#15

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Dans la semaine Aurel vint me chercher à mon travail. Après une heure et demie de voiture, nous arrivâmes à Orly. Dès que les gamins qui jouaient dans le parc l'aperçurent, ils se jetèrent sur lui pour lui demander des photos. Mon cousin se prêta au jeu, et prit le temps de se faire photographier avec chacun d'eux.

Nous pénétrâmes chez ma mère, une délicieuse odeur chatouilla mes narines.

- Les enfants, sourit ma mère.

Elle nous embrassa tous les deux avant de nous trainer dans le salon.

- Alors comment tu vas mon petit neveu ? Tu n'es pas trop stressé ? s'inquiéta-t-elle.

- Non ça va, mon album est en tête des ventes, répondit-il. Je crois qu'il plaît aux gens.

- Bien sûr qu'il plait, souris-je. Tu es le meilleur !

- Pourquoi Ahélya n'est pas venue ? demanda ma mère.

- Elle est restée en Normandie, expliqua Aurel. Je voulais passer avant de la rejoindre demain soir.

- Maman est-ce que tu as entendu la chanson Défaite de famille ? lâchai-je.

- Oh, ne m'en parle pas ! s'exclama-t-elle. Mes collègues n'ont pas arrêté de m'en parler ! Ils pensent que c'est moi la tata crevarde qui lave les assiettes en carton !

- Mais non, se défendit mon cousin, tu sais bien que c'est Martine. Je ne parle pas de vous dans cette musique.

- T'as dit quand même que t'avais envisagé des cousines, relevai-je.

- On va pas recommencer, c'était pour déconner !

- Laissons cette horrible chanson de côté, proposa ma mère. Les lasagnes sont prêtes, on peut passer à table.

Durant tout le repas, nous discutâmes de choses et d'autres. Après le dessert, ma mère ne put s'empêcher de ressortir mes vieux albums de famille. On nous voyait Aurel et moi sur plusieurs photos à Noël. Sur l'une d'elle, je devais avoir une dizaine d'années, je regardai les yeux emplis de joie Aurel monter ma maison de poupées. Sur celle d'après, mon cousin faisait la tronche en me regardant jouer à sa place à la Super Nintendo.

Aurel regardait les photos défiler, le regard nostalgique. Ces années étaient loin derrière nous à présent, mais cette époque était remplie seulement de souvenirs heureux. Même si mon père n'avait plus donné signe de vie dès mes cinq ans, ma mère et ma famille avaient toujours tout fait pour pallier cette absence. Ils avaient parfaitement rempli leur mission, car mon géniteur ne me manquait pas le moins du monde. A vrai dire, je n'avais quasiment plus de souvenirs de lui, seulement quelques bribes que je me forçais à renfermer au fond de moi-même.

Nous quittâmes ma mère aux alentours de minuit. Nous finîmes la soirée chez moi à regarder One Piece.

- Le mois prochain, c'est l'anniv de mon père, me dit Aurel. On va faire une bouffe à la maison si ça te dit.

- D'accord, je regarderai demain les billets de train, répondis-je. Je dormirai chez toi, j'ai pas envie de dormir chez tata.

- Ouais, t'inquiète je te comprends, sourit-il.

*

Une semaine plus tard, alors que j'étais au travail, je sentis mon téléphone vibrer sur mon bureau.

De 2zer : Hey Aly, tu fais la morte ?

A 2zer : Pourquoi tu dis ça ?

De 2zer : Ca fait deux semaines qu'on a pas vu ta tronche.

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant