Bonus 4

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– Ken, tu dors ?

Je m'étais réveillée une heure à peine après m'être endormie. Nous avions l'habitude de nous disputer pour des raisons futiles, mais cette fois la culpabilité serra mon cœur. Etais-je égoïste de vouloir faire quelque chose qu'il ne cautionnait pas ? Peut-être. Ken me laissait libre de faire tout ce que bon me semblait, mais cette fois, la jalousie l'avait emporté sur sa tolérance.

– Ken, l'appelai-je encore en le secouant.

Il se frotta les yeux, puis regarda l'heure sur son téléphone.

– Il est quatre heures du mat, râla-t-il.

– Est-ce que tu m'aimes toujours ?

A ces mots, il alluma la lumière, et s'assit en appuyant son dos contre la tête de lit.

– Evidemment que oui, s'indigna-t-il en m'observant de ses yeux si expressifs. Et toi ?

– Oui, je m'aime encore, répondis-je en essayant de faire un brun d'humour pour calmer nos nerfs.

Il rit en levant les yeux au ciel.

– Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? s'enquit-il.

Comme à chaque fois que j'étais mal à l'aise ou gênée, ma main passa nerveusement dans mes cheveux.

– Je sais pas...

– Aly, souffla-t-il. Parle-moi, s'il te plait. Te renferme pas sur toi-même. Je suis presque ton mari, tu peux tout me dire.

Je me mordillai la lèvre inférieure en réfléchissant à mes propos. Sa main caressa ma joue en signe d'encouragement.

– J'ai l'impression que tu ne regardes plus... admis-je. Je suis devenue seulement la mère de ton fils, je ne suis plus la femme qui te faisait rêver, et c'est pas facile à accepter pour moi...

– Tu n'as rien à accepter parce que c'est complètement faux.

Il se rapprocha davantage de moi, et comme si mon corps ne pesait que quelques kilos, il me prit par la taille pour me faire asseoir à califourchon sur ses cuisses.

– Regarde-moi, m'ordonna-t-il avec douceur en balayant mes cheveux tombant sur mon visage.

J'obéis docilement en sentant l'émotion me gagner. Cela faisait des mois que je gardais mes ressentis et mes angoisses pour moi. Les avouer à voix haute rendait la situation réelle. J'étais en souffrance avec le besoin d'être rassurée. Quand mes yeux légèrement humides rencontrèrent les siens, un voile de tristesse et ce que je devinai être de la culpabilité se déposa sur son visage aux traits fins.

– Tous les soirs quand je rentre du studio, déclara-t-il, je me couche près de toi, et je te regarde dormir, parfois pendant de longues minutes. Je contemple chaque point de ton visage : ton nez fin, tes paupières closes qui cachent tes yeux d'une beauté absolue, tes lèvres que j'adore sentir contre les miennes. Tu le sens pas, mais systématiquement, je caresse tes cheveux, puis ta joue, parce que j'ai besoin de ça pour me dire que c'est bien réel, que tu es bien près de moi, et que tu t'es pas barrée.

– Pourquoi est-ce que je serais partie ?

– Parce que je t'impose une vie que tu n'as jamais voulue, continua-t-il. Je suis souvent absent, et quand je suis là, je suis pas toujours de bonne compagnie. Parfois, quand je rentre à trois ou quatre heures du matin, j'ai peur de trouver notre appartement vide. Je suis terrifié à l'idée que tu me quittes, car tu ne supporterais plus ce mode de vie.

– Je te quitterai jamais, Ken. Je savais ce qu'il m'attendait en partageant ta vie.

Un fin sourire passa sur ses lèvres.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant