Christian
Nous sommes accueillis par la secrétaire du Dr Flynn. Edna Gomez étreint Ana comme une amie retrouvée. Je crois qu’elles ne se sont rencontrées qu’une fois ou deux. Ma femme a un don pour attirer les cœurs.
— Bonsoir, Mrs Grey, Mr Grey.
— Bonsoir Mrs Gomez, répond Ana tout sourires. Alors, comment vont vos petits-enfants ? Jorge est-il guéri de son otite ?
Je n’écoute pas la suite parce que John sort de son bureau, la main tendue.
— Anastasia, quel plaisir de vous voir !
Il lui serre la main puis se tourne pour me saluer, ainsi que mes agents.
Deux minutes plus tard, Ana et moi prenons place dans le canapé de cuir vert du très élégant et très anglais cabinet du Dr Flynn. John nous observe : assis l’un contre l’autre, main dans la main ; Ana, appuyée contre moi, me sourit.
— Christian, commence mon psychiatre, je ne m’attendais pas à ce que vous me réclamiez un rendez-vous en urgence. Que se passe-t-il ? Auriez-vous un sujet d’inquiétude ?
Je hausse les épaules.
— Il s’agit d’Anastasia.
John penche la tête, intéressé. Son visage reste impassible, mais ses yeux se sont éclairés.
— J’espère que vous vous accoutumez à l’idée de devenir parents.
Je lui indique qu’il s’agit d’Ana et c’est à moi qu’il s’adresse. Quel emmerdeur ! C’est Ana qui répond.
— Il le faut bien, le bébé est là. Nous ne pouvons pas le rendre.
— J’en suis bien conscient, Anastasia, mais là n’était pas ma question. Est-ce que vous vous êtes faits à l’idée de devenir parents ?
Je décide de reprendre en main la conversation.
— Je m’y suis fait. Je me sens tenu de protéger ce bébé. Le problème… Lorsque je m’arrête, deux paires d’yeux se fixent sur moi
— Oui, le problème… ?
C’est Ana qui me pose cette question, bien entendu. Mon psy aurait patienté jusqu’à ce que je sois prêt à m’expliquer.
— Le problème, c’est que j’ai peur de ne pas être à la hauteur. Parfois, quand je travaille, seul dans mon bureau, je ressens une vague de panique : et si j’étais nul comme père ?
En sentant la main d’Ana se resserrer sur mes doigts, je me tourne vers elle pour lui sourire.
— Quand je suis avec toi, je n’y pense pas. Tu es mon ancre dans la tempête.
— Je suis conscient que vous êtes un homme possessif, Christian, remarque calmement John.
Non, sans blague ? J’ai été furieux dans la voiture en entendant Ana évoquer un mariage – hypothétique – avec José Rodriguez ou Ethan Kavanagh. Elle est à moi. Elle porte un enfant de moi. Mais que sais-je de la paternité ? Je n’ai pas eu de père, il a quitté une pute à crack après une étreinte tarifée sans un regard en arrière. J’ai eu une mère déplorable et faible. J’ai été adopté par les Grey, d’accord, mais ils ne sont pas mes parents biologiques – et, contrairement à mon frère Elliot, je crois à la génétique.
J’envoie régulièrement des cargaisons de nourriture au Darfour25 où la famine sévit et je lis tout ce qui paraît dans les journaux ou sur Internet. Je sais que, malgré leur peu de moyens, les Soudanais se démènent pour leurs enfants, ils ont ce gène naturel, instinctif. Si Ella Watson ne le possédait pas, elle n’a pu me le transmettre. C’est évident.
Et si je décevais Anastasia ?
Sans regarder ni ma femme ni John, je baisse les yeux pour marmonner mon aveu. Quand j’ai terminé, il y a un grand silence. Je serre les dents. Si je lis de la pitié dans le regard d’Ana, je ne le supporterais pas. Je lui jette un coup d’œil inquiet et… je me perds dans ses prunelles bleues, pures et limpides, qui pénètrent jusqu’au fond de mon âme. Comme toujours. J’y lis un amour infini, une confiance sereine, une joie intense.
— Christian, je te l’ai souvent dit, tu as toutes les qualités nécessaires pour être un excellent père : tu es aimant, protecteur, attentif. Tu feras des erreurs, c’est normal, mais il n’y a pas de solution parfaite. Cela dépend du contexte, du caractère, et de tant d’autres variables… Tu es intelligent, tu apprendras au fur et à mesure ce qu’il y a de mieux pour Petit Pois.
— Christian, intervient le Dr Flynn, vous êtes trop sévère envers votre mère biologique. Elle a vécu un enfer, mais jamais elle ne vous a abandonné. Elle vous aimait, à sa façon. Elle était faible, elle ne vous a pas protégé, mais elle vous aimait.
C’est ce qu’Ana prétend. Je n’en suis pas convaincu. Quelle mère aimante laisserait sans intervenir son fils souffrir ? Ella – que je n’appelle plus « la pute à crack », à la demande expresse d’Ana – a cherché l’oubli dans la drogue.
Et toi, Grey ? Est-ce que tu n’as pas cherché à échapper à tes cauchemars et à ton mal de vivre dans le BDSM ?
Et voilà : la même tare. C’est une question de génétique.
— Peut-être devriez-vous rechercher votre parentèle côté maternel, Christian.
— Quoi ? Non, ils sont morts. En plus, ils ont jeté ma mère à la rue lorsqu’elle était enceinte… — Ainsi, vous avez déjà fait votre enquête ?
Non pas vraiment. Grace m’en a un jour parlé : Ella Watson était orpheline quand je suis né. Elle a abandonné ses études avant d’entrer l’université. Il me semble me souvenir qu’elle avait des dons en mathématiques. Mère célibataire et sans famille pour l’aider, Ella est devenue accro au crack. Pour financer son addiction, elle s’est prostituée poussée par son revendeur, devenu son souteneur.
— Je suis conscient que vous êtes un homme possessif, Christian, remarque calmement John.
Non, sans blague ? J’ai été furieux dans la voiture en entendant Ana évoquer un mariage – hypothétique – avec José Rodriguez ou Ethan Kavanagh. Elle est à moi. Elle porte un enfant de moi. Mais que sais-je de la paternité ? Je n’ai pas eu de père, il a quitté une pute à crack après une étreinte tarifée sans un regard en arrière. J’ai eu une mère déplorable et faible. J’ai été adopté par les Grey, d’accord, mais ils ne sont pas mes parents biologiques – et, contrairement à mon frère Elliot, je crois à la génétique.
J’envoie régulièrement des cargaisons de nourriture au Darfour25 où la famine sévit et je lis tout ce qui paraît dans les journaux ou sur Internet. Je sais que, malgré leur peu de moyens, les Soudanais se démènent pour leurs enfants, ils ont ce gène naturel, instinctif. Si Ella Watson ne le possédait pas, elle n’a pu me le transmettre. C’est évident.
Et si je décevais Anastasia ?
Sans regarder ni ma femme ni John, je baisse les yeux pour marmonner mon aveu. Quand j’ai terminé, il y a un grand silence. Je serre les dents. Si je lis de la pitié dans le regard d’Ana, je ne le supporterais pas. Je lui jette un coup d’œil inquiet et… je me perds dans ses prunelles bleues, pures et limpides, qui pénètrent jusqu’au fond de mon âme. Comme toujours. J’y lis un amour infini, une confiance sereine, une joie intense.
— Christian, je te l’ai souvent dit, tu as toutes les qualités nécessaires pour être un excellent père : tu es aimant, protecteur, attentif. Tu feras des erreurs, c’est normal, mais il n’y a pas de solution parfaite. Cela dépend du contexte, du caractère, et de tant d’autres variables… Tu es intelligent, tu apprendras au fur et à mesure ce qu’il y a de mieux pour Petit Pois.
— Christian, intervient le Dr Flynn, vous êtes trop sévère envers votre mère biologique. Elle a vécu un enfer, mais jamais elle ne vous a abandonné. Elle vous aimait, à sa façon. Elle était faible, elle ne vous a pas protégé, mais elle vous aimait.
C’est ce qu’Ana prétend. Je n’en suis pas convaincu. Quelle mère aimante laisserait sans intervenir son fils souffrir ? Ella – que je n’appelle plus « la pute à crack », à la demande expresse d’Ana – a cherché l’oubli dans la drogue.
Et toi, Grey ? Est-ce que tu n’as pas cherché à échapper à tes cauchemars et à ton mal de vivre dans le BDSM ?
Et voilà : la même tare. C’est une question de génétique.
— Peut-être devriez-vous rechercher votre parentèle côté maternel, Christian.
— Quoi ? Non, ils sont morts. En plus, ils ont jeté ma mère à la rue lorsqu’elle était enceinte…
— Ainsi, vous avez déjà fait votre enquête ?
Non pas vraiment. Grace m’en a un jour parlé : Ella Watson était orpheline quand je suis né. Elle a abandonné ses études avant d’entrer l’université. Il me semble me souvenir qu’elle avait des dons en mathématiques. Mère célibataire et sans famille pour l’aider, Ella est devenue accro au crack. Pour financer son addiction, elle s’est prostituée poussée par son revendeur, devenu son souteneur.
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Livre 4
SonstigesQui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant. * Être aimé donne de la force Aimer donne du courage Lao Tzeu FAMILLE Par FIFTY SHADES de GREY **** LIVRE IV