Chapitre 106

3.9K 151 8
                                    

« Salut » lui dis-je

Il ne me répond pas

« Ecoute ne t'inquiète pas je ne vais pas t'embêter longtemps mais j'ai besoin de comprendre certaines choses »
« Quoi ? »
« Pourquoi tu me détestes autant ? »

Il ne me répond pas

« Je ne t'ai rien fait alors je ne comprends pas »
« Quoi tu n'as rien fait ? Tu te fous de moi, là ? »
« Non je ne me fous pas de toi, depuis que je suis née tu m'as prise en grip, j'ai toujours été la dernière roue du carrosse »

Je ne remarque pas qu'on parle fort et que les gens qui étaient en fait partis dans le salon se taisent pour nous écouter par la fenêtre ouverte

« Pourquoi j'ai fait ça, cela ne te regarde pas »
« Bien sûr que si ça me regarde, c'est ma vie alors dis-moi. Tu n'es pas mon père c'est ça ? »
« Si je suis ton père biologique mais le problème c'est que tu lui ressembles trop »
« A qui ? »
« A ma mère »
« Je ne la connais pas, on n'a jamais vu de photo d'elle et tu ne nous a jamais parlé d'elle »
« J'ai mes raisons »
« Lesquelles ? »
« Fous-moi la paix »
« Non j'ai le droit de savoir maintenant »

Le silence s'installe, je le regarde, j'attends qu'il parle, qu'il m'explique. Ce qu'il finit par faire surement à cause de l'alcool qui a bu.

« Ma mère m'a fait beaucoup de mal, elle s'en foutait de moi, complètement, je n'existais pas. Ce qui comptait pour elle, il n'y avait que les hommes, il y en avait toujours un qui succédait à un précédent, une vraie trainée et une alcoolique »
« Et quel est le rapport avec moi ? »
« Tu lui ressembles tellement physiquement et tu es comme elle »
« C'est-à-dire ? »
« Une trainée et une alcoolique »

Je sens la colère monter en moi

« Tu ne me connais pas, tu ne m'as jamais connue. Oui j'ai été alcoolique à un moment donné de ma vie mais je ne le suis plus et si je l'ai été c'est en grande partie à cause de toi. Tu m'as ignorée pendant des années et tu étais tellement dur avec moi encore plus qu'avec tes autres enfants. Tout cela c'est de ta faute »
« Tu as ça dans tes gènes, tu es une moins que rien »
« Le pire c'est que j'y ai cru, je le pensais, tu me l'as tellement répété et fais comprendre que c'est rentré au plus profond de moi. C'est à cause de toi que j'étais comme ça, que j'ai bu, je faisais tout pour me faire remarquer par toi, en faisant tout pour t'énerver mais cela ne marchait pas. Résultat je continuais encore et encore, j'étais au fond du trou, pendant des années à vrai dire. Mais j'ai repris du poil de la bête, je ne suis plus comme ça, je ne bois plus »
« Peut-être mais tu es toujours une trainée, regarde, tu couches avec n'importe qui »

D'un coup la colère monte en flèche car il insulte Marie et ça je ne peux le supporter

« Je t'interdis de parler comme ça de Marie, tu ne la connais pas, comment tu peux oser dire cela d'elle ? »
« Je dis la vérité c'est tout »

Je m'approche de lui, je l'attrape par sa chemise et je le soulève légèrement

« Marie est une personne exceptionnelle comme je n'en connais pas, tu ne lui arrives pas à la cheville, tu en es très loin même, d'ailleurs tu n'arrives à la cheville de personne que je connais. Toi tu m'as enfoncée pendant des années, tu m'as traitée comme de la merde et j'y ai cru, d'ailleurs une partie de moi le crois toujours, un peu. Mais mes frères et sœurs, mes amis et surtout Marie m'ont sortie de ce trou, m'ont appris à avoir confiance en moi et à réaliser mes rêves. Aujourd'hui je suis assez fière de ma vie et si tu insultes encore la femme que j'aime, je vais te le faire payer »
« Je te rappelle que je suis ministre, tu me frappes et je peux t'envoyer en prison »
« Mais je ne vais pas te frapper, cela te ferait trop plaisir, j'ai d'autres moyens »
« Toi une serveuse d'un bar de gouine ? »
« Tes informations ne sont pas à jour, je ne suis pas qu'une serveuse, j'en suis associée et je vais ouvrir mon restaurant »
« Quelle fierté que de diriger un bar de gouine mais bon vu tes fréquentations... »
« Tu sais quoi ? Tu me dégoutes, tu ne sais même pas te tenir, un jour comme celui-ci, à ta place j'aurais honte » !
« Bien sûr que je sais me tenir sinon je serais intervenu depuis longtemps, depuis hier même car te voir embrasser, danser avec cette fille, je trouve cela dégueulasse, sale »
« Et bien tu n'avais qu'a pas regardé, pourtant ce n'est que de l'amour comme entre des personnes de sexe différents et l'amour est la plus belle des choses »
« Et elle fait quoi dans la vie ta trainée ? »

Je ne supporte pas qu'il parle de Marie comme cela, alors je m'approche de lui sans prévenir et je lui mets un coup de poing, je n'ai pas eu le temps de réfléchir à mon geste, j'ai laissé ma colère prendre le dessus. Il peut m'insulter tant qu'il veut mais il n'a pas à parler de Marie comme ça, peu importe qu'il soit mon père

A ce moment-là, pas mal de gens débarquent sur la terrasse mais je m'en fiche, je m'approche de lui, je le relève et je le pousse contre le mur

« Tu vas me le payer » me dit-il
« J'assumerais mon geste sans problème »
« Je vais te faire la misère »
« Mais tu n'as pas compris que tu me l'as fait toute ma vie alors un peu plus ou un peu moins »
« Tu l'as mérité, tu es une moins que rien. »
« Papa, ça suffit ! » dit la voix d'Anne derrière nous

Je tourne ma tête et je vois derrière moi toute ma famille, ma mère, mes frères et sœurs et leur conjoint, Emma, Viviane et Marie

« Pauline lâche-le » me dit Pascal en s'approchant
« Anne comment tu peux la défendre, elle est responsable de l'incendie, à cause d'elle tu es handicapée à vie, tu ne verras pas par sa faute, et elle, elle voit, elle en a rien à foutre »

Je n'arrive plus à me calmer, à chaque fois qu'il ouvre la bouche ma colère redouble, je le plaque un peu plus contre le mur

« TU CROIS VRAIMENT QUE J'EN AI RIEN A FOUTRE... MAIS SI JE POUVAIS C'EST MOI QUI SERAIS AVEUGLE »
« Mais bien sur »
« CONTINUE COMME CA ET... »
« Pauline lâche-le, il ne mérite pas » me dit encore Pascal

Je n'arrive pas à le lâcher, il me fait trop de mal et je suis furieuse contre lui mais surtout contre moi d'être encore touchée par ce qu'il me dit. Je serre ma prise

« Crois ce que tu veux, j'en ai rien à faire, c'est fini tout ça, je n'apporte plus d'importance à ce que tu penses. Moi tout ce que je sais, c'est que je m'en veux mais c'était un accident, on n'y pouvait rien et ça c'est Anne qui m'a forcé à accepter cela »
« C'est toi la responsable, tu entrainais toujours Anne dans des expéditions et je suis sûr que c'est toi qui a eu l'idée de jouer avec les allumettes »
« FERME-LA »

Je sens une main se poser sur mon bras, cette main est tout en douceur, je tourne la tête, il s'agit de Marie qui me sourit

« S'il te plait lâche-le et essaye de te calmer »

Elle sait qu'elle est la seule qui peut me faire entendre raison et c'est pour ça qu'elle me l'a demandé, elle me sourit toujours, ma colère retombe un peu. Je regarde cet homme que je tiens dans les yeux, oui cet homme car il n'est plus mon père aujourd'hui, ici, en face de lui, j'ai tiré un trait définitif sur lui. Je le lâche et je lui dis :

« « Tu sais avant-hier, tu te serais excusé ou expliqué et j'aurais pu te pardonner mais après ce qui vient de se passer, c'est fini j'ai tiré un trait définitif sur toi »
« Moi je l'ai tiré il y a 6 ans »
« Alors tant mieux, c'est ce que j'aurais dû faire mais je suis trop conne comme toujours »

Je vais pour me détourner mais j'ai encore une chose à lui dire

« Tout à l'heure, tu m'as ri au nez quand je t'ai dit que je te ferais payer ce qui s'est passé. D'après toi je n'ai pas la possibilité de le faire, je penses que tu as oublié quelque chose »

Une femme bouleversanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant