A l'ombre de ta lumière

#75

Nous quittâmes la salle de spectacle par la sortie des artistes. Des fans attendaient Ken, qui se prêta gentiment au jeu des photos et des questions en tout genre.

- Vous étiez tellement beaux tous les deux ! s'exclama une jeune rouquine.

- Merci, répondit souriant Ken.

- Il y avait des filles qui pleuraient en se demandant pourquoi elles étaient pas à ta place, rit l'une d'elle en s'adressant à moi.

- C'est parce qu'elles ne le connaissent pas vraiment, ricanai-je.

Ken poussa ma tête répondant à ma taquinerie à sa manière.

- On y va ou tu veux encore te foutre de ma gueule devant mes fans ? me demanda-t-il en passant son bras autour de mes épaules.

Je ricanai, puis nous remerciâmes les jeunes femmes. Pourquoi son public comptait autant de filles ? Je levai mon visage vers le sien, en admirant sa beauté, je compris la raison de leur idolâtrie.

Nos casquettes vissées sur la tête, nous marchâmes quelques minutes sans que l'un de nous ne prononce un mot. J'angoissais en me demandant ce que Ken allait me dire. Est-ce qu'il allait une fois de plus me quitter, me dire que tout était terminé, que toute notre histoire n'était qu'une passade pour lui ? Au vue de la manière dont il m'avait embrassée devant son public, je n'en étais pas vraiment convaincue. Alors que préparait-il encore ?

Ken nous fit prendre de petites rues piétonnes se baladant entre des bâtiments construits d'une belle architecture. Il s'arrêta devant la grille du parc de la Cour St Emilion, je compris à son regard ce qu'il attendait de moi. Sans se parler, il me fit la courte échelle, et je passai par-dessus la grille en retombant sur mes jambes. Il me rejoignit quelques secondes plus tard un sourire aux lèvres.

Nous déambulâmes dans les allées du jardin parsemées de fleurs. Un cours d'eau brisait le silence du quartier endormi. Nous nous assîmes sur un banc, notre mutisme nous accompagnait toujours, m'obligeant à me poser une multitude de questions.

- Tu comptes me faire souffrir encore longtemps ? lui demandai-je.

- Je prends mon temps pour savourer ce moment, répondit-il amusé.

Il souffla, puis se tourna vers moi.

- Je vais arrêter la musique Aly, lâcha-t-il.

Je restai muette devant son annonce. Mes yeux le supplièrent de continuer à s'exprimer.

- En façade, tout va bien, reprit-il, mais j'étouffe littéralement de ne plus pouvoir marcher dans la rue tranquillement, de faire la une des magazines, tous ces comptes Instagram qui postent des photos de moi chaque jour sans m'avoir demandé une quelconque autorisation de ma part.

- Je te comprends, murmurai-je.

- Je sais, sourit-il. C'est pour ça que je vais faire une longue pause. Je reprendrais peut-être, mais j'aimerais avant retrouver un semblant de vie normale, profiter de mes proches, de toi...

- Et tes fans ? Qu'est-ce que tu vas leur dire ?

- Avant le concert, j'ai quitté les réseaux sociaux. J'ai fermé mon compte Instagram et Twitter. De toute manière, je n'allais plus vraiment dessus.

- Tes groupies doivent être en PLS, ris-je.

Il rit à son tour, puis m'attira à lui pour que je puisse me blottir contre son corps.

- J'ai eu peur que tu me quittes, admis-je.

Il se détacha de moi pour me faire face.

- Pourquoi est-ce que tu as pensé ça ?