Samedi 25 Octobre, 8h45, La Forestière.
Sébastien courait vers la maison à travers champs en l'appelant. Elle ouvrit la fenêtre en grand, se pencha vers l'extérieur pour encourager son fils à accélérer car les trois garçons venaient de surgir juste derrière lui. Un coup de feu retentit brutalement et une tache de sang écarlate apparut sur la poitrine de Sébastien, grandissant de seconde en seconde, tel un coquelicot géant déployant ses pétales, jusqu'à recouvrir la totalité du tee-shirt. Au moment où l'adolescent chavirait sur la terre grise du sentier, Marie se réveilla en sursaut, la tête calée contre l'épaule de Nicolas, les joues mouillées de larmes. Un cauchemar ! Un horrible cauchemar qui concluait une nuit non moins terrifiante où ils n'avaient quasiment pas dormi, ni l'un ni l'autre. L'angoisse avait atteint son paroxysme lorsque un vacarme assourdissant, provenant du salon, avait soudain empli le silence nocturne, visiblement provoqué par une bagarre généralisée dans laquelle ils avaient cru deviner l'implication de leur fils. Ils avaient eu beau tambouriner à la porte pour qu'on leur ouvre, supplier qu'on leur permette de voir leurs enfants afin de vérifier qu'ils étaient en bonne santé ; la porte était restée désespérément close. Une fois le calme revenu, la porte s'était enfin ouverte sur le plus âgé des trois forcenés. Il avait fait quelques pas dans la chambre, la carabine pointée dans leur direction. Pendant une fraction de seconde, Marie avait eu la certitude que leurs enfants étaient morts et qu'on allait les exécuter à leur tour. Mais le garçon avait simplement déclaré que tout allait bien, qu'il fallait dormir à présent et rester tranquille. Le couple avaient dû se contenter de ces quelques paroles censées les rasséréner mais en ayant la conviction que les heures prochaines seraient décisives, à tout point de vue...
Une douleur lancinante commençait à irradier ses reins. Il fallait absolument qu'elle se rende aux toilettes. Quand elle tourna la tête vers Nicolas, elle s'aperçut que celui-ci était réveillé et qu'il l'observait.
- Putain, quelle nuit ! murmura-t-il en touchant son pansement . J'ai passé le temps à me demander comment nous allions faire pour nous débarrasser de ces tarés... Il faut qu'ils s'en aillent, aujourd'hui.
- Est-ce que tu te sens mieux? Ta blessure te fait-elle souffrir ?
Nicolas grimaça en appuyant légèrement sur son front.
- Je vais avoir une belle bosse, c'est certain, mais mon mal de crâne s'est atténué...
Ils se turent un moment pour écouter le silence qui régnait dans l'habitation.
- Je ne peux plus attendre, pleurnicha Marie en se touchant le ventre. J'ai envie de faire pipi depuis des heures et nous devons savoir comment se portent les enfants.
Nicolas lui caressa le dos, constata qu'il allait être neuf heures en regardant le cadran de sa montre. Un rayon de soleil se faufilait à travers les persiennes des volets et faisait briller des milliers de grains de poussière en suspension au milieu de la pièce. Nicolas décida qu'il était temps de manifester leur présence et il frappa à petits coups contre la porte. Quelques secondes plus tard, la clé remua dans la serrure. La porte s'ouvrit sur l'adolescent blond, ses yeux glacés et son fusil. Sa joue gauche était anormalement gonflée. Nicolas fit mine de n'avoir rien remarqué et se força à prendre un ton détaché :
- Bonjour, jeune homme... Bien dormi ?
Le garçon inclina la tête. Nicolas crut comprendre que ce mouvement signifiait « oui ».
- Je crois qu'il est temps de faire les présentations, n'est-ce pas ? reprit Nicolas en se demandant simultanément s'il ne devait pas tenter le tout pour le tout et essayer de récupérer l'arme.

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WEEK-END
Misterio / SuspensoA l'occasion d'un week-end dans leur maison secondaire de Giverny, Nicolas Derruau, son épouse Marie et leurs deux enfants sont victimes d'une agression menée par trois jeunes délinquants, fraîchement échappés d'un centre du nord de la France. Un vé...