Chapitre 107

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« Quoi donc ? »
« Les médias. Il me suffit de raconter cette histoire et tu ne serais plus très bien vu en politique, un homophobe comme toi et c'est embêtant cela surtout à l'approche des élections »

Je lis dans ses yeux de la peur, ce qui montre qu'il n'y a vraiment que son boulot qui compte

« Tu ne vas pas faire ça ? »
« Peut-être ou pas. Tu auras la réponse dans les journaux »
« Sale gouine »
« Papa, ça suffit » s'énerve Anne puis elle poursuit « Pauline est une personne extraordinaire et ce n'est pas grâce à toi mais elle le doit qu'à elle-même. Je ne lui en ai jamais voulu pour l'accident, je suis autant responsable qu'elle et elle m'a sauvée la vie, je lui dois tant. Je suis fière de ce qu'elle est devenue malgré ce qu'elle a vécu »
« Tu parles quelle fierté » dit mon père

Je me suis un peu écartée de lui mais je reste à proximité au cas où qu'il tente quelque chose ou qu'il recommence à insulter quelqu'un que j'aime

« J'en ai marre de ce que tu es, tu ne comprends rien, j'en ai marre que tu rabaisse toujours les gens, pour toi personne n'est assez bien au presque, il n'y a que toi qui compte et ta carrière. J'en ai marre »
« Moi aussi et Pauline ne t'a jamais rien fait » enchérit Pascal
« Tu l'as défend toi maintenant, alors que tu ne voulais pas entendre parler d'elle, il n'y a pas si longtemps »
« Oui, si je ne lui parlais plus c'est parce que je t'ai écouté, parce que je faisais ce que tu voulais mais maintenant j'en ai marre, c'est fini, je fais mes propres choix »
« Tu choisis elle contre moi ? »
« Il n'y a pas de choix, je l'avais fait avant et j'ai eu tort, tu es mon père et elle est ma sœur, je l'aime comme elle est »
« Mais c'est qu'une sale gouine, une moins que rien, elle a tout loupé dans sa vie »

Je sens une main se poser sur mon dos, il s'agit de celle de Marie, elle tente de me calmer et aussi de me faire savoir qu'elle est là pour moi

« Elle est... »
« Ça suffit ! » intervient ma mère

Mon regard se tourne vers elle, je suis bouche bée qu'elle intervienne, je la regarde

« J'en ai marre de tes principes et de ta façon d'être. A cause de toi j'ai perdu une fille et surtout on lui a fait du mal, tu lui as fait du mal et cela pour une seule raison parce qu'elle ressemble physiquement à ta mère, parce qu'elle t'a fait souffrir et que cela t'ai pénible de regarder Pauline car trop de souffrance remonte à la surface. Mais tu devrais être fière qu'elle s'en soit sorti malgré tout cela mais tes principes t'en empêchent »

Ma mère me regarde, droit dans les yeux, elle est émue, ses yeux sont remplis de larmes

« Moi, je le suis, je suis fière de toi Pauline. Et que tu aimes Marie, je m'en fiche, le principe pour moi c'est que tu sois heureuse même si au début j'ai eu beaucoup de mal à l'accepter. Je n'en t'ai jamais voulu non plus pour l'incendie car pour moi c'est un accident personne n'est responsable. J'aimerais que tu me pardonnes pour ce que j'ai fait mais je sais que tu ne pourras pas et je le comprends. Sache que je ferais tout pour qu'il ne te pose pas de problème, tu ne mérites pas ça. »
« Mais qu'est-ce que tu dis, toi ? Bien sûr que je vais lui poser des problèmes »
« Tais-toi j'ai supporté trop de choses depuis plus de 30 ans maintenant j'en ai marre. Mon éducation m'interdit de divorcer mais pas de partir ce que j'aurais dû faire il y a longtemps »

Je suis complètement abasourdie par ses paroles, je ne m'attendais pas à cela elle qui a toujours suivi mon père dans toutes ses décisions.

« Aujourd'hui ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, tu as été trop loin, beaucoup trop loin »

Elle se tourne vers Anne

« Anne je suis désolée pour ce qui vient de se passer »
« Maman ce n'est pas à toi de t'excuser, tu n'as rien fait et je suis d'accord avec toi, papa tu as été beaucoup trop loin, je crois qu'il est temps qu'on parte, arrange toi avec ta conscience, sache que tu as dit que tu n'avais plus qu'une fille ben à partir de maintenant tu n'en as plus aucune et cela jusqu'à temps que tu changes de position, j'ai trop longtemps supporté tout ça je n'en peux plus »
« Moi aussi je n'en peux plus alors tu n'as plus qu'un fils. Dire qu'un jour tu m'as dit d'être tolérant avec tout le monde mais toi tu ne l'as été avec personne, dès qu'on ne suit pas ce que tu veux cela ne va pas. Pauline a depuis toujours eu le courage de faire ce qu'elle avait envie et c'est pour ça que tu as tellement de haine vis-à-vis d'elle, tu n'as pas réussi à la mouler à ta façon mais ce que tu ne fais pas c'est que tu n'as réussi avec personne de nous. On vit notre propre vie et dorénavant je la vivrais sans toi » dit Mathieu
« Tout comme moi, tu n'as plus d'enfants » lui dit Pascal

Je suis complètement abasourdie par ce qu'il vient de se passer, ils l'ont tous renier à cause de moi mais pourquoi ?

« Allez tous vous faire voir » dit cet homme avant de partir à l'intérieur de la maison
« Bon débarras » dit Mathieu

Marie est toujours à côté de moi, sa main dans mon dos, moi je suis mal à l'aise de ce qui vient de se passer car ils ont tous tourné le dos à leur père, pour moi et inconsciemment je m'en veux. La colère remonte légèrement en moi, je m'écarte de Marie et je le regrette aussitôt quand je vois son expression marquée de déception

« Pourquoi avez-vous fait ça ? » dis-je
« Parce qu'on en a marre, parce que ce qu'il vient de faire est inadmissible tu ne mérites pas ça, tout, ce qu'il t'a dit n'est pas la vérité »
« Mais merde je ne voulais pas ça moi. Vous n'auriez pas dû faire ça, vous le regretterez et tout cela sera de ma faute, encore une fois. »

Pendant ma dernière phrase, je me suis écartée d'eux petit à petit, je fuis car je ne peux plus supporter ça, j'ai mal, tellement mal qu'il faut que je l'expulse alors je frappe, avec le poing, de toutes mes forces dans le mur qui se trouve en face de moi, un craquement sinistre se fait entendre, une douleur fulgurante et violente se fait ressentir dans ma main. J'entends la voix de Marie qui me demande d'arrêter mais j'ai trop mal et pas dans ma main mais dans mon cœur alors je les regarde, je lis de l'inquiétude, de la peur et de la souffrance sur leur visage. Je me sens responsable de cette souffrance, pour moi cette souffrance est liée au fait qu'ils se soient détournés de mon père, je ne vois pas d'autres raisons. Je dois partir, je ne peux rester ici à les faire souffrir jour après jour, je dois m'éloigner loin.

« Adieu » leur dis-je avant de courir vers l'entrée

J'entends alors leur voix me demander de revenir, j'entends des pas, ils doivent me courir après seulement j'accélère malgré le fait que je n'ai pas couru depuis l'accident, mais je suis assez en forme et ils ne peuvent pas me rattraper. Combien de temps je cours? Je ne sais pas. Où je vais? C'est pareil, je ne sais pas. Je fuis vers l'inconnu, il ne faut pas longtemps pour que je me rende compte que j'ai fait une bêtise mais je continue à courir essayant d'oublier la peine et ma culpabilité. Je sais qu'ils doivent être inquiets mais c'est plus fort que moi.

Une femme bouleversanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant