L'assassin de mon frère

Chapitre 78/

Aujourd'hui il n'y a qu'Éloi, Blue et moi à la maison. Tous les Hawk doivent travailler un peu plus qu'auparavant à cause de notre virée en Suisse et le fait qu'on doit être encore plus vigilant avec les Avorio.

Après le carnage en Italie hier, Léo n'a pas bougé de son bureau, ne laissant rentrer que Katerina une fois de temps en temps. Je pense qu'il s'en veut. Paolo voulait le piéger à ce moment-là mais à la place, il a pris la vie de plusieurs Hawk sans scrupule.

Mais dans tout ce malheur, les Hawk qu'avait envoyé Léo en espions chez les Avorio ont réussi à apercevoir Paolo durant un rassemblement. C'est déjà ça de gagné.

Tous les mafieux ont demandé à Léo s'il voulait de l'aide dans ses recherches mais ils ont dû se rendre à l'évidence : ils n'ont pas le temps.

Quant à moi, j'ai fouillé des tonnes de dossiers pendant deux jours avec Léo - pendant que les autres jonglaient entre ça et leurs responsabilités - qui lui aussi s'épuisait à cette tâche. Pendant la journée le chef réglait des choses dans son clan et la nuit il épluchait les feuilles pour trouver d'éventuelles informations.

— Hélia ! s'écrie une voix féminine depuis l'escalier.

Je me redresse instantanément sur le canapé et regarde Blue arriver vers moi dans sa belle combinaison fleurie.

— La Hawk qui s'occupe de communiquer à la presse va venir à la maison dans la journée.

Puis elle rajoute que Léo a décidé de défier Paolo pour qu'il sorte de sa cachette. On va donc faire comprendre à la presse que les Avorio sont des moins que rien, en blessant l'égo surdimensionné de Paolo pour qu'il se montre.

Je hoche ma tête lentement, ça peut fonctionner, surtout vu la façon dont est décrit Paolo. Apparemment il a une grande fierté de soi-même, il ne laissera pas Léo détruire son clan ou sa personne devant le monde entier. Il devra répliquer, donc se montrer.

Installée dans le jardin, je regarde ma montre ; la Hawk qui devra faire un communiqué à la presse est dans le salon avec Léo et Colin depuis une bonne heure déjà.

Quand elle est arrivée j'avais déjà le nez dans les dossiers avec Blue et je savais que si j'allais la saluer, je n'aurais plus le courage de retourner fouiller dans les classeurs.

Je me recule dans ma chaise en plastique et ferme les yeux en absorbant les rayons du soleil. Demain je vais voir Antoine dans le centre d'Edeny mais j'appréhende déjà sa réaction quand je vais devoir lui annoncer qu'on ne se reverra plus jamais.

— Tout va bien ? fait Blue en me sortant de mes pensées.

Je souris à mon amie en mettant une main en visière pour me protéger du soleil. On est que toutes les deux car Éloi et Félix sont allés chez des Hawk médecins pour qu'ils lui enlèvent ses points de suture sur la joue. Je croise mes doigts pour que mon ami ne garde pas une trop grosse cicatrice, même si on sait tous que sa plaie est énorme.

Quelques temps plus tard, Blue et moi décidons de rentrer dans la maison. J'entre à la suite de mon amie et je découvre alors la fameuse Hawk qui s'occupe de la presse : Amélia.

Je retiens un soupir puis voit les trois mafieux assis autour de la table du salon où des papiers sont éparpillés dessus. Je croise ensuite le regard de la Hawk qui se fige en m'apercevant à son tour.

— Hélia, grince la fausse rousse en se relevant de sa chaise.

— Amélia, quelle joie de te revoir.

Ma voix est froide et l'ironie est bien présente. Ma phrase suffit à faire retourner les deux mafieux vers nous mais je suis concentrée sur la jeune femme qui vient vers moi. Amélia me tend sa main délicate que je sers après un temps d'hésitation.

Elle doit faire à peu près cinq centimètres de plus que moi et ses yeux bleu foncé me transpercent avec amertume. Mais elle finit par se reculer et retourner près des garçons tandis que Blue se rapproche de moi pour me chuchoter à l'oreille :

— Vous ne vous appréciez pas ?

— Quand je l'ai rencontrée, elle m'a insultée en disant que je n'allais pas attirer l'attention des hommes en m'habillant comme je l'étais. Elle avait mis le paquet sur sa tenue alors qu'on était dimanche matin, tout ça parce qu'elle veut séduire Léo.

Blue et moi regardons ensuite Amélia qui touche l'épaule du chef en caressant son biceps, de haut en bas en le regardant par dessous ses cils.

— Punaise, jure Blue en mettant sa main devant son visage, je lui avais dit d'arrêter de tourner autour de mon frère. Cette fille est une vraie teigne.

Je souris à la Hawk en ricanant un peu ; ça fait du bien de voir qu'une autre personne ne l'apprécie pas non plus. Je vais ensuite chercher les dossiers que j'ai laissé dehors pour les ranger et Blue m'aide à tout rentrer, mais je la vois grincer des dents à chaque fois qu'Amélia s'adresse à Léo avec un ton mielleux.

Je lance un regard à mon amie qui mime les mots « je n'en peux plus » avec sa bouche et je ris en la voyant rouler des yeux. Sauf que j'attire l'attention des trois Hawk contre ma volonté, alors je leur fais un petit signe pour qu'ils continuent leur réunion.

— Pourquoi est-ce qu'on n'est pas allé dans ton bureau, Léo ? demande Amélia en soupirant.

Je sens son regard de vipère dans mon dos quand je referme la porte vitrée. Plus discrète, tu meurs.

— Trop de bazar, marmonne le chef avant de continuer leur conversation.

Blue me dit qu'elle va rejoindre Katerina à la cuisine tandis que j'attrape l'énorme paquet de dossier dans mes bras avant de me diriger vers le bureau de Léo pour tout stocker. Il aura un sacré rangement à faire.

Durant mon chemin périlleux jusqu'au couloir, Colin me propose son aide que je refuse gentiment puisque deux pas plus tard, j'arrive devant la porte du bureau qui est restée entrouverte.

J'avance lentement vers la grande table en bois mais mon pied glisse sur l'un des nombreux jouets de Nestora que Léo n'a toujours pas rangés. Je tombe dans un grand bruit, éparpillant les feuilles partout dans la pièce, mais je retiens un cri pour ne pas alerter les autres de ma chute.

Je reste allongée sur le sol pour comprendre ce qu'il vient de se passer et je regarde la pelleteuse miniature sur laquelle j'ai glissé. Je pousse un énorme soupir et je maudis le chef de ne pas ranger son fichu bureau. À cause de lui, je vais avoir un énorme bleu.

Je me redresse en me frottant le bas du dos et je rassemble en un tas approximatif les fiches des dossiers. Je laisserais Léo remette tout dans l'ordre. J'attrape une feuille qui est tombée sous l'un des fauteuils et la regarde rapidement sans grande attention mais je me stoppe dans mes mouvements en voyant le titre :

« Biens octroyés à Lyssa Casano. »

— Qu'est-ce que c'est cette histoire ?

Je commence à lire les quelques lignes qui énumèrent des biens plus chers les uns que les autres mais la liste se finit par une chose encore plus énorme : une maison.