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Durant tous le mois où j'étais à la Nouvelle Orléans avec mes amis, je travaillais tel un acharné. J'avais hâte de terminer d'écrire et d'enregistrer mon album. Les jours se succédaient à une vitesse folle. Je vivais pleinement ma passion, et j'adorais ça.

L'ouragan Nate n'allait pas tarder à s'abattre sur la région. J'avais appelé mes parents, ma sœur et quelques amis pour les rassurer avant que le réseau soit coupé. Je décidai de joindre Aly, voulant avoir de ses nouvelles après trois semaines sans même un échange de message. Elle décrocha au bout de la seconde sonnerie. Après quelques banalités courtoises, nous échangeâmes sur nos vies, riant ensemble.

– Ton album sortira peut-être à titre posthume si l'ouragan balaye votre maison, me taquina-t-elle.

– Ahah, très drôle. Diabi m'a sorti la même connerie tout à l'heure.

Je l'entendis rire ce qui réchauffa doucement mon cœur inquiet.

– Bon allez Ken, dis-le-moi.

– Te dire quoi ?

– Que tu es complètement flippé, et que tu m'appelles pour que je te rassure.

– J'ai pas cinq ans, répondis-je en levant les yeux au ciel.

– Alors pourquoi m'appeler à ce moment précis ?

– J'ai pas le droit de t'appeler ?

– Sur ta pierre tombale, je demanderai à ce qu'il y ait inscrit : la mauvaise foi m'a tué.

Je ne pus m'empêcher de rire. C'était la seule aujourd'hui qui avait réussi cet exploit.

– On se voit quand je rentre dans une semaine ? demandai-je pour changer de sujet.

– T'arrives plus à te passer de moi, rit-elle.

Je souris simplement, percé à jour.

– Pas du tout.

– Tu mens, Ken.

– J'aimerais tellement voir la tronche amusée que tu es train de faire. Je suis certain que tu dois être fière de me mettre dans l'embarras comme ça.

– Je crois bien que j'ai un don pour ça, ricana-t-elle. Je vais l'ajouter à mon CV. Compétences : sait mettre le grand Nekfeu dans une situation inconfortable.

– T'es pas croyable, même à des milliers de kilomètres, tu continues de te foutre de moi.

– J'aime ça.

Je faillis répondre et moi je t'aime toi, mais je me repris de justesse à la dernière seconde en me mordillant ma lèvre inférieure.

– Je t'ai perdu ? me demanda-t-elle.

– Non, je suis là.

– Je plaisantais...

– Je sais Aly, je sais.

– Alors pourquoi ce silence ? s'inquiéta-t-elle.

– Parce que tu me manques putain.

Un blanc de quelques secondes se fit entre nous. Je posai mon front contre le mur de ma chambre en me demandant ce qu'elle pensait.

– A croire qu'être proche de la mort te délie la langue, ricana-t-elle faussement.

– C'est la seule chose que tu trouves à dire ?

Qu'est-ce que ça aurait été si je lui avais avoué mes profonds sentiments à son égard ? La colère me gagna subitement.

– Ken...

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant