#34

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Une fois dans l'appartement de 2zer, nous nous installâmes tous les sept. Nous discutâmes heureux de nous retrouver après ce long mois sans nous voir. Doums comme à son habitude, fumait joint sur joint en me parlant de son ex. Notre dialogue tournant en rond m'avait manqué.

Après une heure à essayer de lui faire comprendre qu'il fallait qu'il trouve une autre fille, je décidai de le laisser pour aller prendre une bière dans le réfrigérateur de la cuisine. Je cherchai un décapsuleur dans les tiroirs, quand Ken se présenta devant moi en fermant la porte de la pièce derrière lui. Il me prit la bouteille de main, et la décapsula à l'aide de son briquet.

- Merci, dis-je doucement.

- On devrait crever l'abcès tout de suite, non ? proposa-t-il. J'irai bien sur le balcon, mais je crois que ce lieu nous réussit pas vraiment...

- Je t'écoute, concédai-je.

- Euh, je sais pas trop pas où commencer... Comment tu vas ?

J'étais à la fois surprise et déçue de sa question. Il tournait autour du pot, je décidai de le laisser dans cette position inconfortable. Après tout, il l'avait bien mérité.

- Bien, répondis-je en prenant une gorgée de bière.

Un silence gêné s'installa entre nous.

- Bon, ok, je crois qu'on a été con, lâcha-t-il.

- On ? répétai-je.

- Ne me mets pas tout sur le dos Aly. Tu as été blessante, et je reconnais que je me suis laissé emporter. Trop rapidement.

- Trop violemment, rectifiai-je.

- C'est toi qui m'a foutu une baffe je te rappelle.

- Et toi, tu m'as prise à la gorge pour me plaquer contre un mur.

- Il me semble que tu aimais bien ça en Grèce, que je te plaque fermement, dit-il malicieusement.

Je ne pus m'empêcher de sourire en repensant à ce souvenir.

- Tu ne vas pas t'en sortir aussi facilement, répondis-je.

Il sourit simplement en me fixant de ses yeux sombres.

- C'était stupide de ma part de dire que je t'avais baisée comme les autres filles, concéda-t-il. Je ne te compare pas à mes conquêtes, pour moi tu n'en es pas une. Je n'ai jamais vraiment réussi à te conquérir complètement.

Je restai figée devant ses excuses soufflées à demi-mots.

- Et moi, je suis désolée de t'avoir dit que tu n'étais pas le genre de mec qu'une fille voudrait présenter à sa famille, avouai-je. Je ne le pense pas. Je ne voulais pas que mes collègues sachent pour nous deux, car leurs questions me mettent toujours mal à l'aise. C'est de la curiosité malsaine. Je voulais seulement nous protéger un peu...

- Pourquoi est-ce que tu me l'as pas dit ? s'enquit-il.

- Tu ne m'en as pas laissé le temps...

Il rit doucement en se pinçant l'arrête du nez.

- Bon ok, dit-il. Et si on oubliait cette histoire et qu'on reprenait là où on s'était arrêté ?

- Je sais pas Ken... admis-je. On se dispute sans arrêt tous les deux.

- Et on s'excuse ensuite, releva-t-il.

Je réfléchis à toute vitesse dans ma tête à sa proposition quand je sentis ses mains sur ma taille. Mon cœur s'emballa à ce contact. Ses yeux me détaillaient, avides d'une réponse de ma part. Soudain, à mon grand étonnement, ses lèvres fondirent sur les miennes. Ce qu'elles avaient pu me manquer...

- Ken... dis-je entre deux baisers.

- Ne me repousse pas Aly, murmura-t-il. On a déjà assez perdu de temps comme ça, je ne veux plus perdre une minute sans toi.

Et voilà qu'avec quelques gestes tendres et deux mots doux, mes sentiments pour lui que j'avais enfouis profondément refirent surface. Je lui rendis son baiser avidement lui faisant comprendre que j'acceptais sa demande.

Nos langues se caressèrent chaudement faisant naître en nous un désir que nous avions du mal à contenir. Je lui retirai son tee-shirt, tandis que lui baissait le haut de ma robe pour embrasser mes seins. Le contact de nos peaux chaudes me brula. Mes mains se baladaient sur son épiderme en oubliant notre rancune commune. Les pulsations de mon cœur s'accélérèrent férocement en sentant ses doigts redécouvrir ma féminité. Je m'abandonnai toute entière à lui, avide des sensations qu'il savait faire naître en moi.

Je m'assis sur le plan de travail de la cuisine, il écarta doucement mes cuisses pour me posséder. Nous ne fîmes pas attention à l'endroit où nous nous trouvions, nous profitions seulement du corps de l'autre.

- Tu m'as manqué Aly, murmura Ken à mon oreille.

Je ne pus répondre que dans un gémissement de bien-être. Nos corps succombèrent au plaisir de la chaire.

Même après l'orgasme, nous continuâmes de nous embrasser pendant de longues minutes. Nous n'arrivions pas à nous défaire de l'emprise que l'un avait sur l'autre. J'aurais pu passer des heures à continuer de profiter de lui ainsi. Je le sentis se détacher doucement de moi, ses yeux ombrageux transperçaient les miens. Je détaillai chaque point de ses iris que j'affectionnais tant, puis je déposai un nouveau baiser sur ses lèvres carminés par notre contact.

- On devrait peut-être retourner au salon, proposai-je. Les autres doivent se demander ce qu'on fait.

- Je pense qu'ils savent exactement ce qu'on fait, dit Ken en embrassant mon épaule nue.

Il me souleva, puis me remit sur mes pieds. Nous nous rhabillâmes, avant de retrouver nos amis. Je me sentais extrêmement mal à l'aise à l'idée que tout le monde savait que nous nous étions envoyés en l'air, mais heureusement personne ne fit la moindre remarque. Peut-être même pensaient-ils qu'on avait seulement eu une longue discussion ?

Nous passâmes le reste de la soirée chez 2zer avant de rentrer aux alentours de trois heures du matin chez moi.

Je me couchai en pensant aux lèvres de Ken sur les miennes. Quelle douce sensation. Dans ses bras, mon esprit trouvait la quiétude qu'il cherchait tant. Ken m'avait dit qu'il voulait reprendre où nous nous étions arrêtés, mais qu'étions-nous avant notre dispute ? Comment interprétait-il notre relation ? Et pourquoi ces questions revenaient sans cesse dans ma tête ? Comme si je ne pouvais pas me contenter de me laisser aller, et de voir comment les choses évolueraient d'elles même.

Je repensai à Emily, et à la tristesse sur son visage chaque fois que Ken l'envoyait balader. J'espérais ne pas devenir comme elle, une jeune femme courant après un amour non-réciproque. Cependant, il m'avait fait comprendre à demi-mot que j'étais plus que cela. Selon lui, je n'étais pas une conquête, mais qu'est-ce que j'étais alors pour lui ? Je me forçai à me promettre de ne jamais lui céder entièrement mon cœur. S'il le possédait totalement, alors je ne serais qu'à sa merci, me rendant vulnérable à chacun de ses gestes, à chacune de ses paroles, mais n'était-ce pas déjà le cas ?

Bon sang, ce que l'effet des hommes a sur les femmes est pénible...

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant