Brainstorming à SIP

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Ana


Je raccroche, ravie de la surprise que Christian vient de me faire. Je n'aurais jamais imaginé qu'il


m'emmène déjeuner aujourd'hui. Bien sûr, cela lui arrive de temps à autre, mais je sais combien sa


journée est occupée... Il m'a dit que sa vidéo-conférence avait été un succès, sans doute a-t-il eu envie


de le fêter avec moi. Parfois, je me demande encore comment Anastasia Rose Steele, banale petite


provinciale de Montesano, a pu retenir l'attention de l'homme le plus merveilleux de la terre... le plus


beau, le plus riche, plus attentionné. Les qualités de Christian vont bien au-delà de sa notoriété et de son


aspect physique ! Il a surtout un cerveau exceptionnel et un cœur immense. Même s'il le protège son


dieu intérieur - je ricane toute seule à cette image d'Apollon dans toute sa nudité - par des remparts et


des buissons d'épines, j'ai senti dès le premier jour qu'il y avait... du bon en lui. Je ne sais plus dans


quel film j'ai entendu cette réplique amusante. Je cherche un moment, mais rien ne me revient en


mémoire. C'est contrariant.


Bon, tant pis. Peu importe d'ailleurs. Je reviens à mon mari. Christian m'aime et me le prouve aussi


souvent que possible.


Bien sûr, Fifty a quelques défauts. Il est possessif, jaloux - à un point ridicule -, autoritaire, et un


tantinet trop maniaque quand il s'agit de me contrôler. Mais ce sont des détails. J'adore mon mari. Je


n'en changerais pour rien au monde.


Ana, et si tu travaillais au lieu de bayer aux corneilles ? Susurre ma conscience en me fixant d'un


air sévère. Assise devant mon bureau, elle lit un manuel sur le thème : Comment réussir sur tous les


plans dans le monde actuel ? Tout un programme. Ma déesse intérieure a disparu. J'imagine qu'elle est


au spa, à siroter un cocktail. Elle et moi sommes en froid depuis que ma grossesse est devenue évidente.


Je feuillette rapidement les différents points de mon emploi du temps. Je n'ai rien d'important


aujourd'hui, juste quelques manuscrits qu'il me faut terminer de lire et dont je dois remettre ce soir les


résumés. Avec un sourire, je réalise que l'un des deux romans d'amour qui se trouve sur ma pile a été


écrit par un homme. Incroyable, non ? Je l'ai commencé, il est plutôt bon. J'ai aussi trois histoires


policières. Quel dommage ! Comme ce ne sont pas mes lectures favorites, je ne me bats pas pour les


obtenir et laisse de préférence d'autres directeurs des acquisitions - ceux de sexe masculin - s'en


chargent. Malheureusement, notre gérant, Mr Roach, n'aime pas que nous nous cantonnions dans un


seul registre littéraire. Aussi, de temps à autre, il intervient et octroie à chacun de nous ce qu'il décide


sans tenir compte de nos goûts personnels. D'après lui, dans l'édition, on doit tout lire, aussi bien ce

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant