A l'ombre de ta lumière

#50

Un an plus tard

Ma vie avait radicalement changé.

J'avais présenté mon mémoire de Master à plusieurs directeurs de ressources humaines de grosses entreprises françaises ainsi qu'à la direction de la société qui m'employait. Le thème sur les inégalités des conditions de travail homme/femme au sein des entreprises privées étant très actuel, je n'avais eu aucun mal à les convaincre. Après avoir répondu à leurs questions et suggestions pendant presque deux heures, j'avais finalement eu l'excellente note de dix-sept sur vingt. Mes proches avaient tous répondu présents pour assister à cette soutenance qui me permit d'obtenir mon diplôme.

Le plus grand changement fut que j'avais troqué mon métier administratif pour me lancer dans le cinéma. J'étais arrivée dans ce milieu par hasard, sur un stupide jeu avec les garçons. Ils avaient parié que je n'étais pas capable de me présenter à un casting pour tourner dans le nouveau film de Luc Besson.

Prise au jeu, j'avais demandé à Aurel de jouer de ses relations pour m'obtenir une audition. J'avais passé plusieurs tests, et les avais étonnamment réussis en obtenant le premier rôle. Toute une machine qui me dépassait s'était ensuite mise en marche. J'avais tourné durant des mois dans les studios à Los Angeles. Le film allait sortir en salle dans les semaines à venir.

Je comprenais mieux maintenant l'angoisse d'Aurel qui le taraudait avant la sortie de chacun de ses albums. J'étais totalement effrayée à l'idée que le film ne plaise pas, que mon talent soit critiqué. Après tout, je n'avais reçu aucune formation au métier d'actrice. Mes amis me rassuraient constamment en me disant que si j'avais été choisie pour incarner un premier rôle, c'était parce que j'étais douée, je ne le devais qu'à moi-même. Ils m'avaient dit qu'Aurel avait seulement obtenu une audition, et que c'était moi, et moi seule qui avait fait le reste. Malgré tout, j'angoissais terriblement.

Je devais faire la tournée des émissions TV pour la promotion du film accompagnée de Luc. Cet homme avait le cœur sur la main. Avant de le connaitre, je l'imaginais hautain, et sûr de lui. En réalité, c'était un homme qui était tout ce qui avait de plus normal avec une bienveillance à toute épreuve.

Nous enchainâmes donc les interviews aux Etats-Unis, en Europe, puis en France les unes après les autres. Je me prêtais volontier à l'exercice des questions/réponses des journalistes. Je ne me serais jamais sentie capable de ça auparavant, mais plus les émissions passaient, et plus j'étais à l'aise.

Je me trouvais dans ma loge avec les garçons en train de me faire maquiller. Depuis mon retour en France, ils m'accompagnaient sur chaque plateau, heureux de découvrir ce nouveau monde. C'était ma dernière émission TV, après, je pourrais enfin me reposer, et prendre des vacances. J'étais littéralement épuisée de sourire aux caméras, et de répondre toujours aux même questions des journalistes. Cependant, loin d'être ingrate, je ne me plaignais jamais, et donnais le change dès que les caméras étaient allumées.

- Aly, on fait quoi ce soir ? me demanda Houss.

- C'est la dernière promo ce soir les gars, répondis-je. Il faut qu'on fête ça !

- Carrément ! s'exclama Naïm.

Une jeune femme entra dans la pièce pour me demander de la suivre. Elle accrocha un micro à ma robe pour que les téléspectateurs puissent entendre ma voix. Luc était reparti à Los Angeles, et m'avait demandé de faire l'émission sans lui. J'étais stressée, mais je me forçai à me dire que tout allait bien se passer.

Je laissai mes amis qui m'encouragèrent, puis suivis la jeune femme dans les longs couloirs du studio. A mon passage, toutes les personnes me saluèrent chaleureusement. Le succès change le regard que les gens portent sur vous.