Week-end Camping Printemps 2018

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2018
Christian


- Ted, pousse-toi de là et laisse ton grand-père récupérer ce poisson !


- Mais grand-père a dit que je pouvais l'aider !


Ted est tout excité, c'est bien normal de la part d'un enfant de six ans qui découvre les joies de la


pêche. Ray se tourne vers moi avec un sourire :


- C'est bon, Christian, ne t'inquiète pas, il ne fait que nettoyer mes prises. Je le surveille, il ne


risque rien. C'est moi qui manie le couteau.


Effectivement, je tiens à ce que mon fils conserve ses dix doigts. S'il est aussi empoté que sa mère -


surtout à la pêche - il va certainement se blesser. J'ai confiance en Ray ; mon beau-père, ancien militaire,


a également exercé dans la police en revenant dans le civil, il est capable de veiller sur Ted. Et il y a


Ettore Cusco, l'agent de sécurité de mon fils. Si Ted tombe à l'eau, je préfère que ce soit cet Italien dans


la force de l'âge qui aille le récupérer. Ray est resté fragile depuis son accident en 2011. De plus, même


s'il en parle peu, je sais qu'il a des problèmes cardiaques. Ana s'inquiète souvent à l'idée qu'il vive tout


seul. Elle prend de ses nouvelles aussi régulièrement que possible.


Mon frère cherche à me rassurer :


- Du calme, frangin, Ray connaît la pêche bien mieux que toi. Il sait y faire avec mon filleul.


Regarde-les tous les deux : grand-père et petit-fils s'amusent autant l'un que l'autre !


Il a raison, j'en suis conscient, mais ça me fait un drôle d'effet qu'il me donne des conseils. Depuis


quand est-il si sérieux ? La paternité l'a drôlement changé !


Je proteste, plus par habitude que par réelle contrariété :


- Elliot, fou...


Merde, Ana ne veut pas que je jure devant Ted ! Je reprends très vite :


- ... fiche-moi la paix. Les accidents, ça arrive, même si on surveille un enfant de très près. Je ne


veux pas voir mon fils avec un couteau pointu dans la main. Il est bien trop jeune.


- Tu as intérêt à ce que Ray ne t'entende pas. Il n'apprécierait pas que tu le croies incapable de


veiller sur Ted.


- Mais non, ce n'est pas ça du tout... Merde !


Je jette un coup d'œil coupable en direction de mon fils Ouf ! Passionné par sa tâche, il n'a pas


entendu de mon lapsus. Ray affiche un sourire complice, affectueux... je ne peux rien faire. Je soupire,


résigné. Ray m'a déjà expliqué que, des années durant, il a tenté de convaincre sa fille unique des joies


de la pêche. En vain. Il a été obligé de se rabattre sur le fils de son vieil ami Rodriguez : José. Grrrr. Ce


nom-là me laisse toujours un goût amer dans la bouche. J'ai cru être débarrassée de ce freluquet avant

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant