Chapitre 9/

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Point de vue de : Hélia

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J'ouvre difficilement les yeux et la lumière du jour me brûle la rétine. Purée pourquoi je n'ai pas fermé mes volets ? Je me tourne face à mon oreiller pour me cacher du soleil mais mes vêtements inconfortables me coupent dans mes mouvements.

Soudain, les souvenirs d'hier me reviennent en tête : un type me colle un peu trop et je suis trop ivre pour m'apercevoir qu'il est louche.

Les yeux ouverts de frayeur, je me redresse immédiatement sur le lit. Mon lit. Je regarde la chambre et me rends compte que c'est la mienne. Je laisse ma tête atterrir violemment sur le matelas. Pourquoi j'ai été aussi compétitive avec Éloi ?

Je me lève doucement et me dirige alors vers la cuisine pour me faire un café avant ma douche. Je passe devant mon miroir et me vois, moi et mes cheveux tout emmêlés, ma robe qui s'est remontée pendant la nuit et mon maquillage bavant sur ma peau.

J'essaie de rattraper la catastrophe sur mon visage en riant de désespoir, puis je traverse le salon pour aller dans la cuisine. Mais quelque chose retient mon attention sur le canapé. Mon plaid est déplié sur toute sa longueur et je devine ensuite un corps en-dessous, avec une tête qui repose sur l'accoudoir.

Mon sang se glace et je ne peux que voir ce qu'il y a devant mes yeux : un homme dort sur mon canapé. Je reste immobile dans mon salon, le temps d'intégrer l'information, puis je m'appuie contre mon mur et me force à respirer lentement.

Il y a deux possibilités : soit c'est le type d'hier soir que j'ai ramené chez moi. Ou alors c'est un autre homme avec qui j'ai fini la soirée.

Aucun de ces deux cas ne me plaît.

Mais il faut que je sache à qui j'ai affaire... Je dois le réveiller. Les mains tremblantes, je m'approche de mon canapé puis me penche devant le visage du gars.

Une peau mate et des tatouages me font face : Éloi.

Je retiens un cri de surprise et pars dans ma cuisine sans faire de bruit. Je m'assois sur la première chaise que je trouve et recommence à respirer normalement.

Putain mais qu'est-ce qu'un Hawk fait chez moi ? Qu'est-ce que je fais ? J'appelle la police ? Mais les officiers sont peut-être corrompus ? Les Hawk contrôlent toute la ville ! Ils vont me tuer parce que je l'ai dénoncé ?

— OK Hélia respire, je chuchote à moi-même.

Après plusieurs minutes de totale incompréhension, je me relève de ma chaise pour retourner devant mon canapé. Il faut que je le réveille pour avoir mes réponses.

Je m'approche doucement de lui mais en arrivant devant ma table basse, j'aperçois son téléphone posé dessus.

Oh oh...

C'est peut-être la dernière fois que j'aurais une telle opportunité. J'attrape son mobile mais tombe directement sur un mot de passe. Qu'est-ce qu'un mafieux peut mettre comme mot de passe ?

Je tente quelques tentatives inutiles mais il faut que je me rende à l'évidence : il n'y a que dans les films où ils arrivent à deviner un mot de passe.

Je vois alors en bas de l'écran s'afficher : échec de l'identification.

Mon cerveau carbure et une idée fait surface, je regarde alors minutieusement le téléphone qui m'a l'air nouveau. Mon idée peut fonctionner. Je me tourne ensuite vers le corps endormi d'Éloi et mets le téléphone en face de son visage pendant quelques secondes.

Faites que ça marche...faites que ça marche...

Je regarde à nouveau l'écran et vois que je suis sur la page d'accueil. Mon visage s'illumine et je saute de joie en me félicitant silencieusement : le téléphone d'Éloi à bien la reconnaissance faciale !

J'observe quelques secondes son fond d'écran : un immense jardin rempli de verdure. Ça doit être un champ.

Sans perdre de temps, j'appuie sur l'icône messagerie et des conversations apparaissent. Je trouve la discussion de Colin en un rien de temps, puis je jette un œil à Éloi qui est toujours endormi.

Je remonte jusqu'aux messages que j'avais déjà vu et commence à lire rapidement les nouveaux mais malheureusement ils ne sont pas vraiment pertinents.

Alors que je commence à désespérer, des messages qui date d'hier soir retiennent mon attention :

COLIN : On se voit en ville demain.

MOI : Soyez sympa les mecs.

COLIN : C'est lui qui voit.

MOI : C'est pas de sa faute, Colin.

COLIN : Tu veux venir pour plaider sa cause ?

MOI : Ouais.

COLIN : Demain quinze heures, le tabac de la Place du Centre.

Je n'ai pas le temps d'en lire plus car Éloi bouge sur le canapé et je lâche son téléphone comme s'il m'avait brûlé.

Sans plus attendre, je me penche vers lui pour le réveiller en touchant son épaule. Ça semble fonctionner puisque ses yeux s'ouvrent et se fixent aux miens. Il est vraiment mignon.

Merde ! Je me déteste de penser ça ! C'est un mafieux, Hélia !

— Salut. Je...je vais préparer du café s-si tu veux, je bafouille en me redressant.

Je déguerpis du salon aussi vite que je peux et vais me réfugier dans ma cuisine. Je file préparer du café en priant pour qu'Éloi ne m'ait pas vu fouiller dans son téléphone. J'entends du bruit derrière moi, alors je me retourne avec les deux tasses à la main.

Éloi est dans l'encadrement de la porte, et murmure un remerciement quand je lui tends sa tasse remplie de café.

— Euh, je...me demandais si tu te...souvenais ? d'hier soir ?

Son visage passe de l'étonnement aux rires. Je soupire et attends qu'il se calme un peu puis je croise les bras sur ma poitrine en lui jetant un mauvais regard.

— Tu ne te souviens pas d'hier ? Donc tu ne sais pas ce que je fais chez toi ? fait-il en s'adossant contre le mur.

Je secoue la tête. J'ai super honte mais je n'avouerais jamais que ses shots étaient de trop.

— Un mauvais type voulait te ramener chez lui, alors je l'ai fait partir. Ensuite tu...tes amis n'étaient plus là donc j'ai dû te ramener chez toi.

Super les amis.

— Et...tu as failli vomir.

— Oh mon Dieu...la honte..., je murmure en fermant les yeux.

— Du coup, je me suis permis de rentrer pour te border mais j'avais peur que tu sois encore plus malade, alors j'ai attendu que tu ailles mieux sur ton canapé...et...j'ai dû m'endormir. Désolé.

Éloi part quelques minutes après avoir bu son café, l'ambiance était étrange mais ni lui, ni moi ne sommes revenus sur son appartenance au clan.

Je file à la douche et le jet d'eau sur mon corps me détend mais une idée pointe le bout de son nez. Les messages de Colin disaient qu'il allait retrouver quelqu'un, aujourd'hui à quinze heures dans le centre.

J'ai justement une course à faire dans ce quartier ! Quel hasard ! Peut-être que cette personne sera plus disposée à répondre à mes questions.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant