à pencher la tête de côté. Il caresse de ses lèvres ma gorge, mon
oreille, tout en me tenant plaquée contre lui.
— Je veux ta bouche.
Sa voix douce est envoûtante. Mon corps est prêt à jouir. Mes muscles internes se crispent déjà d’un
plaisir si intense qu’il en est presque douloureux.
Avec un feulement, je me tourne pour lui faire face et attirer sa tête vers la mienne. Je l’embrasse
avec violence. Ma langue envahit sa bouche, le goûte et le savoure. Christian grogne son approbation
et met les mains sur mon cul pour me plaquer à lui, mais mon ventre rond fait obstacle entre nous. Je
mordille sa mâchoire et sème des baisers sur son cou tandis que mes doigts descendent vers son jean.
Il renverse la tête en arrière, exposant plus largement sa gorge. J’y promène ma langue. Quand j’arrive
au torse, je joue avec sa toison.
— Argh.
Je tire sur la ceinture de son jean, les boutons se défont. Il m’agrippe par les épaules quand je tombe
à genoux devant lui.
En levant les yeux pour le regarder à travers mes cils, je vois qu’il me fixe aussi. Ses yeux sont d’une
teinte plus sombre, ses lèvres entrouvertes, il inspire profondément quand je le libère pour le prendre
dans ma bouche. J’adore faire ça à Christian. Le voir s’abandonner, l’entendre retenir son souffle et
gémir, du plus profond de sa gorge ; un son si rauque, si bas… Je ferme les yeux pour aspirer plus fort
en savourant son goût et ses tressaillements haletants.
Il m’attrape la tête pour m’immobiliser. Je gaine mes dents de mes lèvres et l’engloutis plus profond.
— Ouvre les yeux. Regarde-moi, ordonne-t-il à mi-voix.
Ses yeux incandescents rencontrent les miens. Il fléchit les hanches pour mieux plonger dans ma
bouche jusqu’au fond de ma gorge, puis se retire rapidement. Il s’enfonce à nouveau. Je tends la main
pour l’empoigner, mais il se fige et m’en empêche.
— Ne touche pas sinon je te menotte, gronde-t-il. Je ne veux que ta bouche.
Vraiment ? Alors, c’est comme ça ? Je mets les mains derrière le dos et le regarde innocemment, la
bouche pleine.
— C’est bien, ma belle, ricane-t-il, la voix rauque.
Il se retire, en me maintenant doucement, mais fermement la tête en place, puis il pousse à nouveau.
— Mrs Grey, ta bouche est faite pour être baisée.
Il ferme les yeux pour mieux savourer. Je resserre les lèvres et fais tournoyer ma langue sur lui,
autour de lui. Je le prends à fond, encore et encore. J’entends l’air siffler entre ses dents serrées au
rythme de sa respiration.
— Ah ! Arrête ! s’écrie-t-il.
Il se retire, me laissant pantelante et insatisfaite : j’en voulais plus ! Il m’agrippe aux épaules pour
me relever, attrape ma tresse, m’embrasse durement. Sa langue plonge en moi, à la fois exigeant et
offrant. D’un seul coup, Christian me libère. Avant que je reprenne mes esprits, il me soulève dans ses
bras et m’emporte jusqu’au lit à baldaquin, où il me dépose doucement de façon que mes fesses soient
juste au bord du lit.
— Passe les jambes autour de ma taille, ordonne-t-il.
J’obéis en l’attirant vers moi. Il se penche, les mains posées de part et d’autre de ma tête. C’est
toujours debout que, très lentement, il me pénètre.
Ah… que c’est bon ! Je ferme les yeux sous le choc : cette prise de possession.
— Ça va ? demande-t-il.
Il est inquiet, ça s’entend dans sa voix.
— Oh mon Dieu, Christian, oui, oui. Vas-y.
Je resserre mes jambes autour de lui et pousse fort. Il gronde. Je m’agrippe à ses bras, il fléchit les
hanches. Ses va-et-vient commencent tout doucement.
— Christian, s’il te plaît, plus fort ! Je ne vais pas me casser en deux.
Il grogne et se met à bouger, à bouger véritablement. Il me pistonne avec fureur. C’est divin.
— Oui ! dis-je d’une voix étranglée.
Je resserre ma prise sur lui quand l’orgasme commence à monter… Il geint et me martèle avec une
ardeur redoublée… j’y suis presque… Pitié. N’arrête pas.
— Allez, Ana, grommèle-t-il entre ses dents serrées.
Et j’explose autour de lui, dans un orgasme qui dure et dure et dure. Quand je crie son nom, Christian
se fige et jouit en moi.
— Ana !
*
Christian, allongé près de moi, caresse mon ventre de ses longs doigts largement écartés.
— Comment va ma fille ?
J’éclate de rire.
— Elle danse.
— Elle danse ? Ah oui. Waouh ! Je la sens.
Les pirouettes de Petit Pois Bis dans mon ventre le font sourire.
— Je crois qu’elle aime déjà le sexe, dis-je.
Christian fronce les sourcils.
— Vraiment ?
Il pose la bouche contre mon ventre :
— Tu n’y auras pas droit avant l’âge de trente ans, jeune fille.
— Christian, quel hypocrite tu fais !
— Non, je suis un père anxieux.
Il lève les yeux vers moi. Son front plissé trahit en effet son anxiété. Je caresse son beau visage et il
m’adresse son sourire timide.
— J’ai toujours su que tu serais un père merveilleux, Christian.
— J’aime bien te voir toute ronde, murmure-t-il en me caressant le ventre. J’ai plus à aimer.
Je fais la moue.
— Moi, ça ne me plaît pas vraiment d’être si grosse.
— C’est génial quand tu jouis.
— Christian !
— Et puis le goût de ton lait me manque…
— Christian ! Quel pervers tu fais !
Il fond sur moi et m’embrasse avec passion. Il passe aussi une jambe par-dessus les miennes et me
prend les mains, les relevant au-dessus de la tête.
— Tu adores la baise perverse, dit-il en frottant son nez contre le mien.
Je souris, gagnée par son sourire contagieux et son air de démon tentateur.
— Oui, j’adore ça. Et toi, je t’aime. À la folie.
*
Je suis réveillée en sursaut par le cri de joie suraigu de mon fils. Je ne vois ni lui ni Christian, mais
je souris de béatitude. Ted s’est réveillé de sa sieste, il gambade avec son père non loin. Je reste allongée
et tranquille, une fois de plus émerveillée par la façon dont Christian adore jouer avec notre fils. Il fait
montre envers lui d’une extraordinaire patience – bien plus qu’avec moi. Je ricane en y pensant. Mais
c’est normal, c’est dans l’ordre des choses. Mon magnifique petit garçon, la prunelle des yeux de ses
deux parents, ignore la peur. Christian, en revanche, est toujours aussi surprotecteur. Mon adorable Fifty
toujours si caractériel et autoritaire…
— Et si on cherchait maman ? Elle est cachée quelque part, dans l’herbe.
Je n’entends pas la réponse de Ted mais Christian éclate d’un grand rire heureux. Quel son
magnifique, débordant de joie paternelle ! Je n’y résiste pas, je me relève sur mes coudes pour les épier,
toujours cachée par les herbes.
Christian fait tournoyer Ted, ce qui lui arrache des cris de joie. Il s’arrête et le lance en l’air – j’arrête
de respirer – puis le rattrape. Ted piaille avec un entrain enfantin et je soupire, soulagée. Ah, mon petit
bonhomme chéri ! Il est toujours partant pour de nouvelles aventures…
— Core, papa ! Crie-t-il.
Christian s’exécute. Mon cœur fait à nouveau un bond quand il lance Teddy en l’air, le rattrape et le
serre contre lui. Il embrasse les boucles cuivrées de Ted et l’embrasse sur la joue, avec un gros bruit,
puis le chatouille sans merci. Teddy hurle de rire en se tortillant et en se débattant contre la poitrine de
son père pour se libérer. Christian sourit et le pose par terre.
— Allez, on va trouver maman. Elle est cachée par là.
Ted adore ce nouveau jeu. Il sourit, radieux, en regardant tout autour de lui dans la prairie. Agrippé
à la main de son père, il désigne un endroit où je ne suis pas, ce qui me fait rire. Je me rallonge très vite,
pour ne pas me faire voir.
— Ted, j’ai entendu maman. Et toi ?
— Maman !
Je m’étouffe de rire en entendant ce ton impérieux. Pétard – il est bien comme son père ! Et il n’a
que deux ans !
Les yeux au ciel, un grand sourire niais au visage, je réponds à son appel :
— Teddy !
— Maman !
Bien trop vite, Ted et Christian surgissent à travers les herbes folles.
— Maman ! Glapit Ted comme s’il venait de retrouver le trésor perdu de la Sierra Madre.
— Hey, mon bébé !
Je le prends dans mes bras et berce contre moi en embrassant sa joue potelée. Il rit et me rend mes
baisers, puis il se débat pour que je le lâche.
— Bonjour, maman, dit Christian en me souriant.
— Bonjour, papa.
Il soulève Ted, s’assoit, et pose notre fils sur ses genoux tout en le réprimandant gentiment :
— Sois gentil avec maman. Ne la bouscule pas.
Je ne peux réprimer un petit rire ironique en entendant Christian énoncer un tel conseil. Il tire son
BlackBerry de sa poche et le remet à Ted, ce qui nous vaudra peut-être cinq minutes de répit. Teddy
étudie l’appareil en plissant son petit front. Il parait si sérieux, ses petits yeux sont si concentrés – tout
comme son papa lorsqu’il lit ses mails. Christian frotte le nez dans les cheveux de Ted. En les regardant
tous les deux, j’ai le cœur qui gonfle de bonheur. Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mon
mari et mon fils, tranquillement– du moins pour l’instant – assis sur les genoux paternels. Mes deux
amours…
Bien entendu, je trouve que Ted est l’enfant le plus beau et le plus intelligent de la planète, mais
comme je suis sa mère, mon avis n’a rien d’objectif. Quant à Christian, c’est… enfin, il est fidèle à lui-
même. Il est à tomber avec son jean et son tee-shirt blanc. Qu’ai-je fait pour mériter de décrocher le gros
lot ?
— Tu m’as l’air en grande forme, Mrs Grey.
— Toi aussi, Mr Grey.
— Tu ne trouves pas maman jolie ? Chuchote Christian à l’oreille de son fils.
Ted le repousse d’une main autoritaire, bien plus intéressé par le BlackBerry.
J’éclate de rire.
— Si tu comptais détourner son attention, c’est raté.
— Je sais, admet Christian qui sourit et embrasse Ted sur la tête. Je n’arrive pas à croire qu’il aura
deux ans demain.
Il parle d’une voix nostalgique. Il se penche et tend la main pour la poser sur mon ventre rond.
— Et si on faisait des tas d’enfants ? propose-t-il.
— Le second est déjà en route.
Je souris quand il me caresse le ventre.
— Comment va ma fille ?
— Bien. Elle dort, je crois.
Une voix nouvelle nous interrompt :
— Bonjour, Mr Grey. Coucou, Ana.
C’est Sophie, la fille de Taylor, âgée de dix ans. Elle vient de surgir des hautes herbes.
— Fofie ! Glapit Ted, ravi de la reconnaître.
Il se tortille pour descendre des genoux de Christian, perdant tout intérêt pour le BlackBerry.
— Gail m’a donné des Popsicles dit Sophie. Je peux en donner un à Ted ?
— Bien sûr.
Oh lala, ça va être salissant.
— Pop ! crie Ted.
Il tend la main et Sophie lui en donne une glace à l’eau – qui dégouline déjà.
— Viens ici… Montre à maman.
Je m’assois et prends la glace de Ted dans ma bouche afin de lécher ce qui coule. Hmm… C’est au
cranberry. C’est frais et délicieux.
— À moi ! proteste Ted d’une voix indignée.
— Tiens.
Je lui rends sa glace un peu moins collante. Il se la fourre dans le bec avec un grand sourire ravi.
— Je peux aller me promener avec Ted ? demande Sophie.
— Bien sûr.
— Pas trop loin ! exige Christian.
— Bien sûr, Mr Grey.
Sophie écarquille ses grands yeux noisette et prend un air sérieux. Je crois qu’elle a un peu peur de
Christian. Elle tend la main vers Ted, qui accepte volontiers de partir avec elle. Ils s’enfoncent ensemble
dans les hautes herbes.
Christian les observe d’un œil vigilant.
— Ils ne risquent rien, voyons. Que veux-tu qu’il leur arrive ici ?
Il me jette un regard noir. Je me glisse sur ses genoux.
— En plus, Ted adore Sophie, dis-je encore.
Christian émet un petit grognement sarcastique tout en frottant son nez dans mes cheveux.
— C’est une enfant adorable, admet-il.
— C’est vrai. Elle est aussi très jolie. Si blonde, si angélique.
Christian se fige et plaque ses mains sur mon ventre.
— Ah, les filles…
Il y a un soupçon de nervosité dans sa voix. Je pose la main sur sa nuque.
— Tu n’as pas à t’inquiéter pour ta fille pendant les trois prochains mois. Pour le moment, je me
charge d’elle, d’accord ?
Il m’embrasse derrière l’oreille avant de me mordiller le lobe.
— Si tu le dis, Mrs Grey.
Sur ce, il me mord. Je glapis :
— Ouille !
— J’ai adoré hier soir, dit-il. On devrait le faire plus souvent.
— Je suis d’accord.

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant