Une femme bouleversante

Chapitre 92

Une semaine plus tard, nous sommes invitées chez Anne, elle fait un diner pour revoir les derniers détails du mariage qui a lieu dans moins de 3 semaines maintenant. Je ne sais pas trop qui sera là, je sais juste que mes parents seront absent ce soir et cela me soulage car j'avais peur de me retrouver nez à nez avec eux. Mais bon il faut que je me prépare car au mariage c'est sur que je vais les voir, ce n'est que reculer, je vais bientôt devoir les affronter. Bien sur Marie est invitée. On arrive devant la porte, Marie sonne c'est Florian qui vient nous ouvrir »

« Salut vous deux on attendait plus que vous »
« Comment ça ? Tout le monde est là ? »
« Et oui pourtant pour une fois tu n'es pas en retard »
« Normal je suis là pour veiller au grain » plaisante Marie

Florian nous fait rentrer, on se fait la bise, on enlève nos vestes puis Marie rentre dans le salon suivie de Florian et ensuite de moi, je regarde qui est là, je m'arrête, je n'en reviens pas qu'il soit là, enfin qu'ils soient là plutôt... Mon frère : Pascal et sa femme Virginie avec leurs 4 enfants : Jessica l'ainée dont je suis la marraine puis Ludivine, Linda et Lilly que je ne connais pas. Quand on s'est brouillés, ils n'avaient que Jessica qui avait 3 ans, Virginie était enceinte de Ludivine. Je regarde Pascal qui ne me quitte pas des yeux. Marie n'a pas vu que je me suis arrêtée, elle a commencé à dire bonjour.

L'atmosphère est tendue, tout le monde attend. Matthieu me regarde avec inquiétude tout comme Clara, Emma, Viviane, enfin bref tout le monde. Marie voit que quelque chose ne va pas, elle se retourne et me regarde. Moi je reste là, tous les regards sont braqués sur moi, je ne sais pas quoi faire, la seule chose que je sais c'est que j'en veux à Anne de m'avoir piégée comme cela et à Pascal d'être venu, ils auraient du m'en parler. Je me sens trahie, il faut que je parte, je n'ai pas prononcé un mot que je fais demi-tour, je me précipite dans le couloir

« Pauline attends »

C'est la voix de Pascal, qui m'a suivie, j'essaye d'ouvrir la porte mais il a posé sa main dessus et m'empêche de sortir

« Laisse-moi sortir »
« Non laisse moi te parler »
« Je n'ai pas envie de te parler et cela depuis 6 ans »
« Pauline j'ai fait une erreur »
« Je m'en fous »
« Ecoute-moi, s'il te plait, laisse moi m'expliquer après tu partiras si tu en as envie »
« Ok très bien, je t'écoute mais je te préviens rien de ce que tu diras ne me feras changer d'avis »
« Au moins j'aurais essayé »

Un silence s'installe

« Bon si tu n'as rien à dire, je m'en vais »
« Tu me manques Pauline »
« Et bien toi tu ne me manques pas »

Je sais que je suis méchante mais il m'a fait mal, tellement, que je veux lui faire mal

« J'ai fait une énorme boulette, il y a 6 ans. J'ai toujours fait ce que papa voulait, je l'ai toujours suivi. Pourquoi ? Je ne sais pas trop quand il t'a jeté dehors, je n'étais pas là, comme tu le sais, je faisais un stage de 4 mois à New York. Personne ne me l'a dit, je l'ai su en rentrant 2 mois plus tard. J'ai été choqué qu'il puisse faire cela, je lui ai dit et on s'est violemment disputé et il a réussi à me convaincre qu'il avait raison, je sais c'était idiot mais pour moi tout ce qu'il disait était paroles d'Evangile alors j'ai suivi ce qu'il disait, j'ai coupé les ponts avec toi et depuis ce temps-là je n'ai cessé de le regretter jour après jour. Je voulais venir te voir, m'excuser mais je n'ai pas eu le courage. Je ne suis pas comme Anne et Mathieu et encore moins comme toi, je n'ai jamais eu le courage de me rebeller, j'ai toujours fait ce qu'on attendait de moi. D'abord, les études de droit pour devenir avocat ensuite je suis rentré en politique. J'ai eu une famille comme il se doit, attention je ne dis pas que je le regrette, j'aime Virginie et mes enfants plus que tout, sans eux je suis rien. Mais ma vie n'est pas pleinement satisfaisante car tu n'y es pas. Tu as toujours été dans un coin de ma tête, je demandais régulièrement de tes nouvelles à Anne ou à Matthieu bien sur toujours quand Papa ou Maman n'était pas là. Et puis il y a quelques mois, un déclic s'est produit, je ne sais pas pourquoi, j'ai appris qu'un de mes collaborateurs était gay, il commençait à y'avoir une polémique au bureau mais je l'ai soutenu et la polémique s'est arrêtée puis j'ai réalisé que j'avais rompu avec toi parce que tu préfères les femmes, je me suis rendue compte de ce que j'avais fait, je me suis dégouté vraiment. Comment j'ai pu te faire cela ? J'ai passé quelques mois difficiles car j'avais du mal à assumer cela et j'en suis arrivé à la conclusion que je devais te parler. J'ai mis mon orgueil de coté et j'en ai parlé à Anne alors on a eu l'idée d'organiser ce diner, n'en veut pas à Anne c'est moi qui lui ai demandé de ne pas te le dire, elle, elle voulait te préparer. Je veux te présenter mes excuses pour tout ce que j'ai fait, je comprendrais que tu ne les acceptes pas et que tu ne veuilles plus me voir mais je devais le faire, je devais tenter quelque chose. Quand j'ai compris ce que j'ai fait, j'ai voulu te voir tout de suite, c'est Anne qui m'a arrêté car tu étais à l'hôpital, amnésique et qu'il valait mieux attendre. Voilà tu sais tout. Je sais que j'ai 6 ans de retard mais je suis très long à la détente. Saches que tu me manques énormément, j'aimerais retrouver ma petite sœur, tu manques aussi à mes enfants enfin surtout à Jess qui te connait mais les autres sont impatients de te connaître. Je ne te force à rien, prends ton temps pour réfléchir et saches que je comprendrais si tu ne peux pas me pardonner, je ne t'en voudrais pas et si tu préfères que je ne reste pas ce soir, on partira. »

Il se tait. Je suis estomaquée par tout ce qu'il vient de me dire. Je savais qu'il était sous l'influence de mon père mais le fait qu'il est pensé à moi, que je lui manque depuis tout ce temps me laisse sans voix. Lui aussi m'a manqué, énormément et je sais qu'au fond de moi je ne lui en veux pas vraiment car il n'est pas responsable, il n'a fait que suivre mon père. Mais malgré tout, il m'a fait souffrir, tellement que je ne sais pas si je peux lui pardonner. Que dois-je faire ? Le laisser entré dans ma vie ? Le rejeter ? Il aurait pu réagir avant quand même, 6 ans ce n'est pas rien..

Pascal ne voulant certainement pas s'imposer, recule et retourne vers le salon. Je l'entends dire à Virginie :

« On va y aller je pense que c'est mieux »