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Une heure plus tard, je discutais avec mes amis, Julie nous avait rejoints. Je tentais de suivre la conversation, mais je n'arrivais à quitter du regard Aly qui discutait avec un type que je ne connaissais pas. Je serrai nerveusement mon verre en fumant rapidement ma cigarette.

– Je vais me resservir un verre, prévins-je ma copine.

Je ne lui laissais pas le temps de répondre que je me rendais dans la cuisine, remplissait au maximum mon gobelet de coca et de glaçon. Sur le chemin du retour, je fis exprès de bousculer la blonde en déversant mon verre dans son décolleté.

– Putain, Ken ! rugit-elle.

– Oh je suis désolée, je t'avais pas vue.

Elle s'excusa auprès de son prétendant, puis partit en direction de la salle de bain. Je savais que je ne devais pas la suivre, mais c'était plus fort que moi. Je regardais Julie en hésitant, ma morale et mon cœur s'affrontaient dans un combat intérieur, mais déjà mes jambes me conduisirent dans le couloir menant à la salle de bain. J'actionnai la poignée, mais la porte était verrouillée.

– C'est occupé !

– C'est moi, ouvre.

– Dégage Ken.

Je m'appuyai dos à la porte en me demandant comment j'allais réussir à faire céder la jeune femme.

– J'ai besoin de te parler Aly.

– Prends tes cachets contre les troubles de la personnalité, et fous-moi la paix.

– Laisse-moi te parler cinq minutes, et après tu seras débarrassée.

J'entendis le verrou se tourner, la porte s'ouvrit brutalement. Ayant toujours le dos appuyé contre celle-ci, je tombai comme une merde au sol sous les rires de la blonde. Je me dépêchai de me relever en priant pour que personne n'ait vu ça, et fermai rapidement la porte derrière moi.

Aly était en train de rincer le haut de sa combinaison qu'elle avait descendu jusqu'à ses reins, m'offrant la vision de ses seins emprisonnés dans un soutien-gorge noir en dentelle. Je passai mes mains sur mon visage pour retrouver contenance.

– Fais pas comme si tu ne m'avais jamais vue moins dévêtue, se moqua-t-elle en voyant mes yeux rivés sur sa poitrine. De quoi tu voulais me parler ?

En réalité, je n'en savais rien du tout, je voulais seulement être avec elle.

– C'était qui le mec avec qui tu discutais ?

Son visage se tourna vers le mien, elle arrêta de frotter le haut de son vêtement.

– Tu n'as plus à avoir peur que je te trompe parce qu'on est plus ensemble.

– J'ai jamais eu peur que tu me trompes, la contredis-je.

– C'est pas ce que tu disais tout à l'heure, siffla-t-elle en reprenant sa tâche.

– J'ai seulement dit que j'avais des raisons d'être jaloux.

– Ca veut dire ce que ça veut dire.

Je lui attrapai le poignet pour qu'elle arrête de frotter sa foutue combinaison, et qu'elle me regarde dans les yeux.

– Ca signifie que je ne voulais pas te partager avec un autre homme, je te voulais entièrement mienne, être le seul à pouvoir t'arracher un sourire, à pouvoir te faire rire. Je n'ai jamais pensé que tu aurais été capable de me tromper, j'avais une confiance aveugle en toi.

Son regard surpris ne quittait plus le mien. Ses yeux océan devant lesquelles ses longs cils battaient. Sa bouche habillée d'un rouge profond. Ses minuscules tâches de rousseurs s'éparpillant sur son nez fin. Elle se contenta de se rhabiller avant de retourner dans le salon, me laissant comme le dernier des cons. Je passai de l'eau froide sur mon visage en priant pour que ça apaise mon esprit fou. Comment cette femme pouvait-elle foutre le bordel dans ma tête à ce point ?

Je retournai à mon tour dans le salon, rejoignant mes amis.

– Julie t'a vu suivre Aly dans la salle de bain, me prévint 2zer.

Les emmerdes continuaient de plus belle.

– Elle est dans le jardin, ajouta Framal.

Je partis à sa rencontre, la jeune femme était assise sur un banc en train de fumer une cigarette.

– Qu'est-ce que tu fais toute seule ?

– J'essaie de me calmer après ce que j'ai vu tout à l'heure.

C'était la première fois qu'elle semblait en colère contre moi.

– Je suis désolée, je devais lui parler.

– Et bien sûr, il fallait que tu sois enfermée dans une salle de bain avec elle pour le faire ?

– Non, c'était stupide de ma part, admis-je.

Je soufflai en appréhendant la suite des événements.

– Est-ce qu'il y a toujours quelque chose entre vous ?

– Il y aura toujours quelque chose entre elle et moi, avouai-je. C'est normal, on a partagé beaucoup de choses ensemble.

Elle encaissa le choc de ma réponse.

– Et est-ce que tu veux continuer avec moi ? s'enquit-elle.

– Je crois que cette décision ne m'appartient pas, soufflai-je.

Je la vis hésiter quelques secondes avant de se lancer.

– Ecoute Ken, ça fait pas longtemps qu'on est ensemble, mais je me suis vraiment attachée à toi. A tes côtés, je me sens vivante. On ne se dispute jamais, j'ai l'impression qu'on est vraiment sur la même longueur d'ondes tous les deux. Je trouverais ça dommage qu'on mette un terme à tout ça à cause de ton ex.

Je restai stupéfait devant sa déclaration. Avec Aly, j'aurais eu le droit à de la colère froide, à un mutisme glaçant, mais Julie elle, savait communiquer sans passer par la case cris.

– Tu ne dis rien ?

– Je trouverais ça aussi dommage, me contentai-je de répondre.

Elle sourit, plus heureuse que jamais. Elle était visiblement vraiment attachée à moi.

– En revanche, je te demande une chose, exigea-t-elle. Je ne veux plus que tu vois Alyssa.

Mon regard se figea sur le sien. Je me rappelai la fois où Hugo avait demandé la même chose à Aly, et qu'elle avait accepté sans broncher. Ce souvenir me fit prendre ma décision rapidement.

– C'est d'accord.

Son sourire s'accentua davantage, sa bouche se déposa sur la mienne pour sceller cette promesse que je savais impossible à respecter. 

A l'ombre de ta lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant