L'amant de Livai Ackerman

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(E) où allons-nous ?

(L) j'aimerais pouvoir te répondre ( au lit ), mais nous n'en avons plus le temps. Il faut retourner auprès de Lottie et auparavant, je tiens tout de même à te montrer un peu Venise.

(E) je suis certain que Lottie s'amuse bien. Inutile de nous presser de rentrer.

(L) dès que nous serons de retour au palazzo, nous pourrons passer toutes nos nuits ensemble. Sauf mercredi, où je dois aller à Londres.

Eren s'écarta de lui, désolé de devoir mettre fin à cet enchantement.

(E) a Londres ? répéta-t-il, comme s'il s'étonnait que cette ville puisse exister encore.

(L) si, répondit-il en l'enveloppant de nouveau dans le couvre lit, qu'il maintint serré sous son menton. 1 jour ou 2. Mais je serai rentré dimanche, pour l'anniversaire de Lottie.

-naturellement, elle t'en a parlé ! lança Eren avec un sourire.

(L) oh, pas plus de 100 fois, et je lui ai promis...

(E) Livai, tu n'as pas à...

(L) cela me fait plaisir. D'ailleurs, tout est déjà organisé. Cela ne te gênera pas trop de rester seul 2 jours à Castellaccio ?

(E) j'ai l'habitude de la solitude. Mais tu vas me manquer.

(L) il faut que je m'occupe de mon prochain film.

(E) il te tient particulièrement à coeur, n'est-ce pas ?

(L) c'est le projet le plus important de ma vie.

Tandis qu'ils vagabondaient, enlacés dans une Venise encore déserte, ils furent attiré par une odeur de pain chaud qui s'échappait d'une boulangerie. Ils achetèrent des croissants, ainsi que des gâteaux aux pistaches pour Lottie et Dino.

-dans quelques heures, cette place sera bondée de touristes, dit Livai quand ils arrivèrent devant Saint Marc. Mais pour l'instant, elle t'appartient...

Le vol qui les ramena à Pise fut très tranquille et, tandis que la voiture roulait vers Castellaccio, traversant les collines verdoyantes et les villages dorés de Toscane, Eren sentit soudain un nuage obscurcir le Ciel serein de son bonheur.
Malgré toute sa joie de retrouver Lottie, le souvenir de Venise, dans la lumière pâle de l'aube, lui paraissait maintenant aussi inconstant qu'un rêve. A côté de lui, Livai conduisait sans effort, apparent sur les petites routes sinueuses, une main posée sur le genou du jeune homme, perdu dans ses pensés. Quant à lui, il n'envisageait pas sans peine de recommencer la vie qu'il avait mené jusqu'à la veille.
Comment pourrait-il encore plaire à Livai, les bras chargés de linge sale  et les cheveux sentant la cuisine ? La nuit précédente, il avait eu un aperçu de ce qu'était sa vie et le film lui avait permis de découvrir son talent de réalisateur et son extraordinaire créativité. Comment un homme aussi brillant pourrait-il s'intéresser à un garçon ordinaire comme lui ?
Lorsqu'ils franchirent la grille, Lottie et Dino les aperçurent et coururent à côté de la voiture, Lupo sur leurs talons. En gravissant les marches du perron, Eren serrait sa fille contre lui. Petra se tenait sur le seuil.

-tu t'es bien amusée, ma chérie ? s'enquit Eren.

(L) oh, oui ! On a mangé des hot dogs et des gelati. Hannes a joué de la guitare et m'a appris une chanson italienne. On est restés réveillés très tard et il y avait la pleine lune et le jardin était tout argenté. Lupo a dormi avec nous sous la tente... Jamais je ne me suis autant amusée. Et toi ?

(E) moi aussi. A Venise, j'ai vu la pleine lune qui se reflétait dans l'eau. Tu m'as manqué, mais je me suis vraiment bien amusé.

Après le dîner, Livai monta Lottie dans ses bras jusqu'à la petite chambre au plafond étoilé. Eren les suivit et, au moment où il l'a déposait dans son lit, la fillette lui dit à l'oreille quelques mots que son père n'entendit pas.
Quand Livai se redressa, Eren lut sur son visage comme l'expression d'une douleur soudain et se souvient de sa voix brisée quand il lui avait révélé qu'il ne pouvait avoir d'enfant.
Puis il lui prit la main et le guida vers sa propre chambre, où ils se déshabillèrent mutuellement en tremblant, pressés par une tendre urgence. Enfin, il put exprimer par ses gestes toute la tendresse qu'il ne savait pas lui dire.