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Deux semaines plus tard, je fus réveillée par la sonnerie de mon téléphone aux alentours de trois heures du matin. La blondasse relou s'affichait.

– Dis à tes potes de te rappeler plus tard, grogna Julie en mettant un oreiller sur sa tête.

– C'est Framal, mentis-je, je vais répondre, c'est peut-être grave.

Je partis dans le salon, et décrochai in extremis.

– Ken ?

– Tu sais qu'il est trois heures du matin ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

– Tu te rappelles quand tu m'as promis que tu serais toujours là pour moi-même si tu étais en couple ?

– Bien sûr.

– Je suis sortie avec une copine ce soir, on a pas mal bu, mais elle m'a plantée pour partir avec un type.

– Une copine ? Depuis quand est-ce que tu as des copines ?

– Bon ça va, c'est ma collègue Karen... souffla-t-elle. Je suis sur le pont de l'Alma, et j'ai vraiment besoin de te voir.

– Bouge pas, je suis là dans trente minutes.

Je me dépêchai de m'habiller, puis pris la clé usb qui se trouvait sur mon bureau que j'avais gardé pour elle. Je ne pris pas la peine de prévenir Julie, et partis la rejoindre. Je marchai rapidement en appréhendant nos retrouvailles. Je ne savais pas dans quel état j'allais la retrouver.

En arrivant au pont de l'Alma, je la vis accouder au garde-corps, ses yeux perdus sur la Seine. Je la rejoignis silencieusement en l'imitant. Son regard se leva sur le mien, un léger sourire se déposa sur ses lèvres. Sans rien dire, je lui pris la main, et nous nous installâmes sur un banc. Sa tête se posa sur mon épaule, mon bras s'enroula autour d'elle.

– Merci, murmura-t-elle.

Je déposai un baiser sur le dessus de son crâne en en profitant pour sentir l'odeur de son shampooing.

– Tu veux bien m'expliquer maintenant ?

– J'avais seulement besoin de te voir, de te sentir près de moi.

– Et bien, je suis là, souris-je.

– Qu'est-ce que tu as dit à ta copine ?

– Rien, je suis parti sans la prévenir.

Elle se détacha de moi pour que nos regards se rencontrent enfin. Ses yeux luisaient dans l'obscurité de la nuit, scrutant mon visage.

– Je peux te poser une question ? me demanda-t-elle.

– Bien sûr.

– Pourquoi ?

– Pourquoi quoi ?

Elle se mordit la lèvre inférieure, tandis que le vent balaya ses longs cheveux blonds.

– Pourquoi est-ce que tu es avec une fille que tu ne regardes même pas ? Pourquoi est-ce que tu es sur ce banc avec moi au lieu d'être avec elle ? Pourquoi est-ce que tu continues de me regarder avec cette même envie de moi ? Pourquoi est-ce que tu me fais ça, Ken ?

Je me sentais comme un con. J'avais oublié la franchise dont cette femme pouvait faire preuve. Je ne savais pas quoi répondre à ses questions, car je n'en connaissais pas les réponses.

– Je sais pas, murmurai-je.

– Tu l'aimes ?

– Non, bien sûr que non.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant