De retour à la maison, je lis mon livre sur le corps humain en profitant des derniers rayons de soleil de la journée. Personne n'est dans le salon, à part Katerina qui fait des allers-retours avec du linge dans les mains.
— Blue vient de me confirmer que ce sont ces putains d'Avorio qui nous ont volé ! fait une voix un peu plus loin.
Je tends l'oreille : je crois que c'est la voix de Colin.
— Bordel. Fait chier !
Un bruit de verre qui se casse dans le bureau du chef me fait sursauter.
— Merde ! Léo !
— Retrouve moi l'homme de main qui a fait ça, je vais lui trancher sa putain de gorge et envoyer sa tête par la poste.
Oh punaise. Je porte ma main à ma bouche en entendant le chef, puis je ferme les yeux : ce type est malade.
— Ne dis pas de connerie, on va tous les buter après avoir retrouvé cet enfoiré de meurtrier.
— Ça me rend fou, Col' ! Ce connard nous vole et je ne suis pas censé réagir ?!
— Je n'ai pas dit ça. On doit se concentrer sur le plus important pour le moment.
— Téléphone à tes gars et dis leur de me ramener un coupable, finit par dire le chef.
Le vent frais me fait frissonner et je m'enveloppe encore plus dans mon écharpe. Les grands arbres verts cachent presque le ciel nuageux, me faisant lever la tête vers celui-ci. Un oiseau y vole tranquillement.
Je me remets à marcher mais sans essayer de rattraper mon retard. Je suis toute seule, loin derrière les autres, mais j'arrive tout de même à voir Maddy dans les bras de Valentin, en train de sangloter.
Antoine n'a pas voulu venir... Est-ce que je le blâme pour ça ? Je n'en sais rien. Peut-être.
Mes yeux sont attirés vers le rassemblement des personnes un peu plus loin. Ils entourent le trou qui a été creusé et une douleur monstrueuse me lacère tout à coup ma poitrine en me coupant le souffle par la même occasion. Je me recroqueville sur moi-même, des larmes se déversent sur mes joues et je crie.
Un cri de douleur, presque sauvage, déchirant les airs pour ensuite laisser place à un silence glaçant.
Je sens les regards des personnes qui se retournent vers moi mais je ne me redresse pas. Je ne veux pas voir mes proches pleurer. Je ne veux pas voir mes amis se lamenter. Je ne veux pas voir la vérité : mon frère dans un cercueil.
Je me réveille en un sursaut, mes draps s'éparpillant autour de moi. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Je passe une main sur mon visage pour faire redescendre ma tension.
Je lâche un long soupir, de toute évidence je ne vais jamais réussir à dormir. Je me relève et regarde l'heure : il n'est pas loin de deux heures du matin, ils doivent tous être en train de dormir. Je descends les escaliers à pas de loup pour me rendre dans la cuisine me servir un peu d'eau.
Je remplis un verre puis décide d'aller m'installer devant la télé en enlevant le son. Je zappe jusqu'à voir un dessin animé et je m'enfonce confortablement dans les cousins pour me mettre à l'aise. Le salon fait un peur lorsqu'il fait tout noir, en plus je ne vois rien à travers les baies vitrées.
Je me reconcentre sur l'écran et termine mon eau mais au bout d'un moment mes yeux se ferment petit à petit et je m'allonge en prenant un cousin pour mettre sous ma tête avant de ne m'endormir pour de bon.
— Hélia, chuchote une voix rauque près de moi.
Je grogne en ignorant l'individu puis je me retourne vivement sur le matelas mais je me rappelle que je suis sur le canapé.
Oh merde.
J'ouvre la bouche pour étouffer un cri de surprise avant de ne tomber par terre mais des grandes mains viennent me rattraper avant le choc. Éloi se met à rire tandis que je reste sans bouger : la moitié de mon corps est sur le canapé alors que l'autre moitié est soutenu par le mafieux.
— Euh...merci d'être mon parachute, fais-je en me redressant.
Mon parachute ? Mais qu'est-ce que je raconte ?
— Prépare-toi pour ton entraînement. Aujourd'hui c'est combat rapproché.
Mon esprit ne comprend pas tout de suite l'information. Comment ça combat rapproché ? Je fronce les sourcils en regardant Éloi mais celui-ci est toujours accroupi à côté de moi. Mes yeux endormis rencontrent les siens et je reste un moment figé devant son regard marron.
Pourquoi est-ce qu'il est si proche ?
Je me recule et m'étire tranquillement, comme si je n'avais pas un entraînement intensif à faire ce matin.
Je descends la derrière marche de l'escalier du sous-sol, et je vois immédiatement le mafieux qui me fait signe de venir sur le tatami dans un coin de la pièce. Les vrais affaires vont commencer.
— Pour l'instant, commence-t-il, on va simuler un combat sans arme blanche. Donc juste avec des coups, OK ?
J'opine de la tête et je me mets en position de combat tout en le regardant fixement. Éloi me rend mon regard avec ses yeux marron et je suis un instant déstabilisée ; les souvenirs d'hier à la boutique de bijoux me reviennent.
Concentration Hélia !
Je secoue ma tête et vois que lui aussi pense à autre chose, alors je profite de ce moment pour me rapprocher mais Éloi en fait de même et sans le vouloir, je recule de deux pas.
Je me reprends et arrête de bouger. On attend que l'autre attaque en premier mais rien ne vient. Je commence petit à petit à perdre patience, alors j'essaie de lui toucher l'épaule gauche avec mon poing mais il se décale si rapidement que je ne le vois même pas faire.
Il ne m'attaque pas, me laissant reprendre mes esprits mais je feinte alors vers un côté pour le distraire. Ça a l'air de fonctionner, je balance donc ma jambe vers ses côtes mais le mafieux pose l'une de ses mains sur le bas de mon dos et exerce une pression qui me fait trébucher.
— Deux attaques et je ne suis toujours pas au sol, me fait-il remarquer.
Je plisse les yeux et souffle par le nez pour me reconcentrer mais il me fait un petit sourire victorieux. D'un côté il n'a pas tort, je l'attaque et il ne fait que se défendre. Je vais attendre qu'il m'attaque et parer son coup comme il le fait avec les miens.
Je me positionne de nouveau et attends patiemment qu'il daigne m'attaquer. Éloi remarque mon petit jeu assez rapidement puisque je vois un léger rictus sur ses lèvres mais finalement, il s'élance vers moi et m'envoie son poing gauche, mais pas assez fort pour me faire mal.
J'arrive à le dévier au dernier moment et lance ma jambe lorsque je vois une ouverture mais c'était trop beau pour être vrai. Éloi se décale pour éviter mon coup puis il attrape mon bras que j'avais laissé en l'air pendant mon attaque et le tire vers son torse.
Je viens m'écraser contre lui en criant mais il bloque ensuite mon corps en emprisonnant ma main derrière mon dos, me faisant une clef de bras.
Sa deuxième main est contre mes épaules pour me maintenir et je ne peux plus bouger parce que ma main de libre est entre nos deux corps. Mon cœur tambourine dans ma poitrine tandis que je continue de me débattre. Mais je sens Éloi ricaner alors j'arrête de bouger, c'est peine perdue. Je soupire d'énervement et il se penche vers mon oreille pour susurrer :
— N'oublie pas que tu me dois toujours l'argent de notre pari.
Je l'ignore et il me relâche après quelques secondes. Mais je sens que j'ai déjà les joues toutes rouges à cause de cette proximité.
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L'assassin de mon frère
ActionHélia vient de perde son frère, celui-ci a été mystérieusement tué lors d'un soir d'été. Anéantie, elle enquête sur la mort de Liam mais celui-ci semble être lié à des gens dangereux. Au milieu de tout ça, le sombre passé d'Hélia va refaire surface...