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Décembre 2011 À GEH Christian
- Bien, je crois que ma position est claire : je ne compte pas acquérir votre société, Mr Parker, certainement pas tant que le cash-flow n'aura pas un ratio...
Taylor s'approche de moi. Je lève les yeux, surpris : je sais qu'il n'aurait pas interrompu ma réunion sans motif valable. De toute façon, je perds mon temps. J'indique à mon gestionnaire, Alejandro Sampras, de continuer à ma place. Je me lève et quitte la salle de conférence.
Une fois dans le couloir, je m'enquiers : - Que se passe-t-il ?
- Mr Grey, Miss Kavanagh demande à vous voir.
Génial, voilà ce qui fallait pour que ma journée passe de catastrophique à cataclysmale. D'un autre côté, c'est la première fois que la Walkyrie me fait ce coup-là. S'agirait-il d'Elliot ? Elle ne vient certainement pas me débusquer dans la tanière pour me refiler un nouvel essai de sa tarte au potiron, pas vrai ?
- Aller la chercher, Taylor. Je termine cette foutue réunion et... Merde, j'ai aussi un coup de fil à passer. Je recevrai ensuite Katherine Kavanagh. Qu'elle attende dans le salon de réception.
- Dois-je vérifier qu'elle n'est pas armée, Mr Grey ? Je manque sourire. - Non. Inutile. L'arme préférée de ma future belle-sœur, c'est sa grande bouche ! Dix minutes plus tard, je téléphone à Welch, sacrément en rogne.
- Bon Dieu, comment est-il possible que Linc ait disparu comme ça ?
- Monsieur, il a tout perdu, sa boîte, sa réputation, son argent, sa crédibilité, sa position sociale, sa femme...
Je ricane :
- Ce n'est pas nouveau, Linc et Elena ont divorcé depuis... Welch m'interrompt ce qui lui arrive rarement.
- Mr Grey, je parlais de la récente Mrs Lincoln, Mrs Pamela Lincoln a demandé le divorce.
Ah, merde j'oublie toujours cette Bimbo de vingt-deux ans que Linc a épousé il y a quelques mois à peine, une triste caricature de Paris Hilton, entièrement refaite, sein, nez, lèvres, cheveux... J'ai vu sa photo, je n'y toucherais pas avec des pincettes.
- Grand bien lui fasse ! Je veux des réponses, Welch, pas des excuses. Je veux savoir où se trouve Linc Timber !
- Oui monsieur.
Je raccroche, très contrarié. Puis j'actionne mon interphone : - Andrea, conduisez Mis Kavanagh dans mon bureau. - Tout de suite, Mr Grey.
Kate pénètre peu après dans la pièce d'un pas raide et mécanique, elle paraît soucieuse - à moins que le design de mon bureau ne lui plaise pas ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Elle fixe le portrait d'Anastasia qui trône sur mon mur à la place d'honneur. Son visage crispé s'adoucit d'un vague sourire.
Bon, je n'ai pas de temps à perdre ! Je me redresse et demande : - Katherine, que me vaut l'honneur de ta visite ?
- Christian, désolée pour le dérangement, mais c'est important.
- Je t'écoute.
Merde, j'espère qu'Elliot n'a rien... Que pourrait-il avoir sans que je le sache ? Cette garce fait exprès de faire durer le suspense !
- Voilà, cela concerne notre mariage, commence-t-elle.
Je ne m'y attendais pas ! Il me faut faire un effort pour rester impassible. J'ai évité autant que possible de me laisser embringuer dans les préparatifs de mon mariage, ce n'est certainement pas pour gérer celui de mon frère - et de Kate.
- Si je suis là, ce n'est pas pour moi, mais pour ton frère, enchaîne-t-elle.
Je t'en foutrais. Elle va jouer la carte de la culpabilité. Mais que veut-elle obtenir de moi ? Elle n'a pas besoin de mon argent... je ne comprends pas, aussi je me tais en l'examinant avec suspicion.
- Elliot ne te l'a pas encore demandé, mais il veut que tu sois son témoin.
Oh ! Je reçois cette demande avec un choc au cœur. J'ai aussi demandé à Elliot d'être mon témoin, il est normal que... pourtant, je suis ému. Très ému. Et je ne sais toujours pas quoi dire. Pourquoi n'est- ce pas Elliot qui me pose directement la question ? Pourquoi Kate agit-elle en intermédiaire ?
Elle se met à arpenter mon bureau comme une lionne en cage. Elle en a les couleurs d'ailleurs : crinière blond-roux, robe aux ton sable, hauts talons crème - des Jimmy Choo si je ne m'abuse.
- Mais ce que tu ne sais pas, c'est que les plans ont changé, notamment la date et le lieu de la cérémonie.
Là, elle a toute mon attention ! Ana m'avait bien dit que Kate avait abandonné l'idée d'un grand mariage géré par Toya Mitchell. J'en suis ravi ! Ce sera bien plus facile de maîtriser les paparazzis en comité réduit.
- Il est donc primordial que tu acceptes, pour ton frère, insiste Kate. Quant à moi, j'aurais besoin que ma demoiselle d'honneur soit présente le jour J.
Elle est con ou quoi ? Ana et moi comptons bien participer à ce mariage, la seule chose qui me posait problème était son organisation chaotique. Cette foutue Kavanagh voit-elle seulement plus loin que le bout de son (très long) nez.
Grey, tu exagères, elle n'a rien d'une Cléopâtre seattleite quand même !
Avant que je puisse m'exprimer, Kate sort de son sac à main un épais dossier qu'elle jette sur mon bureau. Je le regarde sans y toucher. Et si c'était une autre de ses concoctions empoisonnées ?
- Voici toute l'organisation que j'ai prévue pour le mariage, crache-t-elle d'un ton insolent. Je grince des dents, sans répondre. Je trouve mon self-control remarquable !
- Comme tu pourras le lire dans ce dossier, insiste Miss Pénible, Ana ne court aucun risque, votre enfant non plus. Je t'ai mis tous les derniers articles parus sur le sujet, des meilleurs spécialistes du pays. Tu as bien sûr le temps de vérifier mes sources et de faire tes propres recherches.
Du pays, quel pays ? Elle veut se marier à l'étranger ? Curieuse idée, mais je ne suis pas contre... Sauf que j'aurais aimé être consulté, merde, je déteste les surprises. Taylor ne sera pas enchanté non plus. Quand cet évènement aura-t-il lieu ? En février, aux dernières nouvelles, il nous reste plus de deux mois pour établir un protocole sécurisé, ce devrait être bon.
Je grogne, juste pour la forme :
- Katherine, je n'ai jamais apprécié que l'on me force la main en affaires et encore moins concernant mon mariage ou la santé de ma femme.
Elle soupire.
- Je ne te force pas la main, Christian, je te facilite la tâche en t'apportant les informations que tu aurais fini par trouver.
Elle a raison. J'avais l'intention de hacker son PC et celui de mon frère. Je le ferai quand même, d'ailleurs, à titre de précaution. Il faut que je pense à en parler avec Barney. Le mec est discret.
- Et je ne te fais pas de chantage affectif en utilisant Elliot, continue Kate d'un ton plus calme. Notre mariage aura lieu de toute façon, avec ou sans vous.
QUOI ? Ce sera AVEC nous ! Elliot est MON frère ! Je la fusille d'un regard létal. Elle ne se démonte pas. Elle a un sacré cran. Je réussis à casser des gens bien plus roublards et puissants qu'elle avec ce genre d'expression... D'un autre côté, elle sait très bien que je ne ferai jamais rien contre elle, la future épouse d'Elliot, la meilleure amie d'Ana. Ouais, pas étonnant qu'elle considère mes airs menaçants comme de simples provocations.
- Si je me rappelle bien, persifle Kate, tu as imposé des délais très courts pour votre mariage. Respecte juste nos volontés, et tout le monde sera heureux.
Je jette un coup d'œil sur le portrait d'Ana : elle voudrait que je sois « gentil » avec Kate. Je peux faire un effort pour la satisfaire, non ? Je récupère le dossier, je le feuillette - merde, elle n'y a pas été de main morte ! Taylor va bien s'amuser à éplucher tout ça !
Je fronce les sourcils. Les Bermudes ? Le climat est-il sain pour une femme enceinte de six mois ?
Kate répond à ma question muette - je ne suis pas certain d'avoir réussi à garder mon impassibilité légendaire.
- Crois-tu sérieusement que je mettrais la santé d'Ana et de mon neveu en danger pour un caprice, Grey ? Je croyais que tu me connaissais mieux que cela.
Elle ricane en ajoutant, d'un ton ironique :
- Et preuve de ma bonne volonté, je te laisserai gérer les aspects « sécurité et gros bras » sur place, Je l'aurais fait de toute façon, ma cocotte !
Elle ne peut s'empêcher de gâcher son effet par une dernière connerie :
- ... à condition que je ne voie pas un seul costard noir à moins de cent mètres du lieu de la cérémonie.
Peuh ! Je leur ferai porter un costume clair, sous les tropiques, c'est préférable. Je continue à lire les différents feuillets. Je suis presque impressionné : c'est du très bon boulot, consciencieux, solide. Mais pas question de laisser à Miss Kavanagh le dernier mot !
- D'accord, dis-je, sèchement, prenez le jet de GEH. Considère ça comme un cadeau de mariage anticipé.
Elle se fige, bouche ouverte. Elle est surprise ? Pourquoi ? Parce que je n'ai pas réagi à ses petites piques ? Parce que je prête mon jet à mon frère pour lui faciliter le déplacement ? Mon pilote, Stephan Ellis, aura le temps de déposer les deux futurs époux et de revenir nous chercher à Seattle. Les vols commerciaux sont une vraie plaie.
Kate m'adresse un sourire qui ne cache pas son soulagement ;
- Merci Christian. Merci pour nous deux. Je te laisse...
Je commence à me demander si je ne me suis pas fait embobeliner, mais je ne peux pas me dédire. Je serre les dents. Elle est là depuis cinq-dix minutes et j'ai déjà envie de la tuer. Elle a un effet remarquable sur moi !
- ... j'imagine que tu as maintenant besoin de passer tes nerfs, à cause de moi, sur une pauvre entreprise à démanteler.
Non, Miss Kavanagh, j'ai déjà réglé ce problème avant ton arrivée imprévue. - Au revoir, Kate, dis-je à mi-voix. Une fois à la porte, elle se retourne :
- Je t'enverrai par mail tous les détails.
Quoi ? J'ai déjà un foutu dossier qui pèse au moins une tonne ? Il y aurait davantage ? J'ai comme un doute, elle se fout de moi. Elle affiche un sourire de mante religieuse et susurre :
- Je compte juste sur toi pour être surpris et très ému quand Elliot te demandera d'être son témoin. Elle fait une sortie de star : le nez en l'air, en tournant des fesses.
J'attends qu'elle ait disparu avant d'éclater de rire ! Finalement, la journée ne sera pas aussi nulle que prévue ! Taylor passe la tête dans mon bureau, l'air perplexe. Il devait sans doute faire le guet, prêt à intervenir pour nous empêcher de nous entretuer. J'ai prononcé à peine trois phrases durant le speech de la Walkyrie, mais conclure une rencontre avec elle
- et un tête-à-tête qui plus est !
- par un fou rire ? Ça, c'est une première !
J'ai hâte d'en parler ce soir à Ana. Et si je lui envoyais un mail. Oui, bonne idée.
De : Christian Grey
Objet : Tu ne devineras jamais... Date : 5 décembre 2011, 10:18 À : Anastasia Grey
... ce qui viens de se passer, baby.
***

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant