Action de Grâce

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Janvier 2012 Christian
— Baby, tu es sûr que ça va ?
2012
Je n’aurais jamais cru qu’Ana puisse être plus belle, mais c’est pourtant le cas ; la grossesse lui seyant, elle atteint une plénitude nouvelle. Je sais qu’elle s’inquiète à l’idée que son volume me déplaise, mais ce n’est pas le cas, elle est absolument superbe. Je la trouve aussi attirante que d’ordinaire… sinon plus. Ses seins sont devenus opulents, sensibles ; ses courbes plus voluptueuses.
— Mais oui, je vais très bien, c’est juste que le bébé me donne des coups de pieds. C’est très étrange. Tiens, mets la main sur mon ventre.
Elle prend mes doigts et les plaques sur la peau tendue de son abdomen.
— Pourquoi encore essayer ? Chaque fois que je te touche, il arrête de bouger… il le fait exprès.
Je ne peux m’empêcher d’exprimer ma jalousie. Depuis quelques semaines, Ana affirme que le bébé s’agite en elle, mais je n’ai jamais réussi à surprendre le moindre mouvement.
Je grommelle avec aigreur :
— Il est évident qu’il me déteste.
— Mais de quoi tu parles ? Qui te déteste ?
— Le bébé.
Ana lève les yeux au ciel.
— Notre bébé – qui n’est pas encore né – te détesterait ?
— Oui.
Et pour bien marquer ma certitude, je hoche vigoureusement la tête.
— Tu te rends compte que tu es parfaitement ridicule ?
— Je suis certain qu’il sent que je vais être un père effroyable.
— Christian, nous en avons parlé et reparlé. Tu seras un père admirable. Regarde… tu aimes déjà ce bébé que tu ne connais même pas.
Elle a raison. D’accord, j’ai toujours la trouille à l’idée de devenir père, mais j’aime ce petit intrus qui réclame ma femme, son temps, sa présence, son amour et son corps. J’ai envie de le protéger, de le chérir… cet enfant est un miracle. J’espère que je ne vais pas déconner avec lui.
Je m’accroupis devant Anastasia pour parler directement à mon fils qui, bien entendu, ne remue absolument pas sous ma main.
— Ne t’inquiète pas, fils. Tu auras la meilleure mère du monde. De plus, si je déconne trop, je connais un excellent psychiatre – John Flynn.
Je ricane. Quand je lève les yeux, Anastasia fronce les sourcils, l’air menaçant. En me redressant, je presse un peu ma main contre son ventre, et là… Bordel, qu’est-ce que c’était ? J’écarquille les yeux en regardant Ana.
— Alors ? S’exclame-t-elle. Tu l’as senti cette fois ? Il a réagi à ta voix — Oh… Tu crois… Oui… Je l’ai senti.
J’ai du mal à parler. Ce bébé est une réalité. J’ai la gorge serrée par l’émotion. Mes yeux s’humidifient. Il est bien là.
Quand je reporte mon attention sur Ana, elle arbore un grand sourire. C’est incroyable. Depuis le premier jour où elle est tombée dans mon bureau, à quatre pattes, elle m’a ranimé. Et aujourd’hui, voilà qu’elle me fait le plus beau des cadeaux : cette nouvelle vie qui grandit en elle ; mon fils.
Notre fils.
— Merci, baby.
Je me penche pour embrasser son ventre. Et Junior. — Toi aussi, bébé, merci.
***
Ana avait une mine épouvantable ce matin au réveil. Je m’inquiète pour elle. Elle a refusé de passer la journée au lit, à se reposer. Je l’ai contactée plusieurs fois durant la matinée, elle affirme aller bien et rester dans son bureau, c’est-à-dire ne pas abuser de ses forces. J’ai quand même vérifié auprès de Sawyer… en lui ordonnant de surveiller ma femme de près. J’ai aussi appelé le Dr Greene. Cette femme ne peut pas m’encadrer, j’en suis conscient. Ce n’est pas la seule d’ailleurs… l’image de Katherine Kavanagh en ange vengeur brandissant une épée apparaît dans mon esprit. Ana prétend toujours que j’ai toutes les femmes du monde à mes genoux. Manifestement, elle se trompe.
Le Dr Greene m’a affirmé que l’état d’Ana était satisfaisant. Peuh ! Elle sait mieux que toi ce que subit une femme enceinte, Grey.
Je rentre tôt, emportant avec moi les derniers dossiers qu’il me faut examiner. Il est à peine 18 heures, mais je sais par Sawyer qu’Ana est déjà à la maison.
Ne la trouvant pas au salon aussi je me tourne vers Mrs Taylor qui s’active dans la cuisine. — Auriez-vous vu ma femme ?
— Oui, monsieur. Elle était là il n’y a pas dix minutes. Elle m’a dit vouloir prendre une douche pour se détendre.
Après un détour par mon bureau pour y déposer mes documents, je traverse l’appartement en direction de notre chambre. Ana n’y est pas, mais je l’entends agiter dans la salle de bain. La porte n’étant pas fermée, j’entre sans frapper. Je trouve Ana devant le miroir : elle enlève son chemisier et apparaît en sous-vêtements. Elle ne m’a pas vu. Je dévore son reflet dans le miroir. Malgré sa grossesse – ou peut-être grâce à elle – Ana est superbe. Ses seins sont plus lourds, avec des mamelons plus foncés bien visibles sous la dentelle blanche. Son ventre bombé qui porte mon enfant me fascine. Je devine en la voyant sursauter l’instant exact où Ana réalise ma présence derrière elle. Son corps se couvre de chair de poule. Le regard fixé sur elle, je me déshabille rapidement. Je vais prendre une douche avec elle afin de m’occuper d’elle, la savonner, la masser…
Ana se retourne et m’examine sans se cacher, un sourire aux lèvres, consciente de l’effet qu’elle a sur moi. Délibérément, elle se mord la lèvre…
Oh merde !
— Ana, non, dis-je, les dents serrées. Tu es fatiguée. — J’ai mal dormi, rien de plus. Ça arrive. Lorsqu’elle tend la main vers moi, je m’écarte. — J’ai dit non !
— S’il te plaît… geint-elle.
Je m’approche d’elle, la fait se retourner pour détacher son soutien-gorge puis je m’agenouille et fais glisser le long de ses jambes adorables sa petite culotte. Je dépose quelques baisers sur ses fesses rondes. Ana cambre les reins vers moi. Je me redresse et la pousse en direction de la douche.
— Mets les mains contre le mur.
Elle obéit. D’un genou passé entre les siens, je lui écarte les jambes. Je fais couler du gel douche au creux de mes paumes, les frotte pour obtenir une mousse onctueuse et odorante, puis je savonne Ana. D’abord ses épaules, que je masse longuement, avant de frotter son dos et ses flancs en petits cercles. Je lui prends les seins en coupe et les frictionne doucement. Elle gémit au contact de mes mains. Incapable de m’en empêcher, je pince légèrement ses mamelons érigés. Ma main droite descend sur son ventre, son mont de Vénus, et passe entre ses jambes. Ana plie légèrement les genoux pour me donner meilleur accès. Son sexe est trempé, brûlant. Je colle mon corps au sien par derrière tout en la caressant, je tremble de désir. Lorsque je la pénètre d’un doigt, elle ondule et pousse de petits cris inarticulés. Elle en veut davantage.
Elle en veut toujours davantage, Grey. — Ana, ne bouge pas.
Elle ne m’écoute pas. Je n’ai pas l’intention ce soir de lui enseigner la discipline ou le self-control. Elle est trop fragile ces derniers temps. J’ai peur de la prendre trop brutalement, mais je ne veux pas non plus lui refuser ce qu’elle demande. Je décide donc de lui faire l’amour, tout doucement.
Je n’en ai pas le temps. Ana se retourne et chuchote : — Moi aussi, je veux te laver. D’accord ?
Je hoche la tête. Comme moi, elle remplit de gel ses paumes et les plaques sur mon torse. Toutes mes synapses s’enflamment à son toucher. Je regarde ses doigts frotter mes zones autrefois interdites, mais aucun mauvais souvenir n’est lié à Anastasia. Avec elle, il n’y a que plaisir, chaleur et amour. Ses doigts délicats descendent sur mon ventre, mes hanches, puis me caressent les bourses. Oh bordel ! J’en ai le souffle coupé. De l’autre main, Ana saisit ma queue et son pouce effleure mon gland turgescent où perle une goutte de fluide. C’est à mon tour de pousser un cri désespéré qui réclame davantage.
L’eau brûlante dégouline sur ma tête, mon cou, mes épaules, emportant avec elle la mousse dont Ana m’a enduit. Je vois ma femme tomber à genoux et, avant que j’aie pu protester, refermer sur moi ses lèvres pulpeuses. Quand sa langue me caresse d’un geste circulaire, des frissons de plaisir me parcourent le corps : toutes mes terminaisons nerveuses s’électrifient sous cet assaut inattendu. Argh. Ana montre un tel enthousiasme que je ne vais pas tenir longtemps, j’en suis certain. J’hésite à l’arrêter. Ce matin, elle n’allait pas bien, ce soir, c’est une tentatrice, une sirène, une enchanteresse. Je suis surpris par sa
réaction – une fois de plus. Dès le premier jour, j’ai été attiré par le contraste entre son attitude soumise et l’audace de ses paroles, de ses réactions. Elle n’a pas changé.
Grey, tu as les genoux qui tremblent, tu vas te casser la gueule.
Je dois placer un bras contre le mur pour maintenir mon équilibre. Ana n’a rien remarqué, trop prise par l’ardeur de ses caresses. Elle est déterminée à me faire jouir.
— Baby… Tu es sûre que… ?
Elle renverse légèrement la tête, ce qui me permet de pénétrer sa gorge plus profondément, et m’adresse un regard brûlant à travers ses longs cils. Puis elle aspire… ce qui me paraît être une réponse en soi. En fait, c’est aussi une prise de possession. Ana me marque de son sceau.
Je pousse un grondement érotique en sentant ses dents m’effleurer. Il y a deux jours que je ne l’ai pas baisée, alors mes capacités à me retenir sont minimes. Je cède. Pendant que je me vide dans sa bouche, je la vois fermer les yeux et sourire. Elle accepte tout ce que je lui donne et avale. Lorsqu’elle s’écarte, elle se lèche les lèvres. Elle sourit toujours.
Je me penche pour la prendre sous les bras, je la relève contre moi et je l’embrasse avec passion. J’ai envie de la baiser sous la douche, mais j’ai peur qu’elle ait froid. Je veux prendre mon temps avec elle, je veux être doux, patient et amoureux.
— Viens, Ana, je vais te sécher. Le dîner attendra. Nous allons…
— Je ne suis pas en sucre. Je ne vais pas fondre. D’après ce que j’ai lu, les endomorphismes sont exactement ce qu’il…
Pour la faire taire, je l’embrasse. Je ne veux pas qu’elle s’énerve, je suis prêt à répondre à tous ses désirs. Ou presque.
— D’accord, baby.
J’empoigne d’une main ses cheveux trempés pour lui renverser la tête en arrière tandis que je dévore sa bouche. Je la fais reculer jusqu’à notre chambre, jusqu’à notre lit où je la fais tomber. Ana, perdue dans un tsunami de sensations, ne réalise même pas ce qui se passe. Je retiens mon poids sur mes coudes tandis que je la regarde s’agiter sous moi et presser et ses hanches contre les miennes. J’ai toujours prétendu mieux connaître qu’elle son corps – et c’est la vérité : je sais qu’elle ne veut pas douceur et gentillesse. Elle a besoin d’être prise au sens le plus primitif qui soit. Si elle a réclamé la salle de jeu, c’est parce qu’elle a aussi besoin de baise tordue.
L’abandonnant sur le lit, je vais brancher mon iPod. La voix de Leonard Cohen, sirupeuse et rauque, émerge des haut-parleurs. Je passe ensuite dans ma penderie d’où je ramène une boîte en bois. Un kit de premier secours en quelque sorte. Ana écarquille les yeux lorsque je pose la boîte sur le lit à côté d’elle. Je l’ouvre pour en sortir des menottes en cuir. En les voyant, elle m’adresse un sourire éblouissant et me tend ses deux poignets. Oh baby… Je secoue la tête et referme un des bracelets sur sa cheville. Je resserre l’autre extrémité au niveau de son coude. Quand j’ai fait la même chose de l’autre côté, Ana est immobilisée, les jambes ouvertes – et son sexe rose et gonflé de sève parfumée est exposé devant moi. Ana cherche à se cambrer, ses seins engorgés doivent être douloureux. Je les caresse amoureusement, elle gémit en fermant les yeux.
— Non. Ouvre les yeux. Je veux que tu me regardes.
Elle reconnaît ma voix de dominant et obéit. Ses prunelles bleues sont noyées de désir. Je me penche pour refermer les lèvres sur son mamelon, que je suce et aspire tout en le mordillant. Puis je prends dans ma boite une pince à seins. Je referme les deux clips en les ajustant au niveau minimum de pression. Quand je tire sur la chaîne qui relie les deux, Anastasia pousse un cri.
— Chut, dis-je sévèrement.
Je me déplace sur le lit, entre ses jambes. Je mordille les tendons qui relient son aine à ses jambes. Je lèche ensuite la peau douce de son ventre. Son odeur intime devient de plus en plus chaude, de plus en plus musquée.
— Christian…
Réagissant à son ton suppliant, je frotte mon nez contre les plis humides de son sexe. Je referme ensuite les lèvres sur son clitoris, appliquant la pression nécessaire pour l’exciter sans la satisfaire. Elle ne peut rien faire d’autre que subir. Elle est attachée. Et la voir ainsi est un plaisir dont je ne me lasserai jamais. Sauf que… merde ! Je ne peux la prendre comme ça, je risque de trop peser sur son ventre. Donc je la retourne, à quatre pattes, le cul en l’air. Très délicatement, je la pénètre. Je n’ai même pas le temps de l’empaler complètement que déjà, elle jouit, je sens les spasmes de ses muscles internes me malaxer. C’est exquis. J’attends cependant être enfoui en elle jusqu’à la garde pour, à mon tour, céder au plaisir.
Il y a très longtemps qu’avec Ana, j’ai appris la différence entre baiser et faire l’amour. Mais là, une fois de plus, alors que chaque centimètre carré de son ventre se contracte sur mon sexe, je réalise combien elle est unique. Parce qu’elle est à moi. Elle est ma femme.
Dès que je reprends mes esprits, je la détache. Elle s’écroule inerte, sans force, sur le matelas. Je la surveille avec attention. Je ne l’ai pas emmenée dans ma salle de jeu, mais j’ai tenté quand même de répondre à sa demande. J’espère avoir réussi.
— Ça va, baby ?
— Oui…
— Ana, ne t’endors pas. Le dîner prêt. Il faut que tu manges. Elle ne répond pas. Elle s’est endormie.

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant