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Une semaine s'était écoulée depuis mon agression. Désormais, quand je sortais seule dans la rue, je ne cessais de me retourner, et d'observer les passants. J'angoissais à l'idée de tomber à nouveau sur les yeux bleus d'Oliver Tardin. Je me surpris à sursauter lorsque des fans venaient à ma rencontre pour me demander un autographe ou une photo. Avant je n'aimais pas vraiment ça, mais maintenant, je détestais cette approche que je trouvais intrusive. J'étouffais à mesure que le temps passait.

Je me baladais dans un magasin que j'adorais dans la rue du commerce du quinzième arrondissement. Une femme était venue à ma rencontre, puis une autre, puis encore une nouvelle. Un attroupement s'était formé autour de moi, tel un brouillard opaque, à travers lequel je ne parvenais pas à voir au-delà d'un mètre. L'angoisse m'avait littéralement envahit. Heureusement, les vendeuses vinrent à ma rescousse.

- S'il vous plaît Mesdames, demanda la manageur, laissez mademoiselle Sania faire son shopping tranquillement.

- Je veux juste une photo ! demanda une mère de famille tenant la poignée d'une poussette dans sa main.

- Moi aussi, j'en veux une ! réclama une autre dame.

- Hey, faites la queue, rugit une adolescente, j'étais là avant vous !

Je suffoquais, je voulais sortir de ce magasin, mais une vingtaine de clientes me barraient le passage. Je sentis mes oreilles bourdonner, ma vue se brouilla. Ma peau commença à transpirer ressentant des sueurs froides le long de mon dos. Une des vendeuses dut s'en apercevoir, car elle me prit par le bras pour m'amener dans l'arrière boutique. Heureusement pour nous, la porte fermait avec un code.

Depuis l'intérieur de la petite pièce, j'entendis les plaintes des clientes se firent de plus en plus pressantes. Je reculai apeurée à l'idée qu'elles ne réussissent à entrer. Mon dos heurta le mur, une nouvelle vague de sueur froide s'empara de mon être, des tremblements prirent d'assaut mes mains. Je fis tomber mon sac à main, ainsi qu'un sac en papier contenant mes nouvelles chaussures. Mon corps se laissa glisser jusqu'au sol, puis je déposai mon front sur mes genoux pliés contre mon ventre.

- Mademoiselle Sania, est-ce que ça va ? demanda la manageur.

Je levai les yeux pour l'observer elle et sa collègue. Leurs visages affichaient un air inquiet, je devais faire peine à voir. Les voix derrière la porte s'énervèrent de plus belle en constatant que je ne sortais pas les voir. Soudain, les larmes me montèrent aux yeux sans que je n'en comprenne la raison.

- Je déteste tout ça, dis-je d'une voix brisée en passant mes mains tremblantes dans mes cheveux.

- Je comprends, dit la plus jeune des deux femmes en s'agenouillant face à moi.

- Non, vous ne pouvez pas comprendre, la contredis-je. Je ne peux plus rien faire sans être remarquée. Je donnerais n'importe quoi pour pouvoir marcher dans les rues de Paris sans qu'on me demande une photo de moi.

- Est-ce que vous voulez qu'on appelle quelqu'un pour venir vous chercher ? demanda-t-elle.

Je sortis mon téléphone de mon sac à main, et envoyai un message.

A Ken le majestueux : Je suis coincée dans l'arrière boutique d'un magasin. Des fans me harcèlent, est-ce que tu peux venir me chercher stp ?

De Ken le majestueux : Ne bouge pas, j'arrive.

Je lui indiquai la rue, ainsi que le nom de l'échoppe. Pendant une vingtaine de minutes, les deux vendeuses me tinrent compagnie. Je discutais avec elle en leur demandant depuis combien elles travaillaient ici. Samantha la manageur, étaient en poste depuis huit ans, tandis que la plus jeune, Nawelle, était en contrat étudiant.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant