Christian
- Elena ! hurle une Ana déchaînée. Encore Elena ! Quand serons-nous enfin débarrassés de cette sale bonne femme ?
- Elle m'a simplement téléphoné pour...
- ... pour te remettre le grappin dessus ! Pourquoi as-tu décroché ? Oui, je me suis posé la même question... L'habitude, j'imagine. Tu tiens une couche, Grey !
- Elena et nous avons un ennemi commun : Linc Timber. C'est lui qui...
- Tu peux gérer Linc sans avoir besoin de l'avis de son ex-femme, coupe Ana péremptoire. Ils sont divorcés depuis plusieurs années, elle ne sait rien de lui. Et vu qu'elle passait son temps à le tromper avec un ado, je doute qu'elle ait mérité le titre d'Épouse de l'Année.
Ana parle d'une voix dure que je ne lui connais pas. Elle change de personnalité dès qu'Elena intervient dans la conversation. C'est très étrange. Dans son état, je ne veux pas la bouleverser. Aussi, au lieu de me mettre en colère, je cherche à être conciliant :
- Ana, calme-toi. J'ai chargé Welch d'aller discuter avec Elena. Il est d'accord avec toi : elle ne sait rien. Fin de l'histoire.
- Tu parles, Charles !
Son insolence ne me plaît pas du tout. Je serre les dents pour me contrôler. Inconsciente d'être sur une pente dangereuse, Ana déambule dans la chambre en marmonnant des mots inaudibles, puis elle s'arrête devant sa coiffeuse et commence à déboutonner son chemisier bleu roi.
Je suis le moindre de ses mouvements. Elle porte en dessous un ravissant soutien-gorge balconnet, d'un rose très pâle qui tranche à peine sur sa peau si blanche. Ses seins renflés sont présentés comme des fruits mûrs et délicieux.
Dans la glace, Ana croise mon regard avide. Elle se fige. Je vois une rougeur apparaître sur ses joues, descendre le long de son cou et sur sa gorge.
- Tu te rappelles ce qu'a dit le Dr Greene concernant les envies soudaines d'une femme enceinte ? susurre-t-elle, d'une voix rauque.
Merde ! Si elle veut des fraises, je vais devoir rappeler Taylor...
- Baby...
- Je veux te baiser.
J'en reste comme de ronds de flanc. Comme ça ? Au milieu d'une dispute ?
Déjà, elle s'approche de moi, les yeux brûlants, les lèvres retroussées sur un rictus. Prédatrice. Mangeuse d'hommes. Ma petite Anastasia ? Je contemple, fasciné, cette nouvelle facette d'elle.
Dès qu'elle tend les mains vers moi, griffes en avant, mon instinct de dominant reprend le dessus. Je lui empoigne les poignets, lui fais passer les bras dans le dos et la plaque contre moi .
- Tu es sûre que c'est bien ce que tu veux, Mrs Grey ?
- Oui, crie-t-elle, en se frottant à moi.
De ma main libre, je lui empoigne un sein. Immédiatement, un petit mamelon érigé émerge de sa prison de dentelle. Ana gémit et renverse la tête en arrière, se cambrant pour mieux s'offrir. Elle est tellement excitée qu'elle n'aimerait pas de longs et attentifs préliminaires. Elle a besoin de brutalité, de violence même. Je la relâche et m'écarte de quelques pas. Elle feule de colère et de déception.
- Qu'est-ce que tu fais ? proteste-t-elle.
- J'ai besoin de mon kit d'urgence. - Quoi ?
Je manque éclater de rire devant son regard éberlué.
Je vais jusqu'à ma penderie récupérer une boîte en bois laqué qui contient quelques objets de ma salle de jeu. Je les ai spécifiquement sélectionnés pour une occasion de ce genre. Ana me suit du regard, la bouche ouverte, j'ai la sensation que tout son corps palpite d'anticipation. Avant de revenir vers elle, je branche mon iPod et la voix basse de Leonard Cohen14 résonne tout à coup dans la chambre. Ana tremble de plus belle.
Quand j'approche enfin ma femme, je suis prêt. Elle aussi. Elle est si belle... Elle le serait encore plus nue. Je pose la boîte sur le lit et je l'ouvre. En voyant ce qu'il y a à l'intérieur, Ana pousse un gémissement d'un érotisme torride.
Ana
***
Ces derniers temps, j'ai du mal à me reconnaître. Durant vingt-trois ans, j'ai été une fille calme, discrète, introvertie. Pour moi, le reste du monde n'existait pas vraiment, je vivais dans ma tête, avec mes livres, mes rêves, et mes fantasmes informulés. Ballottée depuis mon plus jeune âge entre les différents maris de ma mère, j'ai vécu un traumatisme à l'adolescence. Il m'a été très dur de perdre Ray Steele, mon ancre et ma bouée de sauvetage, pour le « Mari N° 3 », un homme effroyable qui a sapé le peu de confiance que j'avais en moi. Même après être revenue vivre avec Ray, je me suis renfermée sur moi-même. Et quelque part, sans m'en rendre compte, je suis devenue égoïste. D'un égoïsme tranquille qui ne faisait pas de vagues, certes, mais quand même...
J'ai honte de l'admettre, mais ma réaction initiale vis-à-vis de Christian, n'a été que physique. Et Dieu sait s'il déteste qu'on ne voie en lui qu'un beau visage. Il affirme que ses traits ne proviennent que d'un heureux - ou malchanceux, selon lui - coup du sort. En voyant pour la première fois le mystérieux et richissime Christian Grey, P-DG de GEH, au cours de cette interview calamiteuse qui a transformé ma vie, j'ai eu la sensation qu'un de mes héros de roman avait échappé aux pages d'un livre... C'était... magique. Par la suite, j'ai vécu plusieurs semaines dans une transe d'incrédulité, perdue dans un monde alternatif dont j'ignorais toutes les règles. Je me suis contentée d'être ballottée au gré de ses caprices. A posteriori, je ne trouve pas que ce soit flatteur.
Tout a changé quand nous nous sommes séparés. La douleur ressentie, aussi atroce qu'insoutenable, m'a ouvert les yeux. J'ai compris que Christian était bien plus qu'un mannequin : un homme torturé et
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Livre 4
RandomQui domine les autres est fort. Qui se domine est puissant. * Être aimé donne de la force Aimer donne du courage Lao Tzeu FAMILLE Par FIFTY SHADES de GREY **** LIVRE IV