Point de vu de Ken
Comme deux adolescents ayant dérobé des friandises dans une boulangerie, nous partîmes en courant de cette soirée. Ma main tenait celle d'Aly, pour ne pas qu'elle ralentisse la cadence. Nous riions tous les deux à gorge déployée. Plus je m'éloignais de la cérémonie, et plus je me sentais revivre. Tout comme elle, je détestais tout ce que cela représentait.
J'arrêtai notre course devant les barrières du jardin du Luxembourg. A cette heure tardive, l'endroit était fermé au public. Nous étions à l'opposé de l'entrée du parc, les rues étaient désertes. Aly me lança un regard signifiant qu'elle comprenait ce que j'avais en tête.
- Dans tes rêves, rit-elle.
- Je t'aide à escalader, répondis-je avec enthousiasme.
- Et si le gardien nous surprend ?
- On changera nos plans, souris-je.
Elle rit de plus belle, enleva ses chaussures à talons, et souleva sa robe jusqu'à ses genoux. Je lui fis la courte échelle, puis elle prit appuie sur le haut de la grille. Dans une légèreté que je ne lui connaissais pas, elle retomba de l'autre côté. Je lui donnai les bouteilles de champagne, ses chaussures et son prix, puis je franchis à mon tour la barrière, pour retomber à ses côtés.
- Tu es complètement fou, rit-elle.
- Oui, je suis fou de toi Aly.
Ma bouche trouva le chemin de la sienne. Nous échangeâmes un baiser langoureux qui fit remonter en moi des envies bestiales de son corps. Je pris sur moi pour ne pas lui faire l'amour dans ce parc.
Nous nous enfonçâmes dans le drap obscur de l'immense jardin. Une fois à l'abri des regards, nous nous assîmes dans l'herbe fraiche, sous un grand chêne centenaire. J'ouvris la bouteille de champagne, un liquide doré mélangé d'une épaisse mousse blanche en sortit.
- A toi l'honneur, dis-je en lui tendant la bouteille.
Elle la saisit, et l'amena à sa bouche d'un rouge carmin. Elle rit en essuyant le champagne dégoulinant sur sa robe qui lui faisait un corps à tomber. Je pris à mon tour quelques gorgées de ce bonheur en bulle.
- Merci de m'avoir enlevée, me dit-elle en continuant de sourire.
- Je n'allais pas te laisser dépérir, ris-je.
Sa tête se posa sur mon épaule, puis mon bras l'accueillit en l'enveloppant tendrement. Mon corps se tendit légèrement lorsque mes pensées se perdirent en repensant à la manière dont l'acteur californien l'avait regardée. Je savais ce qu'il avait derrière la tête, car je la regardais également de cette manière. L'envie de son corps avait transpercé ses pupilles me faisant bouillonner de l'intérieur. Comment pouvait-elle ne pas se rendre compte de l'effet qu'elle faisait aux hommes ?
La déclaration qu'elle avait faite à l'assemblée sur notre relation m'avait profondément touché. Je n'avais rien voulu laisser paraitre, car nous étions filmés, mais mon corps avait eu une envie irrationnelle de se jeter sur le sien. Aly ne parlait pas beaucoup de ses sentiments, mais je me servais de ses yeux pour sous-titrer ce qu'elle ressentait. Lorsqu'elle se lançait dans cet exercice compliqué pour elle, j'en sortais constamment chamboulé. Que ce soit de la colère, de la tristesse ou de l'amour, quand ses émotions prenaient le dessus sur elle, je me taisais, et je l'écoutais.
Ce soir, elle s'était livrée, mais mon cœur restait en manque de paroles rassurantes de sa part. Je prenais le peu qu'elle m'offrait en l'apprivoisant comme une lionne ayant été gardée dans un cirque durant des années. J'espérais qu'un jour, elle puisse s'affranchir de la tristesse qu'elle avait pu vivre dans sa vie. La trahison d'un être aimé, la perte d'un ami, l'abandon d'un père, voilà qui ne l'avait pas vraiment aidé à se construire dans une ouverture à l'autre.
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A l'ombre de ta lumière
FanfictionAlyssa, jeune femme de vingt-cinq ans, vit sa vie comme elle l'entend. Tout son monde va basculer lorsqu'un soir, elle rejoint son cousin Orelsan au studio pendant qu'il enregistre un titre avec le rappeur Nekfeu. La jeune femme le connait seulement...