Chapitre 32/

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Je m'écroule par terre, mes pleurs envahissent la pièce pourtant je n'entends que les battements irréguliers de mon cœur. Cette femme...elle ne se faisait jamais prendre par l'Aide Sociale ou la Protection de l'Enfance. C'était le Diable.

Je m'assois dos à l'un des meubles du dressing et rapproche mes jambes vers ma poitrine. Je me calme doucement, il faut que ma douleur s'atténue ou je vais devenir folle.

Il faut que je me relève. Que je sois forte. Si j'ai vécu avec ce passé et ces cicatrices jusque-là, je peux continuer. Je renifle en essuyant mes larmes et j'appuie ma tête contre le meuble derrière moi.

Cette tarée a réussi à foutre ma vie en l'air une fois mais elle ne gagnera pas une deuxième fois. Je ne suis plus sous son emprise. Je peux vivre, maintenant.

Quelqu'un toque à la porte et je tourne ma tête si vite que j'ai mal à la nuque. Je me relève sur les pieds en vacillant et prends le premier vêtement que je vois pour l'enfiler.

— Hélia ? fait la voix de Katerina.

J'ouvre la porte et vois ses yeux inquiets qui sondent mon visage. Elle a dû m'entendre pleurer. Ses yeux bleu clair me regardent toujours puis elle penche la tête, de la même manière que le fait Léo.

Je ne parle pas et la regarde simplement mais Katerina me prend dans ses bras sans un mot. Je ne résiste pas et me laisse faire. C'est...réconfortant. Je l'encercle de mes mains pendant qu'elle me touche tendrement les cheveux en silence. Je n'ai vraiment pas l'habitude des câlins.

Katerina ne fait pas de commentaire, elle devine en voyant mon expression fermée que je n'ai pas envie d'en parler. Elle me prend simplement par les épaules pour me conduire en dehors de ma chambre.

Elle me tient fermement tandis qu'on marche côte à côte dans un silence réconfortant. Je tourne le visage vers elle : on fait à peu près la même taille et je peux voir d'ici l'aigle tatoué derrière son oreille. Sa fille doit être heureuse d'avoir une mère comme elle.

Je donnerais n'importe quoi pour faire partie d'une famille aimante.



Après avoir mangé en compagnie de Katerina qui s'efforçait de me raconter des anecdotes pour me distraire, je reste assise sur l'une des chaises de la cuisine. Il y a quelques minutes, elle est partie répondre à un appel dans le salon, alors je regarde le paysage devant moi en silence.

— J'en ai ras le cul, tu le trouves et tu me l'amènes, fait le chef en entrant dans la cuisine.

Il me jette un regard puis continue sa discussion téléphonique bruyamment. Je soupire et lève les yeux au ciel en l'entendant jurer une fois de plus mais j'attire son attention malgré moi.

Léo marche en ma direction en serrant sa mâchoire et raccroche en un clin d'œil avant de se poster devant ma chaise, me surplombant de sa hauteur.

— Tu as un problème ? siffle-t-il.

Je le fixe, sans détourner les yeux face à son air sanguinaire, puis je l'ignore en ricanant : ce type pourrait chercher des problèmes même à un arbre.

Je me relève de ma chaise et le contourne tranquillement pour repartir de la cuisine mais je n'ai pas fait un pas que sa main atterrit sur mon épaule pour me retourner. Le chef me tire vers lui avec force puis me coince contre son torse, en un seul geste.

— Eh ! Mais ça ne va pas ? Laisse-moi tranquille ! je geins en essayant de me débattre.

Mais il tient fermement mes poignets en me faisant une clef de bras, alors je relève péniblement le visage vers lui en arrêtant de lutter. Ses yeux bleus se fixent aux miens mais mon regard divague sur sa mâchoire carré.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant