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Lorsqu'il se retrouva apaisé dans ses bras, le corps encore palpitant de plaisir, la tête posée sur son torse, il écouta battre le coeur de Livai, tranquille et rassurant.
Mais brusquement, une folle angoisse lui déchira le cœur, comme s'il percevait la rotation de la terre qui s'accélérait, menaçant de l'éjecter et de le renvoyer au néant. Il referma la bouche sur son poing pour éviter de le réveiller. Sinon, il lui demanderait ce qui se passait et il lui faudrait bien avouer qu'il était terrifié par tant de bonheur.





Durant les quelques jours ensoleillés qui suivirent, Eren eut l'impression de vivre dans l'une de ces bulles délicates et irisées que soufflait Lottie et qui erraient au dessus de la pelouse avant de se disperser en un arc en ciel de gouttelettes. Livai et lui faisaient l'amour au petit matin, dans la fraîcheur de l'aube, ainsi qu'au coeur de la nuit sombre.
Lentement et avec volupté.
Le mercredi, Eren se réveilla de bonne heure et observa son amant endormi. La lumière de l'aube palissait sa peau pâle et dans son sommeil, il lui semblait hors d'atteint. Soudain, les paupières bordées de cils sombres s'ouvrirent et la bouche s'étira en un sourire ensommeillés.

(L) je rêvais de toi, dit-il en l'attirant contre lui.

Ce matin-là, ils firent l'amour avec une intensité qui toucha Eren plus profondément encore, mais quand Livai entra en lui en le regardant droit dans les yeux, il eut l'impression fugitif qu'il lui disait adieu.
Je suis vraiment ridicule, songea-t-il un peu plus tard en écoutant le bavardage de Lottie qui emplissait la cuisine.
Livai l'écoutait patiemment, un sourire de sphinx aux lèvres, tandis qu'elle tentait de lui arracher des précisions sur la fête qu'il lui avait promise pour son anniversaire.
Voilà des semaines qu'ils étaient sans nouvelles d'Erwin, sans que cela parais préoccuper la fillette, et Eren avait pris conscience qu'il n'avait jamais aimé cet homme. Ce qu'il avait un jour ressenti pour lui n'avait aucun commun mesure avec les émotions que lui inspirait Livai. Comme il ne voulait pas qu'il l'accompagne à l'aéroport, ils se dirent au revoir devant le palazzo. Après avoir déposé ses bagages dans le coffre, il se pencha vers Lottie pour l'embrasser.

(L) arrivederci, tesoro.

(L) a presto, Livai. Pourquoi tu t'en vas ?

(L) j'ai un travail qui m'attend. Et puis, je dois organiser un anniversaire ! Mais n'oublie pas de veiller sur Lupo pour moi. Et sur ton papa.

Elle se jeta dans ses bras et Eren sur détourner la tête pour cacher ses larmes. Puis Livai reposa l'enfant par terre et prit la main du jeune homme pour l'attirer à lui.
Depuis leur retour de Venise, par un accord tacite, ils s'étaient abstenus de tout contact physique devant Lottie. Mais cette fois, il fixa Eren droit dans les yeux.

(E) mi mancheria.

Il rit pour ne pas pleurer.

-pourquoi mon italien n'est-il pas aussi bon que celui de Lottie ?

(L) tu vas me manquer, mais je reviendrai vite, dit-il d'une voix brisée par l'émotion, ce qui le rasséréna un peu.

-Livai ? murmura-t-il.

Il se retourna et l'embrassa sur la bouche, sous le regard stupéfait de Lottie, avant de monter dans la voiture et de démarrer aussitôt, faisant crisser le gravier de l'allée.





Comme la maison paraissait vide sans lui ! songea Eren en traversant le hall, un panier de linge fraîchement lavé sous le bras, les yeux fixés sur la vieille horloge. Une heure à peine... Mais non, l'horloge était arrêtée et il devait être au moins 3 heures. Lui aussi, depuis ce matin, il se sentait en panne.

L'amant de Livai Ackerman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant