Week-end suite 48

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Ils se penchèrent à nouveau sur le jeune homme. Kévin semblait totalement détendu. Il n'avait encore prononcé aucun mot depuis qu'il avait repris connaissance mais clignait des yeux à chaque fois que Nicolas lui demandait s'il se sentait mieux. Un filet de bave coulait encore de la commissure de ses lèvres que Nicolas essuya rapidement. Pour tenter d'enrayer la crise, il avait fallu l'aide de Johann et c'est ensemble qu'ils avaient tenu fermement les membres de Kévin, devenus aussi durs que du bois et qui s'agitaient dans tous les sens. Ils avaient été impressionnés par la série de convulsions fulgurantes et la respiration haletante qui s'échappait de la gorge du garçon tandis que ses yeux révulsés et vitreux roulaient comme des billes dans les orbites. Pendant quelques secondes, l'enseignant avait craint que Kévin ne fasse un arrêt cardiaque. Puis, brusquement, le corps s'était relâché, la respiration s'était apaisée. C'était presque comme si la crise n'avait jamais existé.

Au bout d'une demi-heure, Nicolas, Johann et Kate aidèrent Kévin à se relever pour le transporter dans le salon et l'allonger sur le divan. Le garçon avait perdu beaucoup de sang. Son front, ses joues, étaient vilainement entaillés. Kate plongea le coin de son mouchoir dans un verre d'eau pour humecter les lèvres du blessé. Nicolas déboutonna la chemise du jeune homme et découvrit un abdomen gonflé, presque noir. La voiture devait rouler à vive allure au moment où elle avait percuté les arbres. Le choc avait projeté les passagers à travers l'habitacle et même hors de celui-ci puisque d'après le témoignage de Johann, Christophe avait été tué sur le coup en pulvérisant le pare-brise.

Il fallait agir vite à présent et regagner le village pour prévenir les secours. La crise d'épilepsie de Kévin n'était peut-être que la manifestation d'une grave blessure interne. Un organe vital voire plusieurs pouvaient avoir subi des dommages irrémissibles. Ce ventre noir, tuméfié, était très préoccupant... Kévin risquait de mourir à chaque instant. Il devait absolument recevoir des soins appropriés.

Comme s'il avait deviné les pensées de l'enseignant, Kévin se redressa difficilement et parvint à murmurer quelques mots.

- Je ... souffre beaucoup, monsieur... Il faut m'emmener à l'hôpital.

- Tu as perdu connaissance un bon moment puis tu as fait une crise d'épilepsie, tu t'en souviens ?

- Non... Je me revois dans la salle de bains et c'est tout...

- Tu es sujet à ce type de crise ? insista Nicolas.

- Non, c'est la première fois... J'ai besoin d'un médecin... Mon ventre est tout gonflé et j'ai très mal.

- Moi, je me tire , gronda Johann au-dessus du blessé. Je vais pas rester ici à attendre les flics.

- Tu feras ce que je te dirai de faire, c'est compris ! rétorqua Nicolas en le poussant contre la cloison. Tu pourras te tirer si c'est ce que tu veux et abandonner ton copain mais avant tu vas m'accompagner sur les lieux de l'accident. Je veux récupérer le fusil et avec un peu de chance le téléphone portable de mon épouse qui devait se trouver dans le véhicule.

- Fais-le, Johann, ajouta Kévin. S'il te plait...

L'adolescent se dandina un moment d'un pied sur l'autre, en proie à l'hésitation puis finit pas accepter la proposition de Nicolas.

- Alors, on est bien d'accord, hein ? Je vous guide jusqu'à la bagnole puis vous me laissez partir...

Nicolas promit, sans réfléchir, car ce n'était plus le moment de tergiverser puis il se tourna une nouvelle fois vers Kévin.

- Evite de bouger... Nous allons essayer de faire vite... Si je retrouve le téléphone, je pourrai appeler les ambulances. Sinon, j'essayerai de descendre jusqu'au village.

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