- Les ambulances et la gendarmerie arrivent, leur cria Kate Silcox de la grille du jardin.
Nicolas lui fit un signe de la main. Elle revenait de la maison voisine de celle de Bérengère où elle avait pu téléphoner à ses parents pour les rassurer. Elle n'avait pas donné de détails. Elle avait simplement insisté en répétant plusieurs fois qu'elle allait bien, qu'elle rentrerait bientôt à la maison. Elle leva son visage vers le ciel, laissa la pluie froide la laver.
- La nièce de votre amie, son compagnon et Philippe sont restés pour réconforter monsieur Dufour, ajouta la jeune fille en rejoignant la petite famille. Il est en état de choc, le pauvre... et il y a les enfants.
Elle s'installa face à Nicolas.
- Et toi, Kate, comment te sens-tu ?
Elle le regarda un instant avec un pincement au cœur car il était plus que probable qu'elle ne le reverrait plus jamais après aujourd'hui. Elle haussa les épaules, frissonna.
- Nous verrons demain comment je vais car pour le moment, il est trop tôt pour le dire...au moins, je suis vivante, n'est-ce pas ?
- Et tu as sauvé la vie de Julie, dit Nicolas, désignant du menton la fillette qui dormait sur ses genoux. Je ne l'oublierai jamais, ni Marie. Sans toi...
Submergé par l'émotion, il ne put terminer sa phrase. Au même moment, une sirène d'ambulance retentit, quelque part sous la pluie, le son prenant de l'amplitude de seconde en seconde. Nicolas se leva et marcha jusqu'au canapé où il allongea Julie avant de la recouvrir d'une couverture que Clara avait rapportée de la chambre de Bérengère, tout à l'heure, avant de rejoindre ses enfants chez monsieur Dufour. Puis il enfila son manteau trempé.
- Je vais chercher ma femme, murmura-t-il.
Sébastien et Kate le regardèrent sortir lentement de la maison.
Un bruit sec le réveilla de sa profonde torpeur. Une odeur rance, nauséabonde, l'assaillit immédiatement et il constata qu'il avait vomi. Sa gorge le faisait atrocement souffrir. Un gout métallique, désagréable, emplissait sa bouche. Il toussa, cracha du sang. Il pensa à ses parents, aux dernières années de son enfance gâchées par leur perversité. Il se remémora aussi ce voisin à qui on l'avait jeté en pâture. Il aurait tant voulu connaître un autre destin, vivre tranquillement ce que vivaient la plupart des garçons de son âge : les études, les copains... les premiers flirts. La gravité ne l'avait jamais quitté. Il n'avait pas su affronter son passé ni s'en servir positivement pour mettre en œuvre une capacité de résilience comme avait dit le psychologue du centre. Il n'avait été juste bon qu'à s'associer à deux mômes aussi tordus que lui et à terroriser une famille entière.
Il songea à Marie, tout à coup. Où était-elle ? Il eut beau chercher dans sa mémoire, il était incapable de se souvenir de ce qui s'était passé après le moment où elle avait quitté la pièce pour aller se préparer du thé. Ensuite, il avait eu la sensation d'étouffer avant de sombrer dans un immense trou noir.
Il essaya d'appeler la jeune femme mais cracha à nouveau du sang et renonça. Par la fenêtre, il constata qu'il avait cessé de pleuvoir. Un rayon de soleil dessinait un cône doré dans le salon où virevoltaient des milliards de grains de poussière. Il ne devait être pas loin de midi. Ca faisait des heures qu'ils étaient partis.
Il se demanda si le taureau ne les avait pas eus finalement. Il grimaça en tentant de se redresser mais, sous son tee-shirt, son abdomen tendu comme une peau de tambour prête à se rompre, ne supportait plus le moindre mouvement. Kévin avait l'impression que son ventre allait exploser. Il sombra une nouvelle fois dans un semi-coma...

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WEEK-END
Mistério / SuspenseA l'occasion d'un week-end dans leur maison secondaire de Giverny, Nicolas Derruau, son épouse Marie et leurs deux enfants sont victimes d'une agression menée par trois jeunes délinquants, fraîchement échappés d'un centre du nord de la France. Un vé...