L'amant de Livai Ackerman

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(L) c'est lourd à porter pour un petit garçon. Mais de quoi vous sentez vous coupable ?

(E) il s'est suicidé.

(L) ah, piccolina...

Les mots lui avaient échappé dans un souffle. Il lui prit le visage entre ses mains et effleura de ses lèvres l'espace entre ses sourcils délicatement tracés, avant de s'écarter de nouveau. Il fallait continuer à parler pour l'amener au sujet qui lui tenait tant à cœur : le livre.

(E) si j'avais su me montrer plus..., commença-t-il d'une voix hésitante, je ne sais pas... plus... Il ne l'aurait peut être pas fait. Il avait écrit ce livre, l'oeuvre de sa vie, et il me l'avait dédicacé. Dans cette dédicace, il expliquait que c'était grâce à ma présence que la vie valait la peine d'être vécu. Alors, à un moment, il a dû changer d'avis, ou ne plus me considérer comme suffisamment intéressant...

Livai eut l'impression de se sentir changé en pierre.
(Je sais, aurait-il dû dire, j'ai lu le livre), mais face à tant de désespoir et de culpabilité, cela lui parut sans importance.
Tout ce qui comptait, c'était lui.

(L) vous n'avez aucun reproche à vous faire. C'était un adulte avec ses soucis, que nous ne pouvons ni connaître ni comprendre. Arrivé à ce point, on ne pense plus clairement et on est incapable d'envisager les conséquences de son acte.

(E) j'aimerais vous croire, dit-il en le considérant d'un regard angoissé.

Là se trouvait la clé de ce qu'il était.

(L) il y a de quoi être en colère, Eren.

S'appuyant au mur de pierre, il releva les genoux pour les encercler de ses bras.

(E) non. J'ai gardé de lui si peu de choses et j'ai vécu si peu en sa compagnie... Ce n'est pas bien de gâcher ça par de la colère. C'est terrible.

(L) pas du tout. C'est naturel. Complètement. Et de là vient votre culpabilité. Ce n'est pas vous que vous blâmez en cette affaire, mais lui, n'est-ce pas ?

Il l'approuva de la tête et ses épaules s'affaissèrent.