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Quelle chaleur ! Tout le monde était couché depuis longtemps et on avait éteint les bougies dans la limonaia, si bien que la cuisine brillamment éclairée était devenue le point de ralliement de tous les papillons et moustiques de la région. Leurs attaques en piqué sur la crème du gâteau et sur la vinaigrette qui devait accompagner la bresaola l'avaient contraint à fermer portes et fenêtres et il transpirait à grosses gouttes. Pendant la journée, les murs épais gardaient une certaine fraîcheur, mais avec la chaleur du four, sa chevelure était humide de sueur et, sous son tablier de nylon, son t-shirt et son jean lui collait au corps.

En se rappelant la façon dont Livai l'avait toisé quand il avait surgi dans son bureau, il fut de nouveau envahi par un sentiment d'humiliation. Avec un petit gémissement, il dénoua les cordons de son tablier et s'en servit pour s'essuyer le visage. Puis il retira son t-shirt et le laissa tomber sur le sol.

Une vrai bénédiction !

Immédiatement, il se sentit plus serein et s'empressa de renfiler son tablier. Si jamais quelqu'un entrait, ce qui avait peu de chance de se produire, de face, il restait parfaitement décent. D'ailleurs, à deux heures du matin, le silence régnait sur Castellaccio, lui  offrant un répit avant le tumulte du mariage.

Le mariage... Rien que d'y penser, il se sentait fatigué d'avance. Un peu plus tôt, il avait entendu Livai expliquer à Ian dans quelle partie de la cave se trouvaient les tables dont on s'était servi lors de son propre mariage et il en avait eu mal au cœur pour lui. Ce devait être affreux d'assister à tous ces préparatifs. Rien d'étonnant à ce qu'il ait eu l'air si contrarié en le voyant. Sans doute cette musique poignante lui rappelait-il les moments heureux vécus avec Erd.

Le mélange, dans la casserole, commençait à épaissir et à devenir cette crème riche et onctueuse indispensable à tout gâteau de mariage italien digne de ce nom. Eren ne le quittait pas des yeux, soucieux de ne pas rater l'instant fatidique où il faudrait l'enlever du feu. Soudain, la porte s'ouvrit et Livai entra, le plateau à la main. Une vague de panique submergea le jeune homme. Mais, en lui faisant face, il se rendit compte que le billot placé entre eux dissimulait le bas de son corps.

L'amant de Livai Ackerman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant