L'assassin de mon frère

Chapitre 30/

Point de vue de Léo :

°

Immédiatement, Hélia ouvre la bouche de surprise et commence à secouer la tête de gauche à droite mais je la devance en disant sèchement :

— Tu es juste un plan cul Alix, mets-toi ça dans le crâne et arrête de me faire chier.

Après mes paroles, elle commence à avoir les larmes aux yeux puis elle sort de la boutique sans rien ajouter. Je passe une main dans mes cheveux mais j'entends la brune marmonner à côté de moi.

— Tu as quelque chose à rajouter ? je lui demande en m'accoudant au comptoir.

Elle se retourne vers moi et je vois tout de suite qu'elle se demande si c'est vraiment judicieux de me dire les choses en face. Quelques secondes passent, puis elle ouvre la bouche pour répéter :

— Tu aurais pu être un peu plus gentil. Elle a sûrement des sentiments pour toi.

Moi ? Gentil ? Putain mais on est où ?

— Je m'en fous de ce que les gens pensent et si je suis gentil ou non. J'ai un putain de clan à diriger.

Hélia ne dit rien et je me dirige vers l'une des deux pièces du salon ; je pousse la porte et aperçois Jo' et Sabine qui s'enlacent amoureusement.

Je toque à la porte pour qu'ils me remarquent et leurs visages se tournent simultanément vers moi. Joseph a une allure de bûcheron, avec sa longue barbe et son visage carré, tandis que Sab' à tout l'air d'une ancienne star du rock.

— Léo ! Quel plaisir ! s'écrie Jo' en souriant.

Je ne prends même pas la peine de faire les présentations et dis directement au couple qu'on est ici pour que la brune se fasse tatouer un aigle.

— Pardonne lui son impolitesse, fait le barbu en s'adressant à Hélia, si sa tante le voyait il aurait déjà eu deux claques bien méritées.

— Je crois qu'il s'en fiche d'être d'impoli, il a un clan à diriger, réplique la brune avec sérieux.

Sabine sourit en l'entendant et je tourne mon visage vers la petite qui me regarde avec ses grands yeux noisette.

Chérie, tu vas le payer pour t'être foutue de ma gueule.

Je détache mes yeux d'Hélia pour les reporter sur le couple qui s'échange eux aussi un regard. Sabine se présente ensuite et Jo' en fait en de même en lui disant qu'ils sont tous les deux tatoueurs depuis quelques temps. Le charabia habituel.

— Où est-ce que tu veux ton aigle ? demande le barbu en lui faisant signe de s'avancer.

La brune fait quelques pas, un peu perdue, et je vois son visage se crisper quand elle dit le vouloir sur la nuque. Elle a peur, ça se voit tout de suite.

Je m'avance à mon tour dans la pièce et Sab' me demande des nouvelles de Katerina. Je lui donne les dernières informations et vais ensuite m'asseoir sur l'une des chaises de la salle.

— Viens t'asseoir sur la table, ma puce, le temps que je redessine le fameux aigle.

Hélia sourit à Sabine et je lève les yeux au ciel avant de prendre le carnet à croquis de son mari sur la table à tatouer. La brune s'installe sur celle-ci, qui est à côté de ma chaise, et je parcours les dessins rapidement.

Un immense dragon, le visage d'un Ange, des roses épineuse, une tête Égyptienne, Cerbère, et tant d'autres. Mais j'aime bien le dernier, Cerbère, le chien des Enfers à trois têtes.

Pendant que Sabine montre à Hélia l'aigle sur un calque, j'interpelle Joseph qui est un peu plus loin dans la pièce.

— Je veux celui-là, fais-je en lui montrant Cerbère.

— Où ça, mon grand ?

À côté de moi, j'entends la brune pouffer de rire face au surnom et je la gratifie d'un regard noir pour la calmer.

— À l'intérieur du bras, j'ai encore de la place.

Jo' met ses lunettes et prend son carnet puis il hoche la tête en s'en allant redessiner le croquis dans son bureau. Parfait, un nouveau tatouage sur ma peau ! Je regarde mon bras gauche au niveau du pli du coude où il n'y a aucune encre, du moins pour l'instant.

Tous mes tatouages sont les œuvres de Sabine et Joseph. Ils travaillaient déjà avec mon père et quand j'ai pris la relève, j'ai continué d'aller les voir.

Je relève mes yeux et vois Hélia s'attacher les cheveux pour que Sabine désinfecte sa peau avant de ne passer à la prochaine étape. Elle pose ensuite le calque et demande à la brune si l'emplacement lui plaît en lui montrant une photo.

Hélia médite quelques secondes avant de ne hocher la tête. De toute manière, elle n'a pas vraiment le choix.

— Je vais chercher tout ce qu'il faut et j'arrive, ma puce ! dit Sab' en repartant de la salle.

Il faut vraiment qu'elle arrête avec ce surnom. Je lance un œil à la brune qui fixe un point droit devant elle, puis je croise mes bras sur mon torse.

— La nuque est l'endroit le plus douloureux pour faire un tatouage, je déclare d'un coup.

C'est faux, c'est carrément la zone où c'est le moins sensible.

Hélia tourne sa tête vers moi, complètement paniquée, et je me retiens de rire mais son expression est trop drôle.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?!

Je lui fais seulement un sourire suffisant et la laisse stresser comme une folle, puis je me dirige vers la porte mais la voix apeurée d'Hélia m'arrête :

— Léo ! Attends ! Tu vas où ?

— Je me tire, j'ai un tatouage qui m'attend.

Ses yeux noisette me fixent et elle balbutie des mots incompréhensibles. Je lui ai peut-être fait un peu trop peur ?

C'est à ce moment où Joseph décide de revenir dans la pièce, suivie par sa femme. Cette dernière s'aperçoit immédiatement que quelque chose ne va pas en voyant la tête d'Hélia et elle s'empresse d'aller la voir. Je lève les yeux au ciel en les voyant. Putain et moi qui commençait à penser que j'en avais trop fait.

Je me tourne vers Jo' pour qu'il voit quelle taille doit faire mon tatouage sur le bras mais la voix accusatrice de sa femme me fait soupirer :

— Arrête de lui faire peur, Léo !

Je regarde la tatoueuse puis Hélia et son air satisfait, et reporte mon attention sur le dessin sans un mot. C'est vraiment une petite peste cette brunette. Le barbu à côté de moi toussote pour cacher son rire et je lui lance un regard complice. J'ai l'impression d'être un enfant qu'on sermonne après avoir embêté une petite fille.

— Laisse-moi le tatouer, Joseph, et on verra s'il fait toujours le malin après que je lui ai enfoncé mes aiguilles dans sa peau de mafieux ! continue Sabine dans son coin.

Mais Hélia la regarde avec de grands yeux, elle a sûrement peur des aiguilles, et Jo' éclate de rire pendant que je fixe sa femme qui installe son matériel pour tatouer.

De là où je suis, je vois Hélia prendre le croquis à dessin et le feuilleter lentement, puis Sabine lui dit qu'elle est prête et elle s'installe correctement sur la table à tatouage, qui ressemble plus à une table de massage qu'à autre chose.