#76 - Epilogue

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Deux ans plus tard

J'étais assise dans le canapé de notre nouvel appartement. Il nous avait fallu un an et demi pour en trouver un à notre gout. Attachés à notre quartier, nous avions décidé de rester dans le quinzième arrondissement de Paris.

Je regardais Ken, tenant dans ses bras, notre fils âgé de quelques jours.

Je n'arrivais pas à me défaire de cette image. Les deux hommes les plus importants de ma vie. Après des heures de travail plus que douloureux, ce petit être était entré dans notre vie, la chamboulant de la plus belle des façons qu'il soit.

La sonnette de la porte d'entrée retentit, me sortant de ma contemplation. Je me levai pour aller ouvrir. Je saluai chaleureusement nos amis qui arrivèrent les bras chargés de cadeaux. Ils étaient déjà venus nous voir à la maternité, mais ne voulant pas gâcher ce moment unique pour Ken et moi, ils ne s'étaient pas attardés.

- Il est où le petit prince ? me demanda Sami.

- Dans le salon avec son père, souris-je.

Ils me suivirent jusqu'à eux. Curieusement, ils firent tous attention à ne parler trop fort, ils murmuraient comme s'ils avaient peur de déclencher ses pleurs.

- Je peux le prendre ? demanda Doums.

Ken se leva, et déposa notre fils dans les bras de son ami.

- Fais attention à sa tête surtout, prévint Ken.

- T'inquiète, je le tiens bien.

Le jeune homme regardait notre petit trésor avec tendresse. Lorsque celui-ci ouvrit les yeux, notre ami sourit de toutes ses dents.

- Hey salut petit gars, c'est tonton Doums, dit-il doucement.

- Moi aussi, je veux le prendre ! quémanda 2zer.

- C'est pas un jouet, siffla Doums, et je viens seulement de l'avoir, tu le prendras tout à l'heure.

Pendant que les garçons se disputaient pour savoir qui allait porter mon fils, Sami s'approcha de moi.

- Félicitations Aly, Mashallah, il est magnifique. Et puis Yiannis comme prénom, c'est top.

- Merci, souris-je. C'est Ken qui a choisi, c'est grec bien sûr.

- Et toi ça va ? me demanda-t-il. T'es pas trop fatiguée ?

- Je suis complètement épuisée, admis-je. Mais Ken s'en occupe beaucoup, on alterne une nuit sur deux pour les biberons.

- C'est important de te reposer quand le petit dort. Tu peux vite te retrouver submergée par la fatigue. Si vous êtes vraiment fatigués, hésitez pas à le faire garder quelques heures par votre famille ou par moi.

- Merci, souris-je.

Je laissai mon ami, pour aller en cuisine chercher les plats commandés chez le traiteurs quelques minutes plus tôt. J'installai tout sur la table basse, puis nous dînâmes tous ensemble. Mekra donna le biberon à Yiannis pour son plus grand bonheur.

Nous passâmes la soirée à discuter ensemble, et à rire de bon cœur.

Ken prit place à mes côtés, en me regardant de son habituelle malice.

- Et si on allait se balader ? me proposa-t-il.

- Tu veux dire laisser le petit aux garçons ? T'es fou ! On va revenir, Doums lui aura roulé un joint, et Sami lui aura donné des leçons de pickpocket.

Il rit à ma remarque, puis se leva en me prenant la main.

- Juste quelques minutes Aly.

- T'inquiète, me dit Naïm, je suis père aussi, je sais m'occuper d'un enfant. S'il y a un souci, je t'appelle tout de suite.

Je laissai à contrecœur mon fils à nos amis, puis nous sortîmes. La douce chaleur des soirs de juillet m'accueillit chaleureusement. Ken passa son bras sur mes épaules, puis nous nous baladâmes dans les rues de la ville.

Arrivés sur les quais de Seine, nous nous installâmes au bord de l'eau en laissant nos jambes se balader dans les airs.

- Ca fait du bien de nous retrouver quelques instants sans Yiannis, sourit Ken.

- C'est vrai, admis-je.

Je posai ma tête contre son épaule en contemplant l'eau du fleuve défiler sous mes yeux. Ken posa sa main sur ma taille, et déposa un baiser sur le dessus de ma tête. Cet instant me rappela nos soirées quelques années en arrière.

Après que Ken ait fait une pause dans sa carrière, nous en avions profité pour voyager. Nous avions visité le monde l'un avec l'autre. Entre-temps j'avais tourné dans un film de Quentin Tarantino qui m'avait propulsé au rang des actrices ayant gagné un Golden Globe. Malgré tout, j'étais restée moi-même, je n'avais pas changé mes habitudes. L'argent n'était plus un problème pour moi, j'étais assez riche pour pouvoir prendre ma retraite à trente-et-un ans.

Ken me prit la main, et me fit face. Ses yeux me regardaient de leur intensité à laquelle, malgré les années, je ne m'étais toujours pas habituée. J'aimais me perdre dans son regard en admirant les traits fins de son visage.

- Tu sais Aly, commença-t-il, il y a une semaine, tu m'as offert le plus beau des cadeaux, un fils, notre fils. Je passerai le reste de ma vie à vous chérir tous les deux, vous êtes ce que j'ai de plus précieux. On forme une famille tous les trois maintenant. Quand je me projette cinq ans plus tôt, la première fois que je t'ai vue, jamais je n'aurais pu imaginer que tu changerais ma vie à ce point. Tu m'as fait grandir, murir, devenir père. A tes côtés, je ne cesse d'évoluer. Mais aujourd'hui, je souhaiterais que tu m'accordes un nouveau rôle dans ta vie. Je ne veux plus être seulement ton petit-ami, mais ton mari, et j'aimerais que tu deviennes ma femme.

Je restai figée devant sa déclaration. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Il sortit de la poche de son jean un petit écran en velours, puis l'ouvrit devant mes yeux émerveillés. Une magnifique bague en or blanc y était rangée. Le bijou fin était parsemé de petits diamants tous plus étincelants les uns que les autres.

- Alyssa Sania, reprit-il, me feriez-vous l'incommensurable honneur de devenir ma femme ?

Mon regard passa de la bague à ses yeux à plusieurs reprises. La surprise étant parfaitement réussi, aucun mot ne sortit de ma bouche.

- T'es censé dire oui... murmura Ken amusé par mon air ahuri.

- Désolée, bien sûr que oui ! m'exclamai-je.

Il enleva la bague de l'écrin pour la passer à mon annulaire gauche. Le bijou avait été une fois de plus choisi avec goût, il s'accordait parfaitement à mes doigts fins. Mes yeux ne le quittait pas en l'observant briller. Ken passa sa main sur ma joue, pour relever son visage vers le mien.

Dans une douceur infinie, il m'embrassa langoureusement. Nos bouches ne parvenaient plus à se quitter.

Nous allions nous marier, crier notre amour à notre famille, et à nos amis.

Lorsque je réussis à quitter ses lèvres, mes yeux se perdirent dans les siens. Combien de temps avais-je passé à les admirer ? Des années.

Mon histoire avec Ken ne ressemblait à aucune autre. Notre couple avait eu son lot de disputes, d'insomnies, de tristesse, de pleurs, et de cris, mais cela l'avait renforcé. Tels le feu et la glace, nous nous étions blessés, parfois avec férocité. Cependant, nous étions ressortis vainqueurs du combat contre nos caractères si difficilement domptables. Aujourd'hui, nous coulions des jours heureux, plus amoureux que jamais.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant