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Livai sourit et, pour rompre le silence oppressant, appuya sur une touche, déclenchant les premiers accords d'une oeuvre pour cordes et flûte Farid Zackley, un compositeur de musique de film réputé que Livai avait mis dans le secret de son projet d'adaptation de Grisha Jaeger.
Le cinéaste n'eut qu'à fermer les yeux pour se retrouver dans l'oxfordshire par cette chaude soirée de juillet, contemplant la silhouette d'Eren qui cheminait dans les blés aux derniers rayons du couchant.

Il sursauta soudain en entendant frapper à la porte.

(L) entrare, lança-t-il sur un ton plus qu'il ne l'aurait désiré.

La porte s'ouvrit tout doucement et Lottie et Dino apparurent, main dans la main, tête basse. Lupo suivait, la queue entre les patte.

-je vous demande pardon d'avoir lancé cette pierre, déclara Lottie, le menton tremblant comme si elle fournissait un effort énorme pour retenir ses larmes. Mi dispiace.

(L) non importa. Rien n'a été cassé, répondit-il, sachant parfaitement de qui elle tenait sa force de caractère. Tu as fait de grands progrès en italien. C'est Dino qui t'apprend ?

Elle acquiesça, mais au même moment, ses yeux s'emplirent de larmes. Face à ce désespoir, Livai ne sut que faire.
Il ne connaissait rien aux enfants, qu'il avait toujours pris soin d'éviter. Par un réflexe d'autodéfense, sans doute, qu'il trouvait désormais stupide.

-qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-il gentiment, tandis que Dino passait un bras protecteur autour des épaules tremblantes de Lottie.

Peut être aurait-il dû prendre des leçons auprès du petit garçon, qui avait l'air d'en savoir beaucoup plus long que lui sur le comportement à adopter avec une fille en détresse.

-je ne veux pas rentrer, sanglota la fillette. Je déteste Londre et les filles de ma classe. Elles passent leur temps à jouer avec d'horribles poupées maquillées et à dire du mal les unes des autres. J'ai demandé à p'pa si nous reviendrions ici et il a répondu que non, et Dino est  mon meilleur ami, mais je ne sais pas si je le reverrai, parce que nous vivons à des milliers de kilomètres l'un de l'autre...

-allons, allons, murmura Livai, qui se sentait incapable de lui apporter le moindre réconfort. Tiens, regarde...

Du bout du doigt, il mit en branle la sphère armillaire, que Lottie se mit à examiner à travers ses larmes.

(L) qu'est-ce que c'est ? La lune est là ?

(L) le grand cercle doré, au milieu, c'est le soleil. Et le petit, ici, la lune et là, au dessus, la terre.

(L) ohhh...

Les yeux encore brillant de larmes, Lottie était maintenant absorbée dans sa contemplation.

-regardez, dit Livai en faisant tourner le petit globe. Ici, vous pouvez voir l'Italie et, de ce côté, la Tascane. Et voici Londre. Tu vois, ce n'est pas si loin que tu le crois.

-Lottie ?

Relevant la tête, il aperçut Eren debout sur le seuil. Il s'était laver les cheveux et portait un t-shirt vert et un short en jean qui dévoilait ses longues jambes bronzées.

-oui ?, répondit la fillette d'un ton maussade.

(E) viens te laver le visage et les mains.

Lottie continua à observer le cercle armillaire sans bouger d'un pouce.

(L) merci de me l'avoir montré, dit-elle enfin à Livai, avant de se diriger à contrecoeur vers son père, Dino sur ses talons.

L'amant de Livai Ackerman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant