13.

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Sans se retourner, il fit glisser hors du feu la casserole pleine de crème. Hélas, celle-ci s'était déjà transformée en une masse grumeleuse.

(L) quelque chose ne va pas ? s'enquit-il.

(E) c'est la crème qui a broussé.

En 3 enjambées, il fut à côté de lui, lui prit des mains la lourde casserole pour la déposer dans l'évier et ouvrit le robinet d'eau froide. Saisissant un fouet, il se mit à battre le mélange de toutes ses forces pour désagréger les grumeaux, tandis qu'il maintenait la casserole immobile. Son bras frôlait celui de Livai et un désir qui n'avait rien de gastronomique l'avait envahi. La crème se désintégrait peu à peu, les œufs se prenaient en masse. Il redoubla d'efforts, trop furieux pour céder à la réalité.

(L) Eren... Arrêtez, murmura-t-il d'une voix rauque.

Lâchant la queue de la casserole, il prit le jeune homme par le bras pour le forcer à se tourner vers lui. Une intense chaleur émanait de son corps moite et voluptueux, qui frémit lorsqu'il posa sur lui ses mains fraîches. Perdant le peu de contrôle qui lui restait, il l'attira à lui. Leurs bouches se joignirent et s'entrouvrirent.

Un baiser avide, dévorant. Adossé à l'évier glacé, il lui agrippa les épaules. Lorsque leurs bassins se heurtèrent, il ressentit une érection si intense qu'il ne fut presque douloureux. Il chercha à défaire le noeud qui retenait le tablier de cuisine, dans le désir insensé de le prendre là, contre l'évier.

Comme s'il lisait dans ses pensés, il fit un mouvement de côté pour lui faciliter la tâche et leurs lèvres se séparèrent.
Brusquement toutefois, il sentit son désir retomber et recula d'un pas : que diable était-il en train de faire ?

-non, balbutia-t-il, non. Il ne faut pas...

Il était venu là pour s'excuser, per l'amore di dio. Il désirait lui redonner confiance en lui, pas l'humilier, ni lui arracher quelques instants d'un plaisir expéditif. Il détourna la tête pour ne pas voir s'inscrire sur le visage masculin l'incrédulité et la douleur causés par cette nouvelle blessure. Il aurait tant voulu lui expliquer qu'il agissait ainsi pour son bien, parce qu'il le savait trop doux, trop généreux et trop vulnérable.

Mais il ne le fit pas. Il ne se retourna même pas.

-pardonnez moi, se contenta-t-il de lancer en se ruant hors de la cuisine.

L'amant de Livai Ackerman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant