L'amant de Livai Ackerman

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(L) j'ai bien pris garde de ne pas vous le donner à l'hôtel, de peur d'être condamné par les arbitres de l'élégance. Mais, s'il vous plaît, n'hésitez pas à le mettre.

(E) je l'adore. Nanaba a dit qu'elle n'avait pas eu le temps d'organiser une visite chez le bijoutier - question d'assurance, je crois. Ça a l'air cauchemardesque. Mais vous, vous avez réussi à l'emprunter ?

(L) ne vous inquiétez pas pour ça.

En fait, il venait de l'acheter, dans un accès de folie, en sortant de son rendez-vous avec un jeune acteur anglais prometteur, à qui il avait demandé de tenir le rôle principal dans l'adaptation du livre de Grisha Jaeger. Après avoir lu Le Chêne et le Cyprès, Dirk Reiss, qui avait déjà tourné dans une série télévisée culte, lui avait affirmé partager son enthousiasme. Grisé de champagne et de joie, Livai était discrètement entré chez un bijoutier et y avait choisi ce harceler - une constellation d'étoiles rangées autour d'un unique croissant de lune. Et le même modèle, en plus petit mais en fille pour Lottie. Ainsi que...

(E) pouvez-vous me l'attacher ?

Il lui était de plus en plus difficile d'ignorer cette réalité, désormais. Même si, au départ, il n'avait eu que les droits d'adaptation en tête, à un moment donné, dans la cuisine ou dans le temple, devant la casserole de crème ou les huîtres, la situation avait évolué pour devenir bien plus délicat.

(L) voilà, dit-il en s'empressant de retirer les doigts pour résister à l'envie de lui ôter, d'un seul baiser.

(E) il est magnifique, Livai ! Lottie l'aurait adoré et je serai ravi qu'on me photographie avec tout à l'heure. Comme ça, elle pourra le voir, elle aussi. Merci beaucoup.

(L) ce n'est rien, répondit-il en détournant la tête pour fixer la lagune, qui s'étendait devant eux, au delà du quai où les éclairs des flashs illuminaient un grand mur blanc et une rangée de drapeaux. Regardez, nous approchons. Une voiture nous attend.

(E) je croyais que c'était tout près.

(L) bien sûr, mais les célébrités ne marchent jamais.

Le bateau accosta et Livai tendit la main au jeune homme. En voyant l'étonnement qui élargissait ses yeux, il eut une fois de plus l'impression de le revoir pénétrer dans La Rose et la Couronne. Alors, le désir qu'il ressentait céda aussitôt place à la culpabilité.
Il venait de le jeter dans la fosse aux lions et il était trop tard pour faire marche arrière. Mais pas pour faire en sorte qu'ils le dévorent lui, d'abord.

C'était comme dans ces rêves où les évènements les plus bizarres prennent une apparence de normalité, se dit Eren en montant dans la voiture, ébloui par des dizaines de flashs. Et, comme dans un rêve, c'étaient les détails qu'il remarquait : l'inscription ( A l'épreuve des balles ) sur la vitre, les gants blancs du chauffeur, la mâchoire crispée de Livai.
Évidemment, dans quelques minutes, il allait se retrouver face à face avec l'homme qu'il aimait et qui donnerait le bras à un autre. Rien d'étonnant à ce qu'il reste silencieux...