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-je n'ai pas besoin qu'on me protège, déclara Eren, je vous l'ai déjà dit.

Il sortit enfin et fit quelques pas en direction du bateau taxi qui les attendait. La nuit était noire et les lumières de la ville posaient des reflets d'or sur la lagune, alors que les rumeurs de la foule leur parvenait encore. Au dessus d'eux, la pleine lune semblait les guider, mais vers quel but ? se demanda le jeune homme, parcouru d'un long frisson.

-il fait de plus en plus froid, constata Livai.

Tout en prononçant ces mots, il retira sa veste et lui en couvrit les épaules.

(E) mais non, protesta-t-il, ce n'est pas la peine. Je me sens très bien.

(L) Eren, per piacere, ne pourriez vous pas m'autoriser pour une fois à prendre soin de vous ? chuchota-t-il d'une voix où perçait la colère.

(E) excusez-moi, dit-il en se blottissant dans le vêtement encore imprégné de la chaleur de Livai.

De part et d'autre du Grand Canal, les palais illuminés prenaient une allure fantomatique et la lune posait sur Venise endormie des reflets argentés pleins de mystère.
Rien de commun avec les paysages ensoleillés de Toscane qu'il venait de contempler durant 2 heures sur l'écran, si réalistes qu'il sentait presque le goût du vin que buvait Galilée et l'odeur de cèdre et de citron que distillait la chaleur.
L'odeur de Livai, songea-t-il. Une odeur qui l'enveloppait à présent, qui le pénétrait. Il se pencha sur le côté pour mieux s'abandonner au mouvement du bateau, revivant le moment où il l'avait embrassé. Quel volupté de sentir la caresse des mains qu'il avait posés sur ses joues et le contact de ce corps viril contre le sien. Mais sans doute ne pensait-il qu'à Erd alors, ce qui expliquait cette volonté de se contrôler qu'il avait également perçu chez lui. Voir l'homme aimé sur l'écran avait dû le dévaster.
Au moment où le bateau accostait au quai devant l'hôtel, il vacilla un instant sur ses chaussures. La main de Livai se posa aussitôt sur sa taille.

(L) va bene ?

(E) oui, dit-il en saisissant la main que lui tendait le portier, qui les accueillait sur les marches.

Dès qu'ils eurent atteint l'ascenseur, il fit glisser de ses épaules la veste de Livai et la lui tendit.

-merci. J'ai vraiment l'impression d'être un cendrillon en personne, mais maintenant, il me faut rendre mes beaux habits et retourner dans ma cuisine. Votre film était magnifique, excusez-moi de ne pas vous avoir félicité plus tôt. Surtout la séquence de la lune, qui aurait beaucoup plu à Lottie.

(L) je suis content qu'il vous ait plu, répondit-il d'une voix glaciale. Personnellement, je le déteste.

Le coeur d'Eren se serra de regret et de compassion.

(E) je vous comprends, murmura-t-il. Cela a dû être un moment difficile.

(L) une vraie séance de torture, murmura-t-il, les dents serrées.

L'amant de Livai Ackerman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant