Week-end suite 6

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Il colla son oreille contre le panneau de la porte en appuyant simultanément sur la clenche. Scarlett aboyait quelque part dans l'appartement et les rires de Julie répondaient aux jappements du Beagle. Nicolas se faufila dans le vestibule au moment où la fillette entrait en courant dans sa chambre, poursuivie par une Scarlett au mieux de sa forme.

- Nom d'une pipe ! tonna Marie de la cuisine. Allez-vous cesser tout ce vacarme, à la fin, toutes les deux ?

Nicolas eut un pincement au cœur en se demandant si cette scène banale n'appartiendrait pas bientôt au passé. Il posa sa sacoche sur l'écoinçon qui servait de meuble à téléphone et avança avec précaution jusqu'à la porte grande ouverte de la cuisine. En se penchant, il découvrit son épouse debout devant l'évier. Elle rinçait la vaisselle tandis que Sébastien l'essuyait. La mère et le fils conversaient à voix basse. Marie lui parut plus jolie qu'à l'ordinaire, dans son jean délavé et son tee-shirt élimé. Ses cheveux blonds cendrés, épais et détachés sur sa nuque, encadraient son mince visage dont la pâleur semblait réfléchir la lumière blanche du néon. Elle n'était pas maquillée. Pure et sans tache... « Tout le contraire de son crétin de mari  qui a peut-être gâché tout espoir de sauver son mariage... » se dit Nicolas en frissonnant.

- ... et quand aurez-vous les résultats ?

- J'sais pas car avec monsieur Ricauleau, on n'est jamais sûr de rien. Parfois, il rend les contrôles le lendemain et parfois, on doit attendre une quinzaine de jours avant d'obtenir nos notes...

- J'espère que tu as réussi, Seb, car le dernier devoir était loin d'être fameux, rappela Marie en jetant un coup d'œil au cadran de l'horloge murale... Que fait ton père ? Il est bien long à rentrer ce soir !

- Peut-être parce qu'il est déjà rentré ! fit Nicolas, manifestant ainsi sa présence.

- Tu nous espionnes depuis combien de temps ? s'écria Sébastien en lançant son torchon mouillé en direction de son père qui le rattrapa avec dextérité.

- Assez longtemps pour apprendre que tu as eu un contrôle de mathématiques et que tu as intérêt à nous rapporter une excellente note, fiston !

- Fiston ! se moqua l'adolescent en levant les yeux au ciel... Fiston ! Oh le ringard !

Puis il s'éclipsa. Nicolas s'approcha de Marie qui finissait de ranger la vaisselle, fit un geste pour l'enlacer mais la jeune femme se déroba.

- Nous t'attendons depuis un bon bout de temps... pourquoi rentres-tu si tard ?

- J'avais des choses à régler avec le directeur de l'UFR et il était plutôt loquace ce soir. Je suis désolé mais j'ai eu du mal à mettre un terme à la conversation.

Il évita de penser à l'autre raison qui avait contribué à le retarder encore davantage, prit un yaourt dans le réfrigérateur pour se donner une contenance car il sentait les yeux verts de Marie posés sur lui.

- Nous envisageons de lancer une nouvelle campagne de fouilles archéologiques autour de la Cathédrale, probablement dès l'été prochain... Monsieur Bertheuil voulait que nous en discutions un peu. Apparemment, le Ministère aurait enfin accepté de débloquer les crédits prévus pour la durée du chantier. C'est une bonne nouvelle, non ?

- Oui... certainement, répondit machinalement la jeune femme.

Nicolas eut l'impression qu'elle ne l'avait pas vraiment écouté.

- Et ta journée ?

- La routine, soupira-t-elle. Rien de bien passionnant... Ludivine est souffrante et j'ai dû la remplacer au pied levé pour honorer le rendez-vous qu'elle avait pris ce matin avec Maître Sonnier... Le reste du temps, je l'ai passé à classer des dossiers.

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