Enfin, des Nouvelles

3.7K 54 1
                                    

Christian
Mon téléphone sonne au moment où Taylor quitte la pièce. C'est ma mère.
- Bonjour, maman, comment vas-tu ?
- Chéri, je suis désolée de te déranger, mais j'aimerais organiser un repas familial pour Thanksgiving, comme chaque année. Le problème, c'est que tu es marié à présent... peut-être préférerais-tu passer les fêtes chez toi ? D'un autre côté, comme Anastasia est enceinte, je crois qu'il serait préférable pour elle de ne pas trop se fatiguer.
- Maman, nous avons le temps, c'est dans trois semaines... Écoute, je ne pense pas qu'il y aura de problème, Ana et moi viendrons volontiers à Bellevue. Je lui en parle et je te confirme tout ça, d'accord ?
- Oui, merci. J'avais pensé aussi inviter Raymond Steele.
- Excellente idée. Tu as son numéro de téléphone ?
- Oui, bien sûr. Nous avons bien sympathisé, tu sais, après son accident. Et Ana, ça va ?
- Très bien. Elle dort beaucoup. Je la surveille, ne t'inquiète pas.
Je n'ai pas plutôt raccroché que Welch appelle. Je le prends instantanément. - Des nouvelles ?
- Oui, monsieur. Suite à la remarque de Mrs Grey que vous m'avez transmise, nous avons surveillé le jeune amant de Ms Mitchell.
- Oui et alors ?
- Il s'appelle Fred Reed. Ce nom ne me dit rien du tout.
- Et alors ?
Je déteste perdre mon temps. Que Welch en vienne au but !
- Et alors son oncle, Lou Reed, travaille comme reporter indépendant, c'est une des plumes les plus virulente du Seattle Nooz.
- Je ne me souviens pas de lui. La dernière fois que j'ai affronté la presse, le seul qui ait donné son nom, c'était Al James, du Seattle Celebrity News, un petit gros au visage poupin.
- J'ai aussi son dossier, la police ne l'a pas arrêté après cet attroupement devant SIP. Mais Lou Reed, lui, a été interpellé
- Vous avez sa photo ?
- Oui.
- Décrivez-le-moi.
- Petit, chauve, ventripotent. Il a...
Je l'interromps.
- Il était là, il s'est montré particulièrement hargneux envers ma femme.
Je me souviens des questions que cet enfoiré m'a hurlées : Mr Grey, est-ce parce qu'elle était enceinte que vous avez dû épouser Mrs Grey ? C'est l'explication de ce mariage précipité ? Avant de s'en prendre à Ana : Hyde était-il votre amant ? Est-il le père de votre enfant ?
Je reprends, en colère :
- Bien, cette fois, nous avons un coupable plausible. Mais ça n'a rien à voir avec Linc. Merde !
- Effectivement. Mr Lincoln semble avoir disparu. - Cherchez-le ! Et Hyde ?
- Eh bien, j'ai une surprenante nouvelle à son sujet. Il y a eu une violente bataille entre détenus à King Country, la prison où il se trouvait. Hyde a été frappé et atteint à la tempe. Il est resté quelques heures dans le coma. Depuis qu'il a repris conscience, il a été envoyé en psychiatrie. J'ai été vérifié, Mr Grey, il est devenu fou - et dangereux qui plus est. Il ne sera probablement pas jugé. Il passera le reste de vie dans une camisole et une cellule capitonnée.
D'abord choqué, je réfléchis rapidement à ce nouvel aspect du problème. Pas de jugement ? Je ne peux pas dire que je le regrette. Je ne veux pas qu'Ana ait à témoigner devant un tribunal, ni qu'elle revive l'épreuve de son agression... Cette attaque contre Hyde tombe à pic. Un peu trop d'ailleurs, je ne crois pas aux coïncidences. Taylor et moi n'avons jamais plus évoqué cette discussion chuchotée au chevet d'Anastasia, à l'hôpital...
*
- Taylor, je ne veux pas que Hyde puisse à nouveau menacer ma famille. Si ce fumier n'est pas condamné à passer vingt ans en taule, je veux un plan B.
- Je m'en occupe, monsieur.
*
Est-ce que Taylor serait intervenu ? Je ne le lui ai pas demandé... Quelque part, je préfère ne pas savoir. Voilà qui ne me ressemble pas, je suis le premier surpris de ma réaction.
- Ainsi, les deux Reed n'auraient pas d'autre complice ?
- Ils sont trois. Lou Reed est un paparazzi dans l'âme, il a deux neveux, Fred et Eric, qu'il emploie pour séduire et soutirer des infos aux femmes. Je pense que Fred Reed a approché Toya Mitchell pour un de ses clients, peut-être même Miss Kavanagh et votre frère. Mrs Grey n'a été qu'un bonus inattendu.
- Je suis d'accord, mais je préfère couvrir toutes les options. Continuez à faire surveiller Hyde, même en cellule capitonnée.
- Très bien. Je verrai avec Taylor...
- Welch, il se marie le 12 novembre, il sera ensuite absent quinze jours.
- C'est exact ! J'ai reçu son invitation. Je le tiendrai au courant, je suis certain qu'il voudra prévenir son équipe des précautions à prendre.
Après avoir raccroché, je fais quelques pas en direction de la fenêtre. De gros nuages s'amoncellent sur l'horizon, ce qui me paraît de sinistre augure. On frappe à la porte. Quoi encore ?
C'est Anastasia.
J'avance vers elle pour la prendre dans mes bras.
- Baby, je croyais que tu dormais. Elle m'examine avec attention.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu parais contrarié.
Bon Dieu, Grey, elle te déchiffre de mieux en mieux.
J'hésite un moment. Dois-je lui parler ? D'un autre côté, j'ai décidé de ne plus rien lui cacher.
- Tu te rappelles du jour où tu as discuté avec Kate de ta grossesse.
- Oui, et alors ?
Je répète ce que Welch vient de m'apprendre. Ana m'écoute, l'air soucieux.
- Pauvre Toya, elle va être dévastée d'avoir été trahie. Il paraissait si gentil envers elle !
- Je vais conseiller à Elliot de prendre une autre organisatrice.
- Inutile, Kate a tout annulé. Elle ne veut pas d'un mariage conventionnel avec la moitié de Seattle. Ses parents parlaient de trois ou quatre cents invités... Tu te rends compte ! Elle a dit avoir une autre idée.
- Laquelle ?
- Je n'en sais rien...
Bien, j'ajoute sur ma liste de faire pirater par Barney l'ordinateur de Kate - et celui d'Elliot. C'est la meilleure façon d'obtenir des renseignements fiables.
Ana paraissant toute triste, je décide de lui changer les idées.
- Ma mère vient de téléphoner, au sujet de Thanksgiving. Elle demande si nous voulons nous joindre au reste de la famille, à Bellevue. Elle aimerait aussi inviter Ray.
- Ce sera notre premier Thanksgiving ensemble ! Elle a le visage décomposé.
- Baby, qu'est-ce que tu as ? Tu ne veux pas diner à Bellevue ?
- Si, bien sûr... au contraire, j'y tiens ! Thanksgiving est une fête de famille. Quand j'étais enfant, chaque année... je me sentais tellement seule, même avec mon père ou ma mère. J'ai toujours rêvé de grandes réunions, je voulais du bruit, des rires, des tas d'enfants qui courent partout...
Elle s'interrompt avec un sanglot étouffé.
- Eh bien, je ne peux pas te promettre les enfants, vu que Junior sera un peu trop jeune pour participer. Mes question bruit, il y aura Mia. Et comme elle est très puérile, tes vœux seront comblés.
- Super ! s'exclame-t-elle avec un grand sourire. Et je vais te faire une promesse, Mr Grey : l'an prochain, nous ferons notre première célébration chez nous, dans la grande maison. D'accord ?
- Tout ce que tu veux, baby. Mon but dans la vie, c'est de te satisfaire.
Plus tard
***
Je trouve un moment dans la soirée pour téléphoner à mon psy, John Flynn.
- Bonsoir, Christian. Je m'apprêtais à partir. J'espère que tout va bien de votre côté ?
- Oui, John, mais j'ai besoin de vous parler.
- Je dois rentrer chez moi et surveiller mes garçons, ma femme étant de sortie ce soir avec d'anciennes amies de son lycée. Accepteriez-vous une brève consultation par téléphone ?
- Oui, bien sûr. Je n'en ai pas pour longtemps.
- Je vous écoute.
Je ferme les yeux avec un soupir, puis je lui explique mon problème : je connais le nom des deux salauds qui répandent sur ma femme les pires des commérages. J'ai pourtant la certitude qu'il y a quelqu'un d'autre derrière cette histoire. Ça me paraît... absurde. Et l'énoncer à haute voix n'arrange rien.
- John, à votre avis, je suis paranoïaque ?
- Parce que vous croyez que la presse people est braquée sur vous et sur votre jeune épouse ? Non, c'est certainement la vérité. Maintenant, s'il y a davantage, je n'en sais rien.
- Je ne voulais plus qu'Ana participe au mariage Kavanagh avec Toya Mitchell et tout est annulé. Ça tombe bien ! Ce n'est que partie remise, j'en suis conscient. Si j'interviens, ça va encore faire un drame, aussi bien avec ma femme qu'avec la Walkyrie.
- De plus, je doute fort qu'Anastasia vous obéisse. John n'a pas tort. Il reprend avec force:
- Christian, faites confiance à votre femme. Après ce qui vient de lui arriver avec Hyde, je doute fort qu'elle prenne de nouveaux risques. Elle est toujours accompagnée d'un agent de sécurité, non ?
Oui, mais Sawyer a déjà été berné par Anastasia. Deux fois ! Taylor a beau affirmer qu'il cherche à se racheter, il me faudra longtemps pour oublier son erreur de jugement.
- Christian ? Insiste John, étonné par mon silence.
- Oui.
- Je vois. Vous voulez mon avis, le voilà : parlez à Anastasia, expliquez-lui le problème, et ensuite, traitez-la comme une adulte. Elle est enceinte, vous ne devez pas à la stresser plus que nécessaire, mais elle risque d'avoir un comportement... lunatique. C'est normal. Je sais de quoi je parle, ma femme m'a donné deux enfants.
Lunatique ? Encore plus lunatique qu'elle ne l'est déjà ? Bon Dieu, je n'y survivrai jamais. Je reçois un SMS d'Anastasia.
Le dîner est servi, Mr Grey
Nous t'attendons tous les deux, ta dévouée épouse et Petit Pois
Malgré moi, je souris.
- John, Anastasia m'attend pour dîner. Passez une bonne soirée.
- À bientôt, Christian. Et tâchez de vous détendre, vous en avez besoin.
***
Après le diner, je demande à Ana si elle tient à se coucher tôt. Elle baisse les yeux pour répondre :
- Non, monsieur.
Je me fige. Très lentement, je me retourne, le regard assombri, les narines frémissantes. Je la prends dans mes bras et la plaque contre moi. La tenant par le menton, je lui renverse la tête pour scruter son visage. D'un geste délibéré, elle se mord la lèvre.
- Mrs Grey, tu ne devrais pas me provoquer. Est-ce que tu sais à quel point tu es belle ? À quel point je te désire ?
Elle secoue la tête. En silence.
- Ne te mords pas la bouche, baby. Je veux que ce soit moi qui le fasse.
Me penchant vers elle, je saisis entre mes dents cette lèvre délicieuse. Ana gémit et libère ses mains pour prendre mon visage en coupe. Nos langues se cherchent, se trouvent, et dansent l'une contre l'autre. En un seul baiser, nos âmes se rejoignent.
Lorsque je relève la tête, j'ai le souffle court. Elle aussi.
- Anastasia, qu'est-ce que je vais faire de toi ?
- Je suis certaine que tu trouveras, Christian. Je t'aime. Aujourd'hui, maintenant, à jamais.
En principe, j'ai du travail. Je m'en fous. Je m'en occuperai plus tard. Pour le moment, je n'ai qu'une idée en tête : baiser ma femme. Et John m'a bien recommandé de me détendre non ? C'est exactement mon intention. J'ai dans les bras le meilleur moyen du monde de faire baisser ma pression.
Je soulève Ana.
- Viens.
- Oui, monsieur.
Je grimpe déjà l'escalier vers la salle de jeu.

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant