Fringales

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Christian
En revenant tard après une journée chargée, je trouve Ana dans notre chambre, elle s’est endormie, la main posée sur mon oreiller. Son comportement a changé depuis qu’elle est enceinte : elle a toujours faim – ce qui m’enchante – et elle a encore plus sommeil que d’ordinaire. Je la contemple avec amour. Elle paraît si jeune. J’ai envie de la prendre dans mes bras, de la serrer très fort, mais je veux qu’elle se repose le plus possible. C’est fatigant pour elle, dans son état, de rester debout toute la journée. Je tourne la tête en direction de la fenêtre, il pleut, c’est même de la neige fondue.
De la neige à Noël, c’est logique. Bientôt les fêtes de fin d’années, nous les passerons en famille chez mes parents, à Bellevue. J’ai plusieurs fois rappelé à ma sœur qu’elle ne cherche surtout pas à transformer ça en cirque : pas question qu’elle invite je ne sais combien de prétendus amis. Elle s’est vexée, il y a déjà deux jours qu’elle ne m’appelle plus.
Je passe dans la salle de bain, prendre une douche, j’ai du travail ce soir et je n’ai pas sommeil. L’adrénaline me fait toujours cet effet, autant en profiter pour régler quelques affaires en cours.
Le lendemain
***
Je suis assis au comptoir, comme tous les matins, à siroter mon café quand Ana apparaît dans une robe bleue qui rend les yeux encore plus lumineux. Elle porte les cheveux attachés en queue de cheval. J’adore les week-ends quand je peux profiter de ma femme sans la voir partir, à peine son petit déjeuner avalé.
Mrs Taylor sert à Ana des crêpes au blé complet et des fruits frais. Ana dévore comme si elle jeunait depuis six mois. Elle a fini en un rien de temps. Puis elle se tourne vers moi :
— Je suis désolée de m’être endormie hier soir, Christian. J’ai voulu t’attendre, j’ai cherché à lire, mais je n’arrivais pas à garder les yeux ouverts.
— Ce n’est pas grave, baby…
Je vérifie que nous sommes seuls dans la cuisine, c’est le cas. Je chuchote :
— Tu m’as manqué… Que veux-tu faire ce matin ?
— C’est le week-end, monsieur, répond-elle, les yeux baissés.
Tout mon être s’enflamme. « Monsieur » ? Ana n’emploie cette formule que lorsqu’elle veut se rendre dans la salle de jeu et explorer ses limites. Pourquoi pas ? Je la désire, désespérément, comme toujours. Elle m’a démontré, encore et encore, que la grossesse était un état naturel chez une femme, chez la mienne en tout cas, ça ne fait qu’exciter ses hormones : Ana est plus avide de jouissance que jamais.
— Je n’ai pas fini mon journal, Mrs Grey. Je pense en avoir encore pour quelques minutes. Va te préparer et attends-moi… Tu sais quoi faire.
— Oui, monsieur.
Je la regarde quitter la pièce d’un pas dansant. Elle n’a jamais été ma soumise, elle n’a jamais eu le moindre atome de soumission dans son corps adorable, il n’y a que dans la salle de jeu qu’elle obéit et se prête à tous mes caprices. J’espère que je n’en abuserai jamais. Plus jamais en tout cas.
Cinq minutes après, n’ayant pas lu une seule ligne du Seattle Times que je tiens à la main – étrange comme ce journal m’est devenu parfaitement antipathique. Je présume que c’est parce que Kate Kavanagh y travaille… Pas à dire, j’ai la rancune tenace.
Foutaises, Grey, tu as toujours traité le ST de torchon !
Je passe dans notre chambre afin de me changer. Je trouve sur le lit le jean délavé qu’Ana m’a préparé – la petite sournoise, elle avait prémédité son coup. Ça mérite une punition… Que vais-je lui faire aujourd’hui ? Différentes images me viennent en tête, j’en écarte quelques-unes – pas de positions acrobatiques dans son état. Je ne veux pas prendre le moindre risque avec Junior. Ma femme veut jouer ? D’accord, je vais la satisfaire, mais à mes conditions. J’ai la gorge serrée par le cadeau qu’elle fait, une fois de plus : sa confiance absolue.
Je monte l’escalier d’un pas décidé, les sens aux aguets. Je n’entends rien.
La porte de la salle de jeu est entrouverte, je la pousse, doucement… Elle est là. Agenouillée, dans la position que je lui ai apprise, la tête baissée, les mains offertes sur ses cuisses écartées. Elle a détaché ses cheveux et ne porte qu’une culotte bleue en dentelle et satin. Je suis presque certain qu’elle me jette un coup d’œil, à travers ses cils. Je fais semblant de ne pas le remarquer. Autrefois, j’aurais sévèrement réprimé ce genre d’audace, mais nous n’en sommes plus là. Dieu merci ! J’en ai presque le vertige en réalisant le chemin parcouru en quelques mois.
— Ainsi, tu veux jouer.
— Oui, répond-elle.
Non, ça ne va pas du tout. Je veux bien lui passer le regard, mais il y a quand même un rituel à respecter. Je veux qu’elle se rappelle des règles. Je ne dis rien. J’attends, un sourcil levé. Au bout de quelques secondes de silence pesant, Ana remonte les yeux tout doucement, le long de mon jean – elle s’attarde un moment au niveau de mon entrejambe, puis sur mon ventre, dont les muscles sont déjà raidis de désir. Manifestement, ma femme me boit des yeux. Elle a la bouche entrouverte, on dirait un assoiffé en plein désert ayant trouvé une oasis. Quand son regard croise les miens, mes synapses s’enflamment, je la désire. Si fort. J’ai la sensation que mon envie d’elle émane de moi par vagues brûlantes… les ressent-elle ?
Quand je fronce les sourcils, elle paraît inquiète.
— Oui qui ? dis-je, d’un ton menaçant. Elle souffle, d’une voix exsangue :
— Oui monsieur.
Oh baby… tu es une sorcière, une enchanteresse, une fée.
Je lui tends la main pour l’aider à se relever. Puis j’enroule mon poignet autour de ses cheveux afin de la maintenir en place avant de lui dévorer la bouche, avec une férocité qui me fait trembler de la tête aux pieds.
Quelque part, l’atmosphère de cette salle agira toujours sur moi, je suis un dominant ici, plus que nulle part ailleurs. Anastasia le sait. Elle a délibérément choisi de monter, consciente de la jouissance qu’elle retire de notre baise tordue. Tant mieux. Je veux que ce soit le pied pour nous deux.
— Regarde-moi, dis-je. Elle obéit en silence.
— Tourne-toi.
Quand elle l’a fait, je réunis la masse de ses cheveux pour en faire une longue tresse. Puis je tire un coup sec. Quand Ana, forcée par mon geste, renverse la tête en arrière, je l’embrasse sur les lèvres d’abord, sur la gorge ensuite.
Puis je la conduis jusqu’au lit.
— Enlève ta culotte…
Elle obéit, trop vite, aussi je l’arrête : — Lentement…
Elle s’est figée, légèrement penchée en avant, un genou plié ; on dirait Bambi sur la glace. Elle est adorable. Quand elle se redresse, entièrement nue, j’ai une telle érection que c’est douloureux. Peu importe, je suis toujours aussi partisan du plaisir qui se fait désirer. La gratification ensuite n’en est que meilleure.
— Mets-toi à genoux au pied du lit.
Je vais jusqu’à ma commode à accessoires d’où je tire divers objets, sans les montrer à Anastasia. Quand je reviens vers le lit, elle me surveille, les yeux légèrement écarquillés. Bien entendu, mon premier geste est de lui tendre le bandeau dont je vais l’aveugler. Elle esquisse un sourire et oriente la tête pour me laisser lui passer l’élastique. Ensuite, très lentement, je la fais se pencher en avant jusqu’à ce que son torse soit posé sur le matelas. Passant derrière elle, je lui écarte les genoux sur le lit.
Je lui caresse les flancs, les seins. Quand elle se cambre, je pose la main au creux de ses reins pour l’en empêcher.
— Chut. Et ne bouge pas.
Elle gémit en guise de protestation.
— J’ai dit : ne bouge pas, Anastasia.
Pour la punir, je la titille, à peine des affleurements, de quoi l’exciter sans la satisfaire. Elle se tortille, sans faire un seul bruit. Je me relève pour mettre de la musique, Touch Me34 de Rui Da Silva35, qui tournera en boucle durant toute notre session.
— Anastasia, je suis ton mari, pas ton dominant. Si quelque chose ne te plaît pas, dis-le-moi. Si tu veux t’arrêter, dis-le-moi. D’accord ?
— Oui monsieur.
— Je vais utiliser ça sur toi, tu le reconnais ?
Je caresse ses reins tendus des mèches en daim de mon martinet, elle gémit. Je la frappe sur les fesses, de ma main nue, et je répète plus sèchement :
— Tu le reconnais
— Oui monsieur.
— Combien de coups, Anastasia ? Dix ou quinze ?
— Quinze, monsieur. Oh bordel ! Volontiers.
— Compte avec moi.
J’hésite un moment à utiliser la barre d’écartèlement, je le ferai si elle bouge, mais je suis presque certain qu’elle ne s’y risquera pas. Après tout, c’est elle qui a choisi le chiffre maximum. Elle est partante, elle est avec moi. Elle a le cul en l’air, le sexe déjà ouvert et moite des sucs de son désir. De la main, je lui flatte les reins, puis plonge de droit en elle, en les faisant tourner. Elle geint. Je m’interromps et lui malaxe à nouveau les fesses. Puis je lève le martinet que j’abats, avec force, sur son cul.
— Un… gémit-elle.
Je vise avec soin pour le coup suivant, qui l’atteint dans le pli des cuisses. Elle se cambre davantage et met une bonne seconde à retrouver son souffle.
— Deux.
Les coups continuent à tomber, Ana se tortille de plus en plus, sans tenter de resserrer les genoux. Je couvre toute la zone entre sa taille et ses cuisses, certains coups sont à peine effleurés, de vraies caresses, d’autres claquent plus sèchement. Elle réagit à tous avec les mêmes cris de plaisir, les mêmes petits halètements rauques qui me rendent fou. Je vois le sang commencer à colorer sa peau si blanche, qui devient hypersensible tandis que toutes ses terminaisons nerveuses se préparent au plaisir.
Après le dixième coup, je vérifie qu’elle apprécie vraiment le traitement en replongeant un doigt en elle. Elle est trempée. Je remonte très lentement entre ses fesses et caresse son anus sans le forcer. Anastasia s’est figée.
— Bientôt, baby. Bientôt… nous essaierons d’autres jeux.
— Oui monsieur.
Je reprends ma distribution, elle continue à compter. Quand c’est terminé, je tombe à genoux derrière elle et presse mon visage contre son cul adorable, y frottant le nez, les lèvres et le menton. Ana pousse un cri. J’insère ma langue en elle, puis je me redresse et à nouveau, titille son entrée interdite. Je lui tiens les cuisses à deux mains, l’empêchant de bouger, tandis que ma langue cherche à s’insérer le plus profondément possible. Anastasia se presse contre ma bouche, j’insère une de mes mains entre ses jambes. Dès que je presse son clitoris, je déclenche également son orgasme.
Elle frissonne encore lorsque je me débarrasse de mon jean pour la prendre par-derrière. Je la martèle, avec le besoin frénétique de la pénétrer jusqu’au tréfonds de son être, jusqu’à son cœur, jusqu’à son âme.
Je serre les dents, je veux qu’elle jouisse avec moi. J’accélère ma cadence et reviens entre ses fesses. Son anus est humecté de ma salive, mon doigt y coulisse sans problème. C’est mon index, non pas mon petit doigt comme la dernière fois. Ana pousse un cri. À travers ses chairs intérieures, je sens mon sexe en elle, c’est un contact très intime. Lorsqu’elle jouit, je le fais avec elle, et quand elle s’écroule sur le lit, je me laisse retomber sur le côté.
Anastasia a les yeux clos, le souffle rauque. Je ne suis pas rassasié d’elle, mais comme elle me parait fatiguée, je décide que notre prochaine session se passera sur le lit, avec elle sur le dos. Je vais lui attacher les quatre membres aux quatre montants du lit et…
Grey, et si tu lui demandais son avis ?
— Ana ? Tu veux dormir ? Ou tu veux continuer ?
— Je veux continuer, souffle-t-elle d’une voix cassée. Mais d’abord, je veux du chocolat.
— Du chocolat ?
Elle ouvre un œil lubrique.
— Et si je le mangeais sur toi ? Tu as déjà eu une pipe au chocolat ?
Quoi ? Je manque en faire une crise cardiaque. D’un autre côté… C’est tentant… Pourquoi pas ? En temps normal, dans la salle de jeu, je suis le dominant, c’est moi qui décide… C’est le monde à l’envers, mais quelle importance… ? J’en suis déjà à envisager le côté pratique. Il faut faire fondre le chocolat… À moins qu’il y ait de la glace au chocolat dans le frigidaire… Non. Mon sexe proteste à cette idée. Le chocolat fondu, c’est mieux… à condition qu’il ne soit pas bouillant quand même…. Puis-je demander à Mrs Taylor de s’en occuper ? C’est délicat…
Ana se redresse, elle a dû deviner mon dilemme.
— C’est moi qui vais faire fondre le chocolat, dit-elle.
— Habille-toi ! Pas question que Taylor tombe sur toi comme ça. Une chance encore qu’il y ait toujours un peignoir dans la salle de jeu !
Ana
***
Christian est enfermé dans son bureau, sans doute a-t-il du travail – comme toujours. J’ai un moment de libre, il n’est pas encore l’heure de dîner. Je suis un peu fatiguée et j’ai mal aux pieds. La journée a été longue. Plutôt que prendre une douche, je me fais couler un bain.
Dix minutes plus tard, j’entends un hurlement.
— Ana !
Oh… ça provient de la porte de la chambre. Christian doit me chercher. Je lève les yeux au ciel. Où veut-il que je sois ? Je crie à mon tour :
— Je suis dans la salle de bains.
Il ouvre la porte à la volée et me regarde avec des yeux ronds.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— À ton avis ? dis-je, quelque peu sarcastique.
— Mrs Grey, est-ce que tu te moquerais de moi par hasard ? Il s’approche de la baignoire pour demander :
— Tu as faim ? Gail vient de me dire que le dîner était presque prêt.
— Ça tombe bien, je commence à avoir un petit creux.
J’esquisse le geste de me relever quand Christian se précipite, en récupérant d’abord une épaisse serviette de toilette sur le radiateur électrique.
— Attends, baby, laisse-moi t’aider.
Il me prend par le bras, me fait sortir de la baignoire et m’enveloppe dans la serviette. Il me serre contre lui et m’embrasse au sommet de la tête.
— Merci, dis-je, contre sa poitrine.
Il se penche et dépose un tendre baiser sur mes lèvres. Mmm… Je m’alanguis en me disant que le dîner peut-être va attendre… mais déjà Christian s’écarte et me claque les fesses. Fort.
— Aïe !
— Dépêche-toi de t’habiller. Je vais dire à Gail que nous serons prêts à manger dans dix minutes.
— D’accord.
Je parle à son dos, il s’en va déjà. Je me frotte les fesses avec un sourire.
Le dîner est délicieux : un rôti de bœuf avec des pommes de terre sautées et des haricots. Je me régale à chaque bouchée et Christian me regarde manger avec un sourire. Parfois, il n’est pas difficile de lui faire plaisir, déclare ma conscience, elle m’adresse un sourire supérieur, assise à son bureau, occupée à lire un vieux grimoire recouvert de cuir… Je suis certaine que c’est pour se donner un genre. Ma déesse intérieure boude toujours d’avoir été privée de sexe dans la salle de bain.
***
J’ouvre les yeux très tôt le lendemain, la vessie pleine. Je vérifie le réveil, 6 h 03. Zut ! En général, je dors davantage. Christian est étendu à mes côtés, les yeux clos, une main posée sur mon ventre. Il a été tellement adorable hier soir, joueur et taquin, attentif à mon plaisir… du sexe vanille, tout à fait délicieux. Je ne regrette pas d’avoir sauté le dessert hier soir, au dîner. Je me demande quand même ce que Gail nous avait prévu.
Et je ne pense qu’à ça dans la salle de bain. J’ai faim. C’est vraiment incroyable ces fringales qui me viennent ces derniers jours. D’un autre côté, je préfère ça aux nausées. Est-ce que je pourrais ce matin oublier les toasts ? Je préfèrerais un petit déjeuner plus roboratif. Avant Petit Pois, je prenais du muesli et des fruits frais, mais aujourd’hui, ça ne me tente pas. Alors quoi… ? Une omelette comme celles que Christian apprécie – c’est-à-dire aux blancs d’œufs, 100 % protéines ? Non, pas vraiment. Je veux des calories…
Quand je reviens dans la chambre, je trouve Christian assis dans le lit. Il remarque sans doute mon expression crispée parce que son sourire disparaît.
— Qu’est-ce qui ne va pas, baby ? Encore des nausées ?
— Non, au contraire. J’ai faim, très faim. Qu’est-ce que je pourrais manger ? Il éclate de rire.
— Tout ce que tu veux, Ana. Même si tu me réclames un éléphant, je m’arrangerai pour qu’il te soit servi cuit à point.
Je fais la grimace.
— Non, pas d’éléphant. J’ai envie…
Je ferme les yeux, en envisageant mes options.
— J’ai envie de chocolat… Tu crois que Gail peut me faire des cookies ?
— Il est encore très tôt, elle n’est pas levée. Elle t’en préparera tout à l’heure, mais il doit bien y avoir quelques paquets de Pepperidge Farm®. Chocolat noir et noix de pécan, ça te va ?
— Ouiii, parfait.
— Et tu sais, mes talents culinaires sont exceptionnels devant un micro-ondes. Je devrais pouvoir te servir une tasse d’eau chaude pour que tu y trempes un sachet de tisane.
Je lui jette un regard noir. Ce n’est pas de la tisane que je veux, c’est mon thé préféré, le Twinings, mais Christian prétend que la théine est déconseillée à une femme enceinte. Je n’ai pas obtenu du Dr Greene une ordonnance affirmant le contraire. Peu importe. Ce matin, je me sens trop bien, je ne veux pas reprendre cette querelle que nous avons presque quotidiennement depuis trois mois.
Et puis, la menthe… Ce n’est pas si mauvais. Pour ne pas céder sans gloire, je marmonne :
— Je peux avoir de la glace à la vanille avec mes cookies ? Une fois de plus, Christian éclate de rire.
***
Vers 7 h 30, je me réveille en sursaut pour courir dans la salle de bain, poussée par un besoin urgentissime. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi la grossesse réduit la taille de la vessie. Bien sûr, Grace m’a expliqué que le poids du bébé créait une sorte de réajustement interne, mais quand même…
Christian a disparu. Il m’a annoncé hier soir que nous allions passer le week-end à Aspen. Je suis très excitée. Oubliant mon obsession pour la nourriture, je prends d’abord une douche rapide, puis je me sèche, je me coiffe et je m’habille décontracté – jean, sneakers et sweat-shirt à capuche. Quand je quitte la chambre, je fonce dans la cuisine voir si le petit déjeuner est servi. Non. Christian n’est pas là. Et Gail non plus, puisque c’est le week-end.
Je pioche quelques cookies maison que Gail a laissés pour moi dans une assiette. Je les grignote en faisant quelques pas dans le salon, pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. Il fait gris, mais il ne pleut pas… C’est déjà ça. À Seattle, État de Washington, on ne peut espérer du soleil trop souvent.
Ensuite, je pars à la recherche de Christian. Comme je m’y attendais, il est dans son bureau, dont la porte est ouverte. Depuis le seuil, je le vois, penché sur l’écran de son ordinateur. Appuyée contre le chambranle, je le regarde un moment sans manifester ma présence. Je ne sais pas ce qu’il lit, mais il paraîtrait très concentré. Pétard, qu’il est beau ! Parfois, ça me fait un choc de réaliser la chance que j’ai. Par contre, à ma grande surprise, il est encore en pyjama.
Au même moment, il se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres.
— Alors, Mrs Grey, la vue te plaît ?
— Je ne m’en lasserai jamais, Mr Grey.
Dès que je cours vers lui, il m’ouvre les bras, s’empare de moi et m’assieds sur ses genoux.
— Bonjour, baby.
— Christian, pourquoi ne m’as-tu pas réveillée quand tu t’es levé ?
— Parce que tu dormais paisiblement, je n’ai pas voulu te déranger. (Il pose son front contre le mien et me regarde, amusé.) Tu as déjeuné ?
— Non, pas encore, et toi ?
— Je t’attendais, répond-il, avant d’ajouter plein d’espoir : tu as faim ?
— Oui, tu sais bien que ces derniers temps, j’ai toujours faim.
— Je ne peux supporter l’idée de faire attendre l’estomac de ma femme. Allez viens, allons voir ce que nous pouvons trouver.
— Mrs Taylor n’est pas là ce matin.
— Je sais, mais nous réussirons bien à nous débrouiller.
— Tu vas m’aider ? Dis-je, impressionnée.
— Oui, pas question que tu te fatigues, je peux toujours porter les poêles, la vaisselle… (Il ricane.) Et toi.
— Christian ! Je peux quand même marcher.
— Je sais, mais j’aime bien te porter.
Et pour me démontrer son propos, il me soulève dans ses bras et m’emporte jusque dans la cuisine. Il me remet sur mes pieds une fois devant le frigidaire.
— Qu’est-ce que tu veux manger ? Demande-t-il, en ouvrant la porte.
— Hmm… Il y a sûrement des œufs, du lait, du bacon… Pourquoi pas des gaufres au chocolat avec du bacon ?
Christian me regarde, les yeux ronds.
— Du chocolat AVEC du bacon ? répète-t-il.
— Tu en veux aussi ?
— Pourquoi pas, mais dans deux assiettes différentes, mets-moi des œufs avec mon bacon, et garde le chocolat pour la gaufre.
— Pfutt, c’est d’un conventionnel !
Je me penche pour regarder à mon tour dans le frigo.
— Oh, super, il y a aussi des fraises.
— Mrs Taylor a dû penser que ça irait bien avec le bacon, répond Christian pince-sans-rire.

Livre 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant