Week-end suite 55

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Une vilaine boursouflure traversait le mollet de bas en haut mais au moins la plaie ne saignait plus. Nicolas protégea la blessure en l'enveloppant d'un mouchoir propre puis en posant un garrot. En serrant le lien, l'enseignant fit sursauter son épouse.

- Je t'ai fait mal ?

Elle ne voulait pas avouer qu'une douleur lancinante la harcelait depuis plusieurs heures. Il fallait qu'ils quittent cette maison coûte que coûte et elle devait se montrer courageuse. Elle s'effondrerait certainement, elle le savait bien, mais plus tard quand ils seraient tous en sécurité au village. Pour le moment, elle se devait d'être forte pour les enfants et parce qu'elle devait aider Nicolas à organiser leur périple à travers la forêt.

- Marie, tu crois que tu y parviendras?

La jeune femme lut sur le visage de Nicolas qu'il doutait qu'elle puisse réussir à parcourir plus de trois kilomètres à pied.

- Ce n'est pas prudent, insista celui-ci. Ta blessure est à peine refermée et...

- Je meurs de trouille, Nicolas... Je ne veux pas rester une minute de plus ici et puis je peux me débrouiller, tu sais... si nous progressons lentement.

Nicolas vérifia que les enfants - occupés à rassembler quelques affaires dans un sac en plastique avec Kate - n'écoutaient pas la conversation, puis ajouta dans un souffle :

- C'est cela qui m'inquiète, justement. Nous ne savons pas où se trouve le taureau ni même s'il est encore dans les parages mais imagine que nous nous retrouvions face à lui. Il faudra courir...

- Je sais... murmura Marie, les yeux embués de larmes. C'est pour cette raison que nous devons absolument récupérer la carabine. C'est le seul moyen que nous ayons de nous assurer un minimum de sécurité et garantir notre retour à Giverny.

- De toute façon, j'avais déjà prévu de retourner fouiller la 206... Avec un peu de chance, nous retrouverons l'arme et le chargeur pour mon téléphone portable... Si ce n'est pas le cas, eh bien tant pis, nous tenterons le tout pour le tout... Le taureau n'est peut-être plus là d'ailleurs. Mais, j'insiste Marie, s'il faut courir, tu ne pourras jamais, c'est une évidence.

- Qu'est-ce que tu me proposes alors ? demanda-t-elle avec véhémence. Que je reste ici, auprès de... de ce type qui me terrorise ?

- Il est inoffensif à présent...

- Mais le danger, c'est peut-être de rester ici, justement ! Qui te dit que cet animal ne va pas surgir d'un coup et investir encore une fois La Forestière ?

Nicolas soupira, se pencha vers Marie et prit son visage entre ses mains.

- Je n'en sais rien... Tout est possible ou envisageable. J'essaie simplement de te faire comprendre que nous allons prendre un risque important en partant d'ici, c'est tout !

- Nicolas, promets-moi quelque chose avant que nous partions !

- Je t'écoute...

Les joues de Marie étaient brûlantes dans sa paume et il se demanda si elle n'avait pas de la fièvre.

- Tu sauveras les enfants...

- Marie, non...

- Ecoute-moi, bon sang ! Si le taureau nous attaque, pense d'abord aux enfants et laisse-moi me débrouiller, tu entends ? Promets-le moi...

Il promit, sans réfléchir, car Kate et Sébastien revenaient de la cuisine, puis il serra Marie contre lui, murmura à son oreille qu'il l'aimait comme un fou.

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