A l'ombre de ta lumière

#39

Deux semaines plus tard, je retrouvai les garçons qui comme d'habitude m'attendaient dans mon salon pendant que je finissais de me préparer. Nous avions prévu de retrouver nos amis dans une boite de nuit. Ken quant à lui, était déjà au Japon, notre vol était prévu le lendemain en fin d'après-midi.

Dans le métro, nous discutâmes du voyage. Les garçons étaient euphoriques à l'idée de visiter un pays si éloigné, et moi aussi. Nous n'étions jamais partis aussi loin. La sonnerie de mon téléphone me sortit momentanément de la discussion.

De 0685485685 : Alors comme ça tu vas en boite sans moi ?

A 0685485685 : Serais-tu jaloux ?

De 0685485685 : Je t'avoue que ça me plait pas trop...

A 0685485685 : Je t'appartiens pas Ken.

De 0685485685 : De toute manière, j'ai prévenu Framal et Mekra de frapper tous les mecs qui t'approchent ce soir.

A 0685485685 : Comme si, je n'étais pas capable de repousser des prétendants moi-même.

De 0685485685 : On sait jamais...

Mais qu'est-ce qu'il insinuait là ? Sa réponse m'énerva.

A 0685485685 : On sait jamais quoi ?

De 0685485685 : Ok, c'est bon... J'ai pas envie qu'on se prenne la tête alors que tu es loin de moi.

A 0685485685 : Alors arrête avec des insinuations à la con.

De 0685485685 : Amuse-toi bien Aly.

Je ne pris pas la peine de répondre. Ce n'était pas sa jalousie qui m'énerva, mais plutôt le fait qu'il insinuait que je ne repousserais pas les garçons qui s'aventureraient à me draguer. Je soufflai lassée de son comportement immature.

- Qu'est-ce qu'elle a notre petit Aly ? me demanda Houss.

- Ken me prend la tête, admis-je.

- Parce que tu sors sans lui ? demanda Naïm. C'est bon, tu fais ce que tu veux !

Je leurs tendis mon téléphone pour qu'ils lisent la conversation.

- Il flippe parce qu'il est loin, c'est rien, me rassura Sami.

- Il ne me fait pas confiance, rétorquai-je.

- Allez, arrête de te prendre la tête, répondit Naïm. On va s'amuser ce soir, et demain quand il te verra, il s'excusera, comme d'hab.

- Ouais, bougonnai-je.

Une fois dans la boite de nuit, nous partîmes rejoindre les garçons qui avaient réservé une table. Nous les saluâmes tous, heureux de les retrouver. Doums nous servit un verre à chacun, puis nous discutâmes ensemble.

- On va danser Aly ? me demanda Sami.

Je l'accompagnai sur la piste avec Framal, Mekra et 2zer. Pendant que nous nous déhanchions, Mekra m'attrapa le bras.

- Regarde la fille là-bas, me dit-il. Qu'est-ce que t'en penses ?

Il me montra une belle blonde aux courbes généreuses. La fille convoitée ne faisait pas bimbo, et paraissait même plutôt simple.

- Elle a l'air très bien, souris-je. Vas la voir !

Mon ami souffla un grand coup, puis partit à la rencontre de la jeune femme. Je regardai de loin, la scène en espérant qu'il ne se fasse pas éconduire. Lorsqu'il entama une danse avec elle, je poussai un soupir de soulagement. De mon côté, je continuai à danser avec Sami, Framal et 2zer, mais une partie de moi repensait aux paroles de Ken. Est-ce que les deux garçons étaient à mes côtés pour passer un bon moment avec moi ou pour me surveiller ? Les musiques défilaient sans que je n'arrive à m'ôter cette question de la tête. Ken avait vraiment gâché ma soirée... Je n'arrivais même pas à profiter pleinement des mes amis.

Je remarquai soudain, un petit attroupement. Lorsque mes yeux s'arrêtèrent dessus, je vis Mekra se disputer avec un garçon. Oh non... voilà ce qui allait définitivement ruiner ma soirée. Je partis rapidement à sa rencontre.

- Je vais te défoncer, dit l'inconnu à mon ami.

- Quand tu veux, viens on sort ! rugit Mekra.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? lui demandai-je.

La jeune blonde était entre les deux hommes essayant de faire tampon.

- Si on sort, je vais te baiser ta mère, hurla le jeune homme.

Il n'en fallut pas plus pour que Mekra écrase son poing sur son visage. L'inconnu avait le nez en sang. Il s'approcha, prêt à rendre le coup à mon ami, quand je poussai Mekra pour ne pas qu'il se fasse frapper. Le poing partit dans les airs, l'esquivant de justesse.

- T'es avec lui toi ? rugit l'inconnu.

Sans que j'eus le temps de réagir, il me gifla avec une violence inouïe. Je sentis mes cervicales craquer, avant de tomber sur un jeune homme qui me rattrapa au vol. Mekra sauta sur l'inconnu, et le tabassa. J'étais complètement sonnée, je regardais cette scène avec effroi. Je vis Sami, Framal et 2zer se précipiter sur Mekra, pour qu'il arrête de frapper l'homme à terre. Mon oreille sifflait, je sentis dans ma bouche ce qui pouvait ressembler à des petits grains de sable. Je passai ma langue sur mes dents pour sentir que la pointe de ma canine basse gauche était cassée.

Les videurs de la boite de nuit arrivèrent, et nous jetèrent dehors. A croire que c'était de notre faute ! Les pompiers étaient déjà là quand les autres nous rejoignirent au bout de la rue.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'énerva Naïm. Encore un gros porc ?

- Non, répondit Mekra. Un mec a pas supporté que je danse avec sa meuf.

- Pourquoi t'as fait ça ? demanda Doums.

- Je savais pas qu'elle avait un mec ! se défendit-il. Elle ne me l'a pas dit quand elle m'a embrassé.

- Ca va Aly ? me demanda Framal. J'ai vu que le mec t'avait frappée.

- Il m'a pété une dent... me plaignis-je.

- Fais-voir ! s'exclama Doums.

Je souris à pleine bouche, et tous les garçons observèrent ma cavité buccale.

- Alors ? Ca se voit beaucoup ? m'inquiétai-je.

- Non ça va, me rassura 2zer. C'est juste la pointe. Rien de grave, t'en verras d'autre.

- J'espère bien que non ! Sa gifle m'a assommée.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris de te mettre entre les deux aussi, rit Framal.

- Quand mon pote se fait frapper, expliquai-je, je le laisse pas seul. C'est comme ça chez nous. Peu importe que je sois une fille ou qu'ils soient quinze en face.

- T'aurais pas dû, je suis désolé, s'excusa Mekra.

Il posa sa main sur ma joue. Mon visage grimaça.

- Tu vas avoir un cocard, dit Houss. Il faut qu'on mette de la glace.

- On passe chez l'épicier prendre de la glace pour Aly, on achète des bouteilles, et on va se poser au champ de Mars. Ca vous dit les gars ? demanda Doums.

Nous acceptâmes cette invitation. Il n'était qu'une heure du matin, nous n'allions tout de même pas rentrer maintenant.

Une fois installés sur l'étendue d'herbe, nous continuâmes la soirée en buvant et en fumant des joints. Je repensai à la première fois que nous étions venus ensemble ici. Je ne connaissais Ken que depuis quelques jours. Je ne pouvais pas savoir à cette période que lui et moi serions en couple seulement quelques mois plus tard.