WEEK-END

Week-end suite 49

- Quand est-ce qu'on rentre chez nous, maman ?

- Bientôt, ma chérie... très bientôt. Papa est parti récupérer mon téléphone portable et il va prévenir des gens qui vont venir nous chercher.

Julie pressait sa peluche contre sa joue, rassurée par le contact d'un jouet familier sur sa peau . La fillette bailla à plusieurs reprises.

- Il faut essayer de te reposer un peu, à présent, murmura Marie en remontant la couverture sous le menton de la fillette. Nous nous en souviendrons de ce week-end mouvementé, n'est-ce pas ?

La petite fille hocha la tête, les yeux mi-clos, tandis que sa mère déposait un gros baiser sur son front. Marie tourna la tête vers Sébastien dont elle percevait les contours du corps, allongé à côté de sa sœur. Elle positionna le bougeoir au-dessus du visage de son fils puis glissa sa main dans ses cheveux bouclés, émue par ses traits tirés. Les ombres mouvantes qui dansaient autour du matelas ne parvenaient pas à dissimuler les traces de coups sur les joues de Sébastien. L'adolescent s'était immédiatement assoupi, éreinté par les heures éprouvantes qu'ils venaient tous de vivre.

- Pourquoi il est tellement méchant, le taureau ? demanda tout à coup Julie alors que sa mère la croyait déjà endormie.

- Ce n'est pas de sa faute, tu sais... Il agit ainsi parce que c'est un animal et aussi parce que... ceux qui nous ont retenus prisonniers l'ont embêté...

- Ils lui ont tiré dessus, c'est ça, hein ? Comme sur Scarlett, ce matin ?

- Oui, ma chérie... soupira Marie. Comme le taureau n'est pas content du tout, il casse tout... Mais c'est fini, maintenant. Il est parti dormir.

- Moi, je les aime pas, reprit la fillette en désignant Kévin qui dormait lui aussi un peu plus loin, sur le canapé. Ils me font peur. Et si j'avais été le taureau, j'aurais réagi comme lui, maman. Par contre, je suis triste car il a abîmé nos belles chambres...

- On les rénovera ma chérie et elles seront encore plus belles qu'avant... Et puis, c'est amusant de dormir sur ce matelas, au milieu du couloir, non ?

- Oh si ! confirma Julie. C'est comme si on faisait du camping...

- C'est exactement ce qu'il faut que tu te dises. Imagine que tu es en train de camper avec des amis, d'accord ? Allez, ferme tes jolis yeux car si on continue à parler, on va réveiller ton frère...

Il était à peine vingt heures mais la journée avait été tellement longue, pénible et douloureuse pour tout le monde que la jeune femme avait l'impression qu'ils n'avaient pas dormi depuis des semaines. Elle embrassa tendrement sa fille encore une fois, caressa Scarlett qui s'était glissée entre la fillette et son frère.

- Tu t'en vas pas très loin, dis maman ? s'inquiéta Julie au moment où sa mère s'éloignait.

- Chut... Je suis dans la cuisine, avec Kate... juste à côté de toi et je laisse la porte entrouverte. Tout va bien, dors...

Marie souffla la bougie.

Kate venait de terminer de balayer tous les débris de verres, d'assiettes, qui jonchaient le sol de la cuisine en s'éclairant à l'aide de la lampe torche que Nicolas avait récupérée dans le tiroir de l'écoinçon. Deux autres lampes avaient été soigneusement rapportées dans la cuisine. Il avait été décidé de les utiliser avec parcimonie pour prolonger la durée de vie des piles. Marie avait l'impression qu'ils s'apprêtaient à affronter un siège de plusieurs mois.

- Comment vont-ils ? demanda la jeune fille tandis que Marie clopinait jusqu'à une chaise.

- Seb s'est endormi presque immédiatement mais Julie a un peu plus de mal... Elle a eu très peur quand le taureau a ravagé la maison mais je pense être parvenue à la rassurer... Enfin, je l'espère. J'irai la voir dans une minute et je pense qu'elle dormira profondément. Moi-même, si j'en avais la possibilité...Si nous nous en sortons, je pense que je vais dormir pendant une semaine d'affilée !