L'assassin de mon frère

Chapitre 19/

Je souffle d'exaspération et la porte au fond de la pièce attire mes yeux. Je ne sais toujours pas ce qu'il y a à l'intérieur. Je marche vers elle puis tente de l'ouvrir et je découvre qu'elle n'est pas verrouillée. Je passe alors ma tête dans l'encadrement et aperçois une immense pièce.

Devant moi se trouve une baignoire luxueuse avec tout le nécessaire pour faire sa toilette. J'avance au milieu de la pièce et mes pieds rencontrent un tapis doux, entièrement blanc et plutôt classe. Il y a aussi une douche spacieuse dans un coin, avec une porte transparente.

Les Hawk sont vraiment riches pour se permettre d'avoir une salle de bain comme celle-là ! Mais ce n'est pas fini puisque je vois alors un autre espace lié à la pièce par une porte coulissante. Je pousse cette porte et découvre alors un dressing rempli de beaucoup trop de vêtements.

Après avoir passé suffisamment de temps dans un bain relaxant, je m'enveloppe d'une serviette super douce et vais dans le dressing. La pièce est rectangulaire et les rangements sont en bois clairs avec quelques tiroirs sur les étagères.

Je prends un pantalon fluide et un haut au hasard, puis je vais me sécher les cheveux devant un miroir installé au fond de la pièce.

Je reste pieds nus et retourne dans la chambre. Le soleil emplit le pièce de sa chaleur, je me croirais en vacances ! Je me dirige vers la porte-fenêtre et sors sur le petit balcon pour admirer la vue.

Je tourne la tête vers les grands arbres mais je ne vois même pas la barrière qui nous entoure. Mes yeux se baissent pour voir une terrasse avec une piscine juste à côté. Moi qui déteste l'eau, je suis comblée ! Depuis toute petite, j'ai horreur de ça.

Les vagues deviennent de plus en plus fortes mais je ris tellement avec mon frère que ça ne nous arrête pas. Soudainement, une première vague assez haute m'emporte ; je bois la tasse et sans me laisser m'en remettre, une seconde vague encore plus forte arrive.

Je suis prise dedans et elle me fait racler le sable pendant que je manque d'air. Je respire alors de l'eau en m'étouffant mais heureusement pour moi, Liam est là et m'attrape par le bras pour me faire remonter à la surface.

Je regarde le paysage qui s'offre à moi quelques minutes puis la faim s'empare de mon ventre. C'est vrai que j'ai rejeté mon petit déjeuner tout à l'heure.

Je sors de la chambre et descends les escaliers, en retenant le chemin, mais une fois en bas une silhouette m'arrête. Le chef des Hawk a les bras croisé sur son torse en parlant à une femme.

Je reste figée en bas des marches et il me voit alors il me fait signe d'approcher. Je m'avance vers eux en regardant son interlocutrice : elle doit avoir dans la quarantaine et ses cheveux bouclés remontent sur ses épaules. Son visage aborde un sourire bienveillant qui me met tout de suite en confiance.

— Hélia voici Katerina, elle s'occupe de la maison, fait la voix grave du mafieux. Katerina, esta es Hélia. Es nueva en el clan y una verdadera parlanchina.¹

Je n'ai aucune idée de ce qu'il a dit. Mais cette dame ne parle apparemment pas français. C'est dommage, j'aurais pu sympathiser avec la seule personne normale de cette maison.

Katerina me fait un joli sourire et je le lui rends, même si je ne sais pas la description qu'elle a eu de moi. Elle penche ensuite sa tête d'un côté en répondant en espagnol et je me tourne vers le chef sans saisir ses paroles mais il me lance un regard désespéré en voyant que je ne comprends pas un mot d'espagnol.

— Elle a dit que tu avais une sale gueule, fait-il sèchement.

Je tourne le dos au chef des Hawk qui aborde un sourire en voyant mon visage énervé. Punaise, il est aussi mature qu'un gosse de trois ans. Il n'est même pas capable de faire une simple traduction !

J'essaie de repérer la cuisine parmi toutes les portes mais l'une d'entre elles est ouverte et je reconnais immédiatement le mobilier de la cuisine. Je m'engouffre dans la pièce et j'ouvre au hasard les placards en quête de nourriture.

Finalement après quelques essais infructueux, j'attrape une tablette de chocolat et une brioche, puis je m'installe sur l'îlot central de la pièce pour manger tranquillement.

Qu'est-ce que c'est reposant quand personne ne me parle.

Il faut aussi que je demande à l'un des mafieux pourquoi est-ce qu'ils ont un dressing entièrement remplit avec des vêtements féminin, alors qu'il n'y a que des hommes qui vivent dans la villa. À moins qu'ils n'appartiennent à Katerina ?

J'entends soudainement des pas dans le couloir et je me tourne pour voir Félix arriver dans la cuisine en grognant quelque chose. Il me voit et marque un temps d'arrêt avant de s'avancer en plissant des yeux.

— C'est à moi ça, fait-il en pointant la nourriture dans ma main.

Il a quel âge ? Et il dit être un mafieux ?

Je lève le carré de chocolat bien en évidence puis le mets dans ma bouche sans un mot. Félix ouvre la bouche dramatiquement et réplique :

— J'espère que tu as conscience de ce que tu viens de faire ?

— Manger ? Parce que sinon je meurs ?

Ma voix est rocailleuse, réveillant par la même occasion ma douleur à la gorge, mais Félix ne fait aucun commentaire sur ma voix et s'approche encore plus de moi. Je vois dans son regard qu'il est mi-sérieux, mi-moqueur.

— Je ne savais pas que vous étiez du genre à prendre des goûters ! je m'exclame avec une grimace quand il arrive juste à côté de moi.

— Je vais te laisser la vie sauve pour cette fois, ma poule. Mais si tu recommences, je te fais la peau.

Je plisse mes yeux en le regardant mais il me sourit comme un gamin quand je dis :

— Je mange ce que je veux. Et je ne suis pas ta poule !

Le supposé mafieux m'ignore et s'assoit en face de moi en me piquant la part de brioche que je m'étais coupée. Je ne comprends vraiment pas son comportement... Il essaie de faire le gentil avec moi alors qu'il tue des dizaine de personnes de sang-froid ?

On reste silencieux quelques temps, puis je me décide à lui poser la question pour cette histoire de dressing.

— C'est Katerina qui les a commandés pour toi, me fait Félix la bouche pleine.

Pour moi ?

— Parce que j'intègre les Hawk ?

— Léo lui a demandé d'acheter ce qu'il fallait.

Ça a dû coûter un bras tous ces vêtements, en plus du nécessaire d'hygiène et tout le maquillage et les bijoux que j'ai aperçu en ouvrant des tiroirs.

Une autre personne arrive dans la cuisine et je reconnais la voix d'Éloi qui est au téléphone :

— Je m'en fous. Tu blanchis cet argent où ta famille en subira les conséquences.

Eh bien, ça annonce la couleur.

La mafieux raccroche et prends une pomme dans un saladier. Il nous regarde ensuite tour à tour avec Félix et ricane en disant :

— On dirait une crèche, ici. La moyenne d'âge est de plus en plus basse.

— Va te faire foutre, Éloi.

S'en suit la même chamaillerie que ce matin dans la salle de bain commune. Il faut croire qu'ils adorent se titiller tous les deux.

¹ [Traduction] Katerina, voici Hélia. Elle est nouvelle dans le clan et est une vraie bavarde.