#48

3.9K 186 50
                                    

Une nuit, je fus réveillée par la sonnerie de mon téléphone. Mes yeux souffrirent et se plissèrent devant l'écran allumé. Le numéro de Ken s'affichait. Je soufflai avant de décrocher.

- Je dormais Ken...

- Il faut que je te vois, se contenta-t-il de répondre.

Sa voix paraissait légèrement paniquée. J'entendis au loin de la musique résonner en fond sonore.

- Ca peut pas attendre demain ? demandai-je.

- J'ai besoin de te voir Aly putain !

Ces mots résonnèrent brutalement dans ma tête. J'allumai la lampe de chevet sur ma table de nuit, puis me frottai les yeux.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? m'enquis-je.

- Je suis en plein bad, j'ai vraiment besoin que tu viennes, répondit-il nerveusement.

- Putain Ken, t'as pris de la drogue ou quoi ?

- J'ai un peu trop fumé de weed, et sans doute abusé de l'alcool.

- Où est-ce que tu es, je vais venir te chercher, concédai-je.

- Dans une boite, près du champ de Mars. On se rejoint au Troca en haut des marches dans trente minutes, le temps que tu arrives.

- Ok, je me dépêche.

Je raccrochai et soufflai une nouvelle fois. Ce mec allait me rendre folle. Je me levai et enfilai un jean, ainsi qu'un sweet à capuche. Je mis mon perfecto par-dessus, et passai ma paire de Timberland, puis je partis en trombe de mon appartement. A cette heure-ci, il n'y avait bien sûr plus de métro. Durant les vingt minutes de marche, je maudis à chaque pas Ken de m'avoir sortie de mon lit. Malgré tout, l'inquiétude était présente dans mon esprit. Pour qu'il m'appelle à trois heures du matin parce qu'il était en bad, il devait être totalement défoncé.

Je le retrouvai assis sur les marches du Trocadéro en train d'observer la tour Eiffel scintiller. Ses doigts tenaient une cigarette presque entièrement consumée. Je m'assis silencieusement à ses côtés. En me voyant, son visage me sourit tristement.

- Tu es venue, constata-t-il.

- Tu en doutais ?

- Bien sûr que non, mais je m'en veux un peu.

- Tu m'expliques ce qu'il t'arrive ? lui demandai-je.

- Je suis totalement flippé à l'idée que mon album ne plaise pas, expliqua-t-il. Que mon public me délaisse, que je le déçoive...

- Ken, tu es un des rappeurs qui a le plus de talent, le rassurai-je. Tu te prends la tête pour rien. Ta musique va plaire, je suis certaine que tu vas cartonner ! Sans parler de ton film qui va être génial.

Ses yeux regardaient au loin. Visiblement, son esprit gambergeait cette réflexion depuis un bon moment.

- Je doute de moi, avoua-t-il.

- Pas moi, rétorquai-je. Je suis convaincue que tu vas être prodigieux, comme toujours.

Un sourire s'esquissa sur ses lèvres rosées.

- Comment tu peux être là ? me demanda-t-il en se tournant vers moi.

- Comment ça ?

- Après tout ce que je t'ai fait, expliqua-t-il. C'est de ma faute si ça a pas marché entre nous. Quand tu m'as dis que je pensais qu'aux autres et pas à toi, t'avais raison. Comme si le fait de sortir avec toi était une acquisition. Je t'ai complètement délaissée pour ma musique, mais toi, tu es là pour moi.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant