A l'ombre de ta lumière

#51

Je retournai dans ma loge pour me changer. J'enfilai un jean slim gris avec un chemisier blanc. Mes pieds se glissèrent dans ma paire de Timberland. Une fois prête, les garçons commandèrent deux taxis. Je montai dans l'un deux, Ken me rejoignit rapidement en prenant place à mes côtés. Je plongeai mes yeux souriants dans les siens, heureuse de le retrouver. Les chauffeurs nous déposèrent devant un restaurant thaïlandais du treizième arrondissement de Paris que Framal et Mekra avaient choisi.

Nous passâmes tout le repas à discuter et à rire en évoquant nos souvenirs passés. La fois où les garçons nous avaient rejoints à Barcelone, le Japon, la Grèce... Mes amis étaient heureux de se retrouver en laissant des rires gras s'échapper de leurs gorges faisant râler les tables voisines.

Une nostalgie fugace s'empara de mon esprit quand je me dis que ces souvenirs faisaient partie d'une belle époque. Je repensai immédiatement à mon histoire avec Ken, nous avions souffert l'un contre l'autre, mais quelle douce souffrance.

- Hey les gars, annonça 2zer, plutôt que d'aller en boite où on ne pourra pas vraiment discuter, pourquoi on irait pas chez moi ?

- Ca me va ! s'exclama Houss.

L'appartement de 2zer était un mauvais souvenir pour moi. Les disputes les plus violentes avec Ken avaient commencé ou s'étaient déroulées là-bas. Mes amis me regardèrent avec insistance attendant ma réponse.

- C'est une très bonne idée, répondis-je en ne voulant pas gâcher leur enthousiasme.

Après le restaurant, nous prîmes la ligne 8 du métro, puis descendîmes à la station Commerces. Nous passâmes chez un petit épicier, et achetâmes de quoi fêter nos retrouvailles.

Une fois chez 2zer, nous trinquâmes tous ensemble savourant notre complicité retrouvée.

- Alors, qu'est-ce que tu vas faire maintenant que tu as fini ta promo ? me demanda Ken qui était assis à mes côtés sur le canapé.

- Je ne sais pas vraiment, admis-je. Je vais me reposer, et profiter de mes proches.

- Tu as des propositions pour d'autres films ?

- Un peu, répondis-je humblement.

En réalité, j'avais dû engager un agent pour pouvoir gérer les demandes en tout genre.

- Et toi ? demandai-je.

- Je vais refaire quelques concerts dans la France, répondit-il. Je te proposerais bien de venir, j'en fais un dans trois semaines, mais je crois que tu n'as pas trop apprécié l'album...

- C'est de l'histoire ancienne, souris-je. C'est pardonné, et puis de toute manière, on ne peut pas remonter le temps et changer le cours des choses.

- Si tu pouvais, tu le ferais ? s'enquit-il.

Je réfléchis à sa question quelques secondes avant de lui répondre.

- Non, je ne changerais rien, murmurai-je. Même si ça n'a pas été facile la vie après notre rupture brutale, je me lancerais sans hésiter de nouveau dans cette histoire à tes côtés.

Je vis ses yeux sourire, ses dents mordirent sa lèvre inférieure. Je me flagellai mentalement en me sentant m'extasier devant son charme.

- Viens avec moi, dit-il.

- Où ça ?

- On va marcher un peu tous les deux.

Sans réfléchir, je me levai, puis nous quittâmes le groupe sous le regard malicieux de nos amis. Une fois dehors, je laissai le vent chaud du mois d'août s'engouffrer dans mes cheveux. J'allumai une cigarette, nous marchâmes de longues minutes en discutant, nous racontant nos vies. Arrivés à St Michel, nous nous assîmes sur le bord des quais, laissant nos jambes suspendues au dessus de la Seine. Ken alluma une cigarette en recrachant lentement la fumée à travers ses fines lèvres rosées.