Vendredi 24 Octobre, lycée Félix Faure, Beauvais, 14h05.
Son sac en bandoulière sur l'épaule, Jérémy Morin s'engagea dans la rue déserte d'un pas alerte. Le jeune homme de dix-neuf ans avait hâte de retrouver la 308 rutilante que son père venait de s'offrir et qu'il avait eu la gentillesse de lui prêter pour qu'il se rende au lycée aujourd'hui. Jérémy était un garçon de confiance et son père n'avait aucune raison de douter du sérieux de son fils. Le lycéen avait obtenu son permis de conduire depuis cinq mois seulement mais il avait conscience que les accidents de voiture concernaient davantage les jeunes conducteurs aussi quand il prenait le volant, il conduisait toujours avec une extrême prudence. Jérémy avait le sens des responsabilités.
Ce jour-là, il aurait dû finir ses cours à 16 heures mais le prof de maths était en stage ce qui avait ravi l'ensemble de la classe car le week-end commençait ainsi plus tôt. En contournant un camion de déménagement qui bouchait une partie de la rue, le jeune homme pensa à Clémence, sa petite amie, avec laquelle il avait prévu de sortir demain soir. A cette heure-ci, elle devait attendre son train à la gare de Cergy pour regagner Gisors où vivaient ses parents. Elle lui envoyait toujours un sms pour lui raconter son vendredi à la faculté ou lui transmettre des mots doux que Jérémy lisait discrètement pendant que le prof devisait sur les vecteurs et autres fractions. Mais ce matin, sans doute excité par l'idée de conduire la voiture de son père, Jérémy avait oublié son téléphone mobile sur la table de la cuisine et il ne découvrirait le sms de Clémence que dans une petite heure car sa mère lui avait demandé de passer au supermarché pour faire quelques courses avant de rentrer à la maison.
La carrosserie de la 308 scintillait comme un rubis, le long du trottoir, sous la pâle lueur du soleil. Un froid piquant traversait les vêtements de Jérémy et, tout en accélérant le pas, le jeune homme sortit la clé de contact de la poche de son blouson. Après avoir ouvert la portière, il se pencha vers l'intérieur de l'automobile pour poser son sac sur le siège passager. Un coup violent, porté entre ses omoplates, lui coupa la respiration et il tomba dans l'habitacle en évitant de justesse de s'empaler sur le levier de vitesse. Furieux, il parvint à se retourner, prêt à en découdre avec un de ses camarades de classe. David Delorme était bien capable de commettre une blague aussi ridicule ! Jérémy Morin ne reconnut aucun des trois garçons qui s'engouffraient dans l'automobile, le forçant à se réfugier sur le siège passager. Le lycéen tenta d'ouvrir la portière mais l'un des agresseurs actionna la fermeture automatique avant de lui emprisonner les bras.
- Tiens-toi tranquille ou on te fait exploser la cervelle...
Jérémy sentit la pointe d'un canon de fusil s'enfoncer dans ses reins. D'un bond, le plus jeune des trois garçons sauta sur la banquette arrière et utilisa son bras comme un étau pour le refermer autour du cou du lycéen, obligeant celui-ci à rester immobile dans son fauteuil, sous peine d'être étouffé. Il ne s'agissait pas d'une blague... On voulait lui dérober la voiture.
- Salut, bouffon... Putain, elle est belle ta bagnole, tu sais... C'est pour ça qu'on l'a choisie tout spécialement, murmura une voix d'enfant à son oreille. Tu viens de rencontrer ton destin...
A SUIVRE...

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WEEK-END
Mystery / ThrillerA l'occasion d'un week-end dans leur maison secondaire de Giverny, Nicolas Derruau, son épouse Marie et leurs deux enfants sont victimes d'une agression menée par trois jeunes délinquants, fraîchement échappés d'un centre du nord de la France. Un vé...