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Point de vue de Ken

Nous étions dans un appartement de la rue Lecourbe du quinzième arrondissement de Paris. Nous visitions le lieu en écoutant les éloges de l'agent immobilier. Un grand salon, deux chambres, deux salles de bain, l'habitation semblait parfaite pour nous, mais je ne m'y sentais pas vraiment à l'aise. J'observai les réactions d'Aly qui ne semblait pas emballée non plus.

En partant, nous remerciâmes le professionnel, puis nous nous installâmes à la terrasse d'un café. Nous étions tous les deux vêtus d'une casquette sur la tête, cependant nos voisins de table nous reconnurent immédiatement. Nous acceptâmes gentiment de nous laisser photographier avec eux, mais nous étions de plus en plus réfractaires à ces demandes incessantes.

Nous étions deux jeunes voulant seulement passer un moment à deux sur la terrasse d'un café, mais les gens ne comprenaient pas cela. Nous étions de plus en plus acculés par les curieux et les fans. Notre couple faisait régulièrement la une des magazines people à notre plus grand désespoir. Je rêvais de pouvoir retrouver un semblant d'anonymat, et je savais qu'Aly le souhaitait aussi.

- Alors qu'est-ce que tu en as pensé ? me demanda-t-elle en allumant sa cigarette.

- Il était bien, mais je le sens pas, admis-je.

- J'ai pensé la même chose, sourit-elle. On en trouvera un autre.

Son sourire réchauffa mon cœur. Je regardais la fumée blanchâtre sortir entre ses lèvres rosées lui donnant un air sexy.

- On pourrait partir vivre ailleurs qu'à Paris, proposa-t-elle.

- Où est-ce que tu voudrais aller ?

- Je ne sais pas. Dans un endroit où nous pourrions prendre un café en terrasse sans se faire reconnaitre.

Je pris une grande inspiration en réfléchissant à sa proposition. Je partageais son point de vue, et comprenais son malaise. La plupart des gens étaient sympathiques lorsqu'ils nous demandaient des photos avec eux, mais nous nous sentions piégés dans une célébrité que nous détestions.

- Si tu veux redevenir totalement anonyme, il faudrait partir vivre à l'étranger, annonçai-je. Nous sommes trop connus pour rester en France.

- A Londres par exemple ?

- Je sais pas trop, réfléchis-je. Moi je serai tranquille là-bas, mais toi, tu seras toujours remarquée. Le film dans lequel tu as joué a été un carton dans toute l'Europe et les Etats-Unis.

Elle souffla, puis déposa sa tête dans le creux de ses mains sur la table.

- J'en peux plus Ken, dit-elle sans se relever.

Ma main caressa lentement son dos. Je ne savais pas quoi lui répondre. J'étais bien placé pour comprendre la lassitude qu'elle ressentait.

- Ca va aller Aly, murmurai-je à son oreille. On trouvera une solution.

Nous passâmes une heure au café à discuter, puis nous rentrâmes chez moi. Aly commença à faire sa valise. Je m'allongeai sur mon lit en la regardant hésiter sur les vêtements qu'elle devait apporter avec elle. Des tas de piles de fringues étaient éparpillés sur mon lit, me laissant juste assez de place pour pouvoir rester allonger.

- Tu pars que trois jours, lui rappelai-je.

- C'est juste au cas où...

- 90% des bagages d'une fille est composé d' « au cas où », la taquinai-je.

Elle me lança un de ses pulls au visage, en me faisant un doigt d'honneur. Je lui renvoyai un baiser ce qui la fit rire. Elle ferma sa valise, puis souffla, soulagée d'avoir terminé cet exercice.

- Tu m'appelles s'il y a un problème là-bas, lui demandai-je.

- Tu t'inquiètes pour moi ? sourit-elle.

- Ton père est chelou, forcément je m'inquiète pour toi.

Elle fit descendre sa valise du matelas jusqu'au sol, puis son corps se coucha sur le mien. Sa tête déposée sur mon torse montait et descendait sur le rythme de ma respiration. Mes doigts s'emmêlèrent dans ses cheveux dorés. Elle leva sa tête vers moi pour que mes yeux rencontrent les siens.

- Jure-moi que tu ne ramèneras aucune fille ici pendant mon absence, lâcha-t-elle.

Sa demande me désarçonna. Pourquoi est-ce que je ferais une chose pareille ?

- C'est dommage, j'ai prévu une orgie demain soir, ironisai-je.

Elle ricana, cependant je sentais qu'elle avait besoin d'être rassurée.

- Tu as peur que je te trompe ? lui demandai-je.

- Bah on s'est rien promis, donc je sais pas trop...

Sa réponse me vexa, je la repoussai, sans doute un peu trop brutalement, en m'asseyant sur le lit. Elle m'imita en attendant une réponse de ma part.

- Comment peux-tu penser que je vais profiter que tu sois absente pour aller voir d'autres filles ? m'énervai-je.

- Oh non Ken, souffla-t-elle. Je veux pas qu'on se prenne la tête avant de partir...

- Dans ce cas, arrête avec tes raisonnements à la con.

- Et toi arrête de te voiler la face, t'es un vrai séducteur, tu aimes que les filles te regardent !

- Ok, je sens que cette discussion va dégénérer, on va s'arrêter là. J'appelle un taxi pour nous emmener à l'aéroport.

Je me levai pour prendre mon téléphone posé sur le bureau de ma chambre. Je réservai sur internet un chauffeur, dont l'arrivée était prévue dans trente minutes, quand je sentis les mains d'Aly passer sur mon ventre. Son corps se colla à mon dos pour faire remonter en moi des envies luxurieuses.

- Tu m'énerves Aly, dis-je en me retournant vers elle.

- Je sais, se contenta-t-elle de répondre.

La belle blonde embrassa mes lèvres dans une lenteur exquise. Chaque mouvement de sa langue contre la mienne était sensuel m'empêchant de me débattre contre elle pour avoir une conversation sérieuse.

- Tu m'énerves aussi Ken, murmura-t-elle entre deux baisers.

- Je sais.

Nos bouches ne se quittaient plus, aimantées l'une à l'autre. Mes doigts se débarrassèrent de son chemisier, quand les siens déboutonnèrent mon pantalon. Elle s'assit sur mon bureau, puis je lui retirai son tanga. Mes mains écartèrent ses cuisses pour que mon corps possède le sien. J'aimais être en elle, la sentir vibrer à chaque mouvement de bassin. Plus j'accélérai, et plus ses gémissements étaient intenses. Je laissais échapper toute ma colère à son égard en claquant vigoureusement mon corps contre le sien.

J'attrapai son visage dans ma main pour la forcer à me regarder dans les yeux. Je vis ses traits fins se tendre lorsqu'elle jouit en gémissant avec force. Cette image décupla mon excitation, je la rejoignis dans ce moment d'extase infini.

Pendant de longues secondes, nous nous embrassâmes sans nous séparer du corps de l'autre. Je n'arrivais pas à décrocher de ses lèvres. J'étais comme un camé en train de prendre une dose d'héroïne. Dans une souffrance brutale, je me détachai pour lui faire connaitre le fond de ma pensée.

- Je te serai toujours fidèle mon amour, t'es la seule que je regarde, la seule que j'aime.

Aly m'observa pendant de longues secondes sans rien dire, visiblement sous le choc de ma déclaration. Ne voulant pas qu'elle se sente obligée d'ajouter quoi que ce soit, je déposai de nouveau ma bouche contre la sienne pour l'embrasser fougueusement. En me rappelant brutalement que le taxi devait arriver d'un moment à l'autre, je me détachai finalement d'elle.

J'espérais qu'elle réponde quelque chose au fait que je me sois ouvert à elle, mais elle se contenta de garder le silence. Son visage n'était plus animé par la colère, il paraissait serein, apaisé. J'étais légèrement déçu de son mutisme, mais je la laissais faire. Je ne voulais pas la forcer à me dire des choses dont elle n'était pas encore prête à me faire part.

J'attendrais, comme toujours...

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant