Chapitre 59

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« Qu'est ce qui se passe? »

« Il faut que je te parle »





A cette phrase son visage se décompose, je me hais de lui faire ça.





« OK... heu... Allons... au.... salon » dit-elle d'une manière saccadée





On se dirige donc vers le salon, elle s'assoit à un bout du canapé et je m'assois à l'autre bout, loin d'elle pour éviter de craquer et de la toucher, l'embrasser, la prendre dans mes bras. Le silence s'installe, je finis par le briser.





« Ce que je vais te dire n'est pas facile mais il faut que je le fasse »

« Vas-y »

« Voilà heu comment dire... »

« Pauline dis moi ce qu'il y a. Ne tourne pas autour du pot »

« Aujourd'hui j'ai réfléchi sur nous, sur moi, sur ce que je ressens et j'en suis arrivée à la conclusion que je me suis peut-être un peu emballée »





Je ne la regarde pas quand je parle parce que je sais que dans ce cas je craquerais. J'en suis déjà tellement proche que je ne peux pas risquer cela. Ma gorge est serrée, je suis émue, triste mais il faut que je continue je n'ai pas le choix. Je lève quand même la tête vers Marie, elle semble complètement perdue et elle doit se demander ce qui se passe.





« Bref, je pense qu'il vaut mieux qu'on fasse un break toi et moi, j'ai besoin de prendre un peu de recul par rapport à tout ça »





Pourquoi je parle de break? Ce n'est pas ce que j'avais décidé, je voulais la quitter. Mais je ne supporte pas cette idée, je ne peux pas imaginer qu'elle puisse quitter ma vie. Le silence s'installe, je la regarde furtivement, elle est perdue dans ses pensées, une larme coule sur sa joue. Je me retiens de justesse de l'essuyer avec ma main.





« Moi je ne veux pas de break soit tu es avec moi soit tu ne l'es pas » me dit-elle





Cette phrase me fait mal mais en même temps je la comprends.





« Très bien alors finissons-en, je pense que c'est mieux »





Je commence à me lever car je sais que je ne supporterais pas une discussion mais c'est sans compter sur Marie qui veut comprendre.





« Qu'est ce qui s'est passé avec le doyen? »

« Rien pourquoi? »





Je prie pour qu'elle ne fasse pas le rapprochement...





« Ben ce matin tu pars en me disant que tu m'aimes, tu as rendez-vous avec lui après tu n'es pas bien et tu passes ta journée à réfléchir et tu remets en cause tes sentiments pour moi. J'en déduis donc qu'il s'est passé quelque chose. »





Je n'ai qu'une seule chose à faire : nier.





« Rien il voulait me voir à propos du BDE »

« Je ne te crois pas »

« Et bien ne me crois pas »

« Très bien admettons alors comment ça se fait que du jour au lendemain tu t'es mise à réfléchir »

« Ce n'est pas du jour au lendemain, ça fait quelques temps que je me pose des questions »





Je me sens vraiment mal de faire ça car en plus je suis obligée de mentir, de nier que je l'aime plus que tout au monde mais je n'ai pas le choix, je dois le faire.





« Des questions sur quoi? »

« Sur nous, sur ce que je ressens »

« Et pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? »





Parce que je ne me les pose pas, parce que je sais parfaitement que je t'aime comme une folle et que je n'ai aucun doute la dessus et que je suis en train de faire ça justement parce que je veux ton bonheur même si pour ça je suis obligée de te quitter. Voilà ce que je pense mais je ne lui dirais jamais.





« Parce que je ne savais pas comment faire »





Le silence s'installe, je ne peux, désormais, détacher mon regard d'elle. Elle semble très triste, son regard a perdu cette étincelle qu'elle a depuis qu'on est ensemble. Je crois que si j'avais la « balance » en face de moi, à ce moment précis, je pourrais la tuer à mains nues.





« Donc si je comprends bien tu ne m'aimes pas ? »





Si je t'aime follement, désespérément, complètement... Mais je ne peux pas lui dire, la seule chose à faire lui faire mal mais je dois le faire.





« Non »





Je la regarde, elle semble encaisser le coup sans broncher mais je vois à sa façon de ne pas me regarder, d'éviter de regarder dans ma direction, de baisser la tête qu'elle a mal, très mal. Je suis un monstre, je me hais tellement.





« Vas-t-en » laisse-t-elle échapper dans un souffle

« Écoute.. »

« Barre toi, je ne veux plus te voir » dit-elle à haute voix

« Marie... »





Elle se lève d'un bond et se met à crier.





« Va-t-en je ne veux plus jamais te voir. Tu m'as bien eue, je croyais que tu m'aimais et en fait tout n'a été que fiction. Je te hais. DEGAGE! »





J'ai l'impression que mon cœur se déchire en entendant ça. Mais je l'ai voulu donc je n'ai pas le choix, je me lève et je sors de chez elle. Elle claque la porte derrière moi. Je me retrouve sur le trottoir, je sens quelques larmes couler sur mes joues, moi qui ne pleure pas souvent mais la j'ai trop mal. J'essaye de me raisonner en me disant que c'est la meilleure chose à faire que j'ai fait le bon choix, non que je n'avais pas le choix. Je réprime l'envie de courir vers la maison, d'entrer, de prendre Marie dans mes bras et de tout lui raconter. Mais je ne peux pas, pas après ce que je viens de lui dire, de lui faire. Alors je monte sur ma moto et je pars direction chez moi, je suis obligée de m'arrêter, cinq minutes plus tard car les larmes brouillent ma vision, je ne peux pas conduire comme ça, je ne vois rien. Je me gare donc sur un trottoir, j'enlève mon casque et je me laisse aller, les larmes coulent le long de mes joues je ne peux pas les retenir. Je reste comme ça je ne sais pas combien de temps. Puis je me rends compte qu'il est presque 19h et que je dois aller bosser, j'hésite à y aller puis je décide d'y aller et de me plonger dans le boulot pour oublier même si je sais que c'est impossible.

Une femme bouleversanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant