#32

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Je le suivis sur le balcon de l'appartement. Il s'appuya sur la rambarde en allumant une cigarette. Je l'imitai immédiatement, j'avais besoin de nicotine pour affronter cette discussion. Après des secondes de silence qui me semblèrent interminables. Ken me lança un regard que je ne compris pas.

- Est-ce que tu as honte de moi Aly ? demanda-t-il.

- Honte de toi ? répétai-je abasourdie.

- Tout à l'heure quand tu m'as présenté à tes collègues, j'ai eu l'impression que ça te faisait chier. Si tu voulais pas que je vienne, fallait me le dire.

- Non, ce n'est pas ça, dis-je doucement.

- Alors c'est quoi ? s'impatienta-t-il.

- C'est vrai que je n'avais pas vraiment envie qu'ils sachent pour nous deux, avouai-je.

- Sortir avec un rappeur, c'est si honteux que ça ? s'énerva-t-il.

- Ce n'est pas ça...

- Alors c'est quoi ? me coupa-t-il. D'habitude, les filles sont fières de m'avoir à leurs côtés !

Le fait qu'il fasse sans cesse allusion à ses conquêtes me fit sortir de mes gonds.

- Je suis pas une de tes putains de groupies Ken ! m'énervai-je à mon tour. Arrête de me comparer aux filles que tu as baisées.

- Pourtant, je t'ai baisée toi aussi !

Ma main heurta son visage violemment. Je vis la colère imprégner chaque pore de la peau de son visage.

- T'es qu'un connard Ken !

Il m'attrapa par la gorge, et me plaqua contre le mur. Sa main n'était pas serrée, mais ce geste me terrifia, mon sang se glaça.

- Lâche-moi immédiatement, criai-je.

- Comment est-ce que j'ai pu être aussi con ?! s'exclama-t-il à lui-même en relâchant son emprise. Comment j'ai pu croire que toi et moi ça pourrait marcher ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demandai-je nerveusement.

- Tu n'es pas le genre de fille qu'il me faut, lâcha-t-il.

- Tu sais quoi ? Va te faire foutre ! Si tu crois que tu es le genre de mec que les filles ont envie de présenter à leurs proches, tu te trompes ! C'est pas parce que tu es une célébrité que tout le monde doit te baiser les baskets ! Alors effectivement, si tu penses que je vais me mettre à genoux devant toi, et tout te laisser passer, alors on est vraiment pas fait pour être ensemble.

- Allez, c'est bon, casse-toi, se contenta-t-il de répondre.

- T'es qu'un pauvre type !

Je disparus dans le salon, dans lequel les garçons me regardaient tous avides de savoir ce qu'il c'était passé. Ils nous avaient sans doute entendus nous crier dessus.

- La malédiction du balcon a encore frappé... dit doucement Doums.

- Désolée, je rentre chez moi, m'excusai-je auprès d'eux. Je...

- T'es pas obligée de faire ça Aly, me rassura Framal. Ne t'excuse pas, on te comprend, ne t'inquiète pas.

- Merci, souris-je tristement.

Je pris mon sac à main, puis partis de ce maudit appartement en suppliant mes larmes de ne pas couler.

*

- Il a fait quoi ? cria Sami. Putain, mais on va le monter en l'air ! Ken ou pas Ken, j'en ai rien à foutre. C'est quoi son adresse ?

Je venais de raconter à mes amis ma dernière dispute avec Ken. J'avais hésité à tout leur raconter, mais je n'arrivais jamais à leur cacher quelque chose qui me touchait. Et cette altercation m'avait profondément blessée.

- Calme-toi, le suppliai-je.

- Me calmer ? répéta-t-il. Il t'a pris par la gorge, avant te plaquer contre un mur je te rappelle !

- C'était après que je l'ais moi-même giflé, rétorquai-je.

- Pourquoi tu le défends ? me demanda Naïm.

- Je ne le défends pas, je vous explique ce qu'il s'est passé, me justifiai-je.

- Moi qui croyais en vous... dit doucement Houss.

Naïm passa son bras autour de mes épaules, je laissai ma tête choir sur son épaule en repensant à toute cette histoire. Ca faisait une semaine que cela s'était déroulé. Bien sûr, je n'avais aucune nouvelle de Ken. 2zer et Framal m'avaient tous les deux appelée pour prendre de mes nouvelles. Au moins, j'avais trouvé de nouveaux amis...

- Je suis sûr qu'il va réapparaitre, lâcha Houss.

- Ouais, qu'il réapparaisse ! maugréa Sami qui ne décolérait pas.

- Arrête un peu toi ! s'énerva Houss. Tu vois pas qu'Aly est pas bien ? Et je suis sûr que Ken c'est pareil.

- Comment tu peux savoir ça ? lui demandai-je.

- J'ai vu la façon dont il te regardait, expliqua-t-il, c'est vrai que finalement je le connais pas beaucoup, mais je sais reconnaitre un mec qui kiffe vraiment une fille. Je pense que c'est le genre de mec hyper sensible qui a du mal à contrôler ses nerfs, c'est tout. Il a craqué quand tu lui as dit que tu ne voulais pas officialiser votre relation. Si c'était vraiment un sale type, il t'aurait renvoyé une gifle.

- Ouais, c'est peut-être ça, acquiesça Naïm. Peut-être qu'il s'est dit, vas-y je me suis enfin trouvé une petite meuf, je vais pouvoir me poser, et que ça lui a foutu les nerfs de voir que toi tu voulais pas le présenter en tant que mec officiel.

- Ouais, en fait, c'est de ta faute Aly, ironisa Sami. Les conneries qu'il faut pas entendre...

- Arrêtez de vous disputer, suppliai-je. Ne parlons plus de cette histoire. On a qu'à se regarder un film.

- Ouais, on va se regarder un film... bougonna Sami.

Je laissai mon ami se calmer tout seul. Je savais qu'il avait le sang chaud, et qu'il redescendrait en pression dans quelques minutes. Il était le plus protecteur des trois garçons, je ne pouvais pas lui en vouloir de me défendre.

Nous passâmes la soirée à regarder des films et à fumer des joints. Je m'endormis contre Naïm sans même m'en rendre compte.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant